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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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voix
désespérée du renoncement suprême, daigne Votre Majesté m’autoriser
à lui présenter ma fille, fiancée au très noble vicomte Roland
d’Albon de Saint-André. Plaise au roi de consentir à cette
union.
    – Approchez, vicomte ! dit le roi
d’un accent intraduisible de menace. Mademoiselle, je suis heureux
d’accorder à votre père l’autorisation qu’il demande. Je donnerai à
votre époux une charge qui sera le témoignage de ma confiance. Et
quant à vous, je veux vous doter. Allez, messieurs, et que ce
mariage se fasse au plus tôt.
    Henri II se tut – peut-être parce qu’il
se sentait à bout de forces. À ce moment, Florise
murmura :
    – Sire…
    Elle ne put en dire davantage, et s’affaissa
dans les bras du grand-prévôt, qui l’emporta jusqu’à son
carrosse.

V – PRÉDICTION
    Lorsque l’émotion soulevée par ce dernier
incident se fut calmée. Brusquet s’écria :
    – Ah ! çà, Henri, nous feras-tu dire
la bonne aventure par le grand Nostradamus, venu tout exprès de
l’Arabie. Valois, je veux Nostradamus, moi ! Qu’on me donne du
Nostradamus !…
    Le roi lança un coup d’œil à Saint-André pour
lui rappeler ce qui était convenu au sujet du sorcier. Le bouffon
surprit ce coup d’œil : c’était une condamnation à mort. Il
s’avança en gambadant au-devant de Nostradamus et, exécutant devant
lui une culbute :
    – Tenez-vous bien ! murmura-t-il. Le
roi vous veut la malemort. Et je ne voudrais pas qu’on vous fasse
du mal.
    – Merci, monsieur Brusquet, dit
Nostradamus. Sire, je remercie votre ambassadeur qui me prévient
que vous me mandez.
    Aussitôt la foule reflua vers le fauteuil
royal et il se fit autour du sorcier un grand cercle d’ardente
curiosité.
    – Monsieur, dit rudement Henri II,
puisque vous prétendez tout savoir, dites-nous ce qui vous arrivera
à vous-même dans les huit jours qui vont suivre ?
    – Impossible ! répondit Nostradamus
le cœur contracté.
    – Ah ! ah ! murmura-t-on tout
autour. Déjà pris au piège !
    – Sire, continua Nostradamus, je puis
lire dans la destinée des autres, mais
la mienne m’est
voilée.
Mille fois, j’ai essayé :
jamais je n’ai
réussi.
C’est une faiblesse.
Je m’ignore dans mon
avenir.
C’est terrible. Figurez-vous, sire, que vous y voyez
très clair autour de vous
et que vous devenez
aveugle
dès que vous voulez vous regarder vous-même dans un
miroir.
Si j’avais des parents, un fils, une femme, un père,
il me serait également interdit de pénétrer leur avenir.
Ma
science s’arrête au seuil de ma propre famille. Heureusement je
suis seul au monde.
    – Ainsi, votre science ne peut
s’appliquer à vous-même, ni à aucun des vôtres au cas où vous
auriez des parents ?
    – C’est vrai, répondit Nostradamus dont
cette étrange déclaration était parfaitement sincère. Pour le
reste, vous pouvez m’interroger.
    – Soit. Ai-je des amis ici ?
    – Oui, sire, vous avez un ami. Votre
bouffon.
    L’attention était si intense, que cette
réponse ne provoqua aucune protestation dans la foule des
courtisans.
    – Ai-je des ennemis ici ? reprit
Henri.
    – Au moins un, sire. Qui vous tuera, si
vous ne le tuez.
    Montgomery devint livide. Guise se recula de
quelques pas.
    – Monsieur, gronda le roi, je vous somme
de le nommer.
    – Je ne vous ai pas dit que je le
connaisse. Mais il y a ici en ce moment, près de vous, un ennemi
qui donnerait jusqu’à la dernière goutte de son sang pour vous
tuer.
    Le roi jeta dans le cercle des courtisans un
long regard sanglant. Ce regard bondissait de l’un à l’autre.
    – Tenez, sire, ne cherchez pas, reprit
Nostradamus. Vous êtes dans la main du destin. Lors même que vous
enverriez à l’échafaud tout ce qu’il y a de personnes ici
présentes, l’ennemi dont je parle vous courbera sous sa main
puissante. Il vous pulvérisera, tout roi que vous êtes…
    – Nommez-le ! Nommez-le ! râla
Henri, terrifié.
    – Impossible. Ce soir, du moins !
Mais je vous le nommerai quand l’heure sera venue. Je vous le
jure !
    – Et cette heure ! bégaya le
roi.
    – Ce sera mon heure, non la vôtre !
Ne cherchez pas à soulever le voile de l’invisible qui consume les
imprudents qui osent s’en approcher.
    – Dieu me damne ! Vous et vos
pareils ne parlez que par mystérieuses paroles pouvant s’appliquer
à tout ce qui peut arriver, en sorte que, parfois, vous semblez
avoir prédit une

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