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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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vérité.
    – Sire, dit Nostradamus, je vois
l’avenir, aussi vrai que la terre tourne autour du
soleil !
    – Comment ! ricana Saint-André.
C’est la terre qui tourne autour du soleil, maintenant ? Voilà
du nouveau !
    – Monsieur le maréchal, dit Nostradamus,
si, comme moi, vous aviez lu Coppernicus [17] , vous
sauriez sans avoir recours à la magie que le soleil est le centre
de notre monde, que la terre tourne sur elle-même, et qu’elle
accomplit son orbe autour du soleil en un an ; que Jupiter…
Mais je ne veux pas ce soir vous entraîner dans la marche des
mondes. Cette terre et ces insectes qui se traînent à sa surface
seront un suffisant spectacle. Et, puisque je regarde un de ces
insectes, vous, maréchal, je vous dis : « Prenez
garde ! Je vous vois couvert de sang parce que vous êtes
couvert d’or ! »
    Saint-André se recula tout effaré.
    – Et moi, reprit Henri, ne me direz-vous
rien pour me consoler des ennuis, des chagrins qui me
dévorent ?
    – Non, sire, je ne vous dirai rien,
à
vous !
    – Ah ! vous parlerez, monsieur, ou
je croirai…
    – Vous parlez de chagrins et
d’ennuis ! Jamais homme, au contraire, ne fut plus favorisé
par la fortune.
    Un silence frémissant pesait sur cette foule
qui n’avait entendu personne, pas même les princes du sang, parler
ainsi au roi.
    – Et que seriez-vous, poursuivit
Nostradamus, si la fortune ne vous avait conduit jusqu’au
trône ? Un personnage puissant, certes. Mais, surveillé, épié…
frappé peut-être depuis longtemps… Enfin, au lieu d’être le roi,
vous ne seriez que le frère du roi !…
    On entendit un faible gémissement. Et
Catherine seule s’aperçut que ce gémissement, c’était le roi qui
l’avait poussé.
    – Car enfin, sire, continua Nostradamus,
vous n’étiez pas le dauphin ! Le dauphin, c’était votre frère
François ! Plus fort, plus vivant que vous, ce frère semblait
destiné à vivre un siècle. Or, votre frère arrive à Tournon, plein
de santé. Une petite fièvre se déclare. Voici la petite fièvre qui
accomplit son œuvre. Vous devenez dauphin ! C’est vous que le
destin marque au front pour régner ! Ah ! sire !
vous êtes ingrat envers le destin.
    – Misérable ! râla le roi livide,
oses-tu bien insinuer que j’ai dû me réjouir de la mort de mon
bien-aimé frère !…
    – Oh ! non, sire ! Non, de par
Dieu ! J’atteste au contraire devant tous, j’affirme, moi qui
lis à livre ouvert dans votre cœur, que la mort de votre frère est
le deuil incurable de votre vie !… D’autres eussent oublié
déjà ! Mais vous, sire, j’atteste que vous portez royalement
votre douleur ! J’atteste qu’au sein même des fêtes, votre
pensée se reporte vers Tournon ! J’atteste que la nuit, votre
frère vient se pencher sur vous et que vous mêlez vos larmes à
celles du fantôme. Oh ! vous êtes un bon frère ! Jamais
vous n’oublierez !…
    Henri II leva sur Nostradamus un regard
vitreux. Chose terrible, il sembla que ce regard demandait
grâce.
    – Pour Dieu, Henri ! murmura
Catherine à son oreille, soyez fort ! Ou, de par Notre-Dame
votre propre cour va se dresser devant vous pour vous chasser du
Louvre !
    Ces paroles cinglèrent le roi. Il réussit à
sourire.
    – Allons, dit-il, je vois que vous avez
bien lu dans mon cœur qui portera toujours un deuil incurable.
    – Maître, dit à ce moment le duc de Guise
d’un ton goguenard, je voudrais bien, moi aussi, savoir ma bonne
aventure !
    – Seigneur duc, on vous surnomme Le
Balafré !
    – Je m’en vante ! Ma balafre est
visible, je pense !
    – Pas aux yeux de tous, duc ! Votre
balafre, je la vois là, un peu au-dessous de l’épaule. Elle est
profonde. Vous êtes étendu sur l’herbe, et vous mourez, désespéré
de voir à cette minute que jamais les merlettes de Lorraine ne
porteront leur vol aussi haut que vous l’espériez !
    – Silence ! gronda le duc de Guise à
demi-voix.
    – Et moi ! Et moi ! s’écria
Marie Stuart. Nostradamus s’inclina, et, avec une ineffable
douceur :
    – Madame, vous aimez la France, restez-y.
Si vous retournez en Écosse, évitez l’Angleterre ! Prenez
garde à une femme jalouse. Vous aussi, je vous vois rouge de
sang !…
    Marie Stuart pâlit. Mais elle se prit à rire
en disant :
    – Vraiment, messire, vous nous feriez
presque peur, si nous ne savions qu’un voile impénétrable couvre
nos destinées futures. Car enfin,

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