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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Mais il la fixa d’un regard de
défi.
    – Partez, dit-elle d’une voix qui
tremblait un peu. Le chemin est libre. Venez. Je vous conduirai
jusqu’à la rue.
    Il eut un ricanement et haleta :
    – Songez que vous donnez la liberté à
cinq truands.
    – Dans quelques minutes il sera trop
tard, fit-elle.
    – Songez que je vais recommencer demain
cette besogne que vous dites horrible, reprit-il.
    – Hâtez-vous, répondit-elle. Oh !
hâtez-vous, si vous ne voulez que je sois surprise ici, et que j’en
meure de honte.
    Il étouffa un rugissement : cette petite
fille lui disait de ces choses qui l’écrasaient d’humiliation.
    – Par le ciel ! Je suis là qui ne
songe qu’à moi !…
    Et il bondit jusqu’aux quatre malandrins qui
ronflaient.
    – Debout ! Hors d’ici !
Vite ! Tudieu ! Cornes du diable !
    Ils ne bronchaient pas.
    Le Royal les souleva l’un après l’autre :
ils retombèrent.
    – Strapafar ! râla Le Royal lançant
des soufflets au Gascon.
    – Au diable les mouches ! murmura
Strapafar anéanti.
    – Corpodibale ! haleta Le Royal
piquant l’Italien.
    – Carlina ! se mit à rire
Corpodibale, tu me chatouilles !…
    – Trinquemaille ! fit Le Royal,
frappant le crâne du Parisien.
    – Il pleut ! grommela Trinquemaille.
Il pleut du vin. Nous sommes à l’auberge… à l’auberge… de la
Mort !…
    – L’auberge de la Mort ! murmura Le
Royal, le cœur désespéré. Oui ! Et nous y crèverons tous.
    Il marcha droit à Florise qui venait à
lui.
    – Je reste, dit-il froidement. Regagnez
vos appartements avant que votre absence ne soit remarquée…
    – Vous restez !…
Pourquoi ?…
    – Mes compagnons ne peuvent me suivre. On
peut prévoir les cordes du grand prévôt, mais non son vin.
    – Vous restez ! répéta-t-elle
effarée. C’est la mort !
    – La mort, soit. Mais non la lâcheté. Nul
ne pourra dire que j’ai fui en abandonnant mes compagnons.
Adieu.
    Elle le regarda. Et elle vit sa flamboyante
résolution. Elle comprit qu’aucune parole ne le détournerait.
    – Il va mourir ! balbutia-t-elle au
fond d’elle-même.
    Et si, dans cette suprême minute, elle avait
pu lire dans son propre cœur, ce qu’elle y avait trouvé, ce n’était
pas de la pitié, c’était une fierté de le trouver si brave et si
hautain devant la mort.
    Elle comprit que si elle essayait de parler,
elle éclaterait en sanglots. Elle se retira lentement. Et Le Royal
avait envie de l’insulter ; l’attitude de cette fille du grand
prévôt lui était une insupportable humiliation. Brusquement, au
moment où elle allait franchir la porte, il s’abattit sur les
genoux, et râla :
    – Quand je mourrai, je prononcerai votre
nom, et la mort me sera douce…
    Elle s’arrêta, le cœur dilaté à se rompre, si
profondément, heureuse que toute sa vie, jusqu’à cette minute, lui
apparut absurde. À cet instant, son regard, au fond de la galerie,
un homme qui était là, immobile, qui regardait, qui
écoutait !… Son père !
    Dans un éclair, Florise entrevit la redoutable
péripétie : le grand prévôt aux prises avec le truand !
Et d’un geste prompt, elle ferma sur elle la porte qui la sépara de
Beaurevers… Roncherolles s’avança, poussa les verrous de la porte,
puis, d’une voix blanche :
    – Venez, dit-il.
    *
    *
*
    Combien de jours, de nuits qu’ils étaient dans
ces caves ? Trinquemaille comptait le temps par barils. Dans
l’un des caveaux, ils en avaient découvert quelques autres. Il
disait : « Encore un baril de passé. » Les jambons
touchaient à leur fin. Quant aux saucissons, il n’en était plus
question. En somme, ils vivaient. Ils s’étaient accoutumés aux
ténèbres. Quant à Beaurevers, il y voyait là nuit comme en plein
jour.
    Le Royal, cent fois par jour, allait écouter à
la porte de chêne. Puis il revenait en grondant :
    – Elle ne reviendra pas. Elle a eu une
minute de pitié. Puis cela s’est effacé de son cœur. C’est bien la
fille du grand prévôt… Car, de par l’enfer, puisque le Roncherolles
ne nous a pas fait tuer encore, elle aurait le temps et l’occasion
de revenir… Mais que nous réserve le grand prévôt ?…
    Ces idées étaient naturelles puisqu’il n’avait
pas aperçu Roncherolles à l’instant où Florise avait fermé la
porte. Le moment vint où le dernier baril fut vidé.
    – Nous sommes encore vivants, dit Le
Royal, parce que le grand prévôt a daigné choisir

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