Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
J’ouvre un œil, et je vois le diable qui rengainait sa
rapière. Je lui crie : Monsir ! – Il me regarde, et
dit : Pauvre diable ! Il ne veut pas mourir. – Non, je ne
veux pas mourir ! Sauve-moi, monsir ! – Camarades
épargnez-le, c’est triste de tuer un blessé. – Non, non !
qu’il crève – Et moi, je veux qu’on l’épargne ! – Et nous
pas ! – Tudieu ! crie l’enragé. Et le voilà qui tire sa
rapière, qui se place devant moi. Et les voilà qui reculent. Lui,
alors, me donne à boire, me porte dans sa tente, lave mes
blessures, me soigne et me guérit. Et je n’ai plus voulu le
quitter ! Et c’était Le Royal de Beaurevers ! C’est ainsi
que j’ai fait sa connaissance. À sa santé !
    Bouracan saisit l’outre, la souleva, et
but.
    – Moi, dit alors Strapafar, un soir, près
de la grande halle, je me trouve nez à nez avec un dizainier du
guet. Il me reconnaît. Je veux fuir. Sa bande me tombe dessus, et
je suis traîné vers le gibet du pilori de la halle, déjà, on me
passait le nœud coulant, mais voilà quelque chose qui tombe sur les
archers, quelque chose comme le mistral, té ! Je regarde à
gauche : je vois un des archers, les quatre fers en l’air. Je
regarde à droite, et j’en vois un autre qui piquait une tête dans
le ruisseau. Deux autres tombent. Le reste s’enfuit. Et me voilà
délivré. Et c’était Le Royal de Beaurevers. C’est ainsi que j’ai
fait sa connaissance. À sa santé, vé !
    Strapafar soulagea l’outre d’une demi-pinte,
et alla jeter un regard sur Le Royal qui murmurait :
    – 
Qui suis-je ?… Et que
suis-je ?…
    – Il a le cauchemar, dit Strapafar en
rejoignant la compagnie.
    – Moi, dit Trinquemaille, par une
certaine après-midi, j’entrai à Saint-Eustache pour y prier le
grand saint Pancrace. Je venais de voir pénétrer dans l’église une
respectable chrétienne dont l’escarcelle m’avait semblé gonflée.
J’entre. Et je vois la dame qui, justement, s’agenouille devant la
chapelle de saint Pancrace ; je m’approche, je la regarde, et
je me dis : c’est là Marie de Croixmart !
    – La fille du grand juge que nous avons
occis en place de Grève ! grogna Corpodibale. La
dénonciatrice.
    – Oui. C’était elle ou son esprit. Je
m’approche donc, je lui coupe les cordons de son escarcelle, et
j’allais fuir, quand je l’entends qui me dit : « Mon ami,
ce sont les pauvres que vous volez. » Elle avait tout
vu ! Et c’était la première fois que j’étais pris ainsi la
main au sac, preuve que cette femme a du sang de guetteuse dans les
veines. J’allais me retirer, lorsque j’entends une voix qui
vocifère : « Au coupe-bourse !… » C’était le
bedeau. Dix, vingt, trente coquins qui priaient, me veulent saisir.
Je fuis. Derrière moi, les vociférations deviennent clameur. Je
franchis des murs, je dévale une pente, je me vois sur les berges
de la Seine et, voyant la meute sur moi, je me jette à l’eau. Or,
je ne sais pas nager, moi ! Je me sentais couler : dans
ce moment, j’entendis quelqu’un sur la berge qui criait :
« Le pauvre bougre ! Il va se noyer ! » En même
temps, je vis le quelqu’un piquer dans le fleuve et venir à
moi ; il me saisit, me soutient, me tire, et me dépose sur
l’autre berge, à l’abri de la meute. J’étais sauvé ! Et qui
m’avait tiré du fleuve ? C’était Le Royal de
Beaurevers !
    Puis il alla voir Le Royal qui
murmurait :
    – 
Ai-je un père, moi ?…
Ah ! mon père

    – Il prie ! dit Trinquemaille en
revenant. Il dit : Notre Père…
    – Io, dit alors Corpodibale, io fus,
voici deux ans, exposé au pilori du Trahoir, et j’y restai trois
jours sans boire ni manger. Vous le savez, ce pilori est à fleur de
terre. Le quartier s’en donnait à cœur joie. J’étais couvert
d’ordures. Je crevais de soif. Et, tout autour de moi, je ne voyais
que visages convulsés par l’insulte, je n’entendais que
ricanements. Le soir du premier jour, voilà tout à coup une bande
qui s’en vient à moi. L’un me tire les cheveux, l’autre me pique de
sa dague. Je me sentais crever. « Le premier qui touche encore
à ce pauvre bougre, je l’éventre !… » Voilà ce que
j’entendis. Je parvins à lever la tête. Et je le vis, cognant,
nettoyant la place ! Quand la place fut nettoyée, il me donna
à boire, puis à manger. Toute la nuit, puis tout le lendemain, puis
le jour d’après, il resta là. Plus de

Weitere Kostenlose Bücher