Odyssée
s'entre-tuent, les Akhaiens pour le défendre, et les Troiens pour l'entraîner vers Ilios battue des vents. Et l'illustre Hektôr espère surtout l'entraîner, et il veut mettre, après l'avoir coupée, la tête de Patroklos au bout d'un pieu. Lève-toi ; ne reste pas plus longtemps inerte, et que la honte te saisisse en songeant à Patroklos devenu le jouet des chiens troiens. Ce serait un opprobre pour toi, si son cadavre était souillé.
Et le divin et rapide Akhilleus lui dit:
- Déesse Iris, qui d'entre les Dieux t'a envoyée vers moi ?
Et la rapide Iris aux pieds aériens lui répondit:
- Hèrè, la glorieuse épouse de Zeus, m'a envoyée ; et le sublime Kronide et tous les Immortels qui habitent l'Olympos neigeux l'ignorent.
Et Aklilleus aux pieds rapides, lui répondant, parla ainsi :
- Comment irais-je au combat, puisqu'ils ont mes armes ? Ma mère bien-aimée me le défend, avant que je l'aie vue, de mes yeux, reparaître avec de belles armes venant de Hèphaistos. Je ne puis revêtir celles d'aucun autre guerrier, sauf le boucher d'Aias Télamôniade ; mais il combat sans doute aux premiers rangs, tuant les ennemis, de sa lance, autour du cadavre de Patroklos.
Et la rapide Iris aux pieds aériens lui répondit:
- Certes, nous savons que tes belles armes te sont enlevées ; mais, tel que te voilà, apparais aux Troiens sur le bord du fossé ; et ils reculeront épouvantés, et les braves fils des Akhaiens respireront. Il ne s'agit que de respirer un moment.
Ayant ainsi parlé, la rapide Iris disparut. Et Akhilleus cher à Zeus se leva ; et, sur ses robustes épaules, Athènè mit l'Aigide frangée ; et la grande Déesse ceignit la tête du héros d'une nuée d'or sur laquelle elle alluma une flamme resplendissante. De même, dans une île lointaine, la fumée monte vers l'Aithèr, du milieu d'une ville assiégée. Tout le jour, les citoyens ont combattu avec fureur hors de la ville; mais, au déclin de Hélios, ils allument des feux ardents dont la splendeur monte dans l'air, et sera peut-être vue des peuples voisins qui viendront sur leurs nefs les délivrer d'Arès. Ainsi, une haute clarté montait de la tête d'Akhilleus jusque dans l'Aithèr. Et il s'arrêta sur le bord du fossé, sans se mêler aux Akhaiens, car il obéissait à l'ordre prudent de sa mère. Là, debout, il poussa un cri, et Pallas Athènè cria aussi, et un immense tumulte s'éleva parmi les Troiens. Et l'illustre voix de l'Aiakide était semblable au son strident de la trompette, autour d'une ville assiégée par des ennemis acharnés.
Et, dès que les Troiens eurent entendu la voix d'airain de l'Aiakide, ils frémirent tous ; et les chevaux aux belles crinières tournèrent les chars, car ils pressentaient des malheurs, et leurs conducteurs furent épouvantés quand ils virent cette flamme infatigable et horrible qui br˚lait sur la tête du magnanime Pèléiôn et que nourrissait la déesse aux yeux clairs Athènè. Et, trois fois, sur le bord du fossé, le divin Akhilleus cria, et, trois fois, les Troiens furent bouleversés, et les illustres Alliés ; et douze des plus braves périrent au milieu de leurs chars et de leurs lances.
Mais les Akhaiens, emportant avec ardeur Patroklos hors des traits, le déposèrent sur un lit. Et ses chers compagnons pleuraient autour, et, avec eux, marchait Akhilleus aux pieds rapides. Et il versait de chaudes larmes, voyant son cher compagnon couché dans le cercueil, percé par l'airain aigu, lui qu'il avait envoyé au combat avec ses chevaux et son char, et qu'il ne devait point revoir vivant.
Et la vénérable Hèrè aux yeux de boeuf commanda à l'infatigable Hélios de retourner aux sources d'Okéanos, et Hélios disparut à regret ; et les divins Akhaiens mirent fin à la mêlée violente et à la guerre lamentable.
Et les Troiens, abandonnant aussi le rude combat, délièrent les chevaux rapides, et s'assemblèrent pour l'agora, avant le repas. Et l'agora les vit debout, aucun ne voulant s'asseoir, car la terreur les tenait depuis qu'Akhilleus avait reparu, lui qui, depuis longtemps, ne se mêlait plus au combat. Et le sage Polydamas Panthoide commença de parler. Et seul il voyait le passé et l'avenir. Et c'était le compagnon de Hektôr, étant né la même nuit; mais il le surpassait en sagesse, autant que Hektôr l'emportait en courage. Plein de prudence, il leur dit dans l'agora :
- Amis, délibérez m˚rement. Je conseille de marcher vers la Ville, et de ne point
Weitere Kostenlose Bücher