Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
Bassano.
Le général Vaubois, avec sa division, marcha aussitôt à la poursuite des ennemis. Son arrière-garde s'était retranchée à Lavis, derrière la rivière de Laviso, et gardait le débouché du pont, qu'il fallait cependant passer. Le général Dallemagne, à la tête de la vingt-cinquième demi-brigade, passe, non sans beaucoup de peine, sous le feu de l'ennemi, retranché dans le village, et le général Murat passe au gué à la tête d'un détachement du dixième de chasseurs, portant un nombre égal de fantassins pour poursuivre l'ennemi.
L'adjudant-général Leclerc, avec trois chasseurs et le citoyen Desaix, chef de brigade des Allobroges, accompagné de douze carabiniers ou grenadiers, étaient parvenus à tourner l'ennemi, et s'étaient embusqués à une demi-lieue en avant ; la cavalerie, se sauvant au galop, se trouve tout d'un coup arrêtée ; l'adjudant-général Leclerc est légèrement blessé de quelques coups de sabre. Ses ennemis cherchent à s'ouvrir un passage ; mais les douze carabiniers, secondés des trois chasseurs, croisent leurs baïonnettes et forment un rempart inexpugnable.
La nuit était déjà obscure : cent hussards ennemis sont pris, ainsi qu'un étendard du régiment de Wurmser.
BONAPARTE.
Au quartier-général de Cismone, le 22 fructidor an 4 (8 septembre 1796).
Au directoire exécutif.
Citoyens directeurs,
Je vous ai rendu compte du combat de Serravalle, de la bataille de Roveredo : j'ai à vous rendre compte du passage des gorges de la Brenta.
La division du général Augereau s'est rendue le 20 à Borgo du val de Lugana par Martillo et Val-Laiva ; la division du général Masséna s'y est également rendue par Trente et Levico.
Le 21 au matin, l'infanterie légère faisant l'avant-garde du général Augereau, commandée par le général Lannes, rencontra l'ennemi, qui s'est retranché dans le village de Primolo, la gauche appuyée à la Brenta, et la droite à des gorges à pic. Le général Augereau fait sur-le-champ ses dispositions ; la brave cinquième demi-brigade d'infanterie légère attaque l'ennemi en tirailleurs ; la quatrième demi-brigade d'infanterie de bataille, en colonne serrée et par bataillon, marche droit à l'ennemi, protégée par le feu de l'artillerie légère : le village est emporté.
Mais l'ennemi se rallie dans le petit fort de Cavivo, qui barrait le chemin, et au milieu duquel il fallait passer ; la cinquième demi-brigade légère gagne la gauche du fort et établit une vive fusillade dans le temps où deux ou trois cents hommes passent la Brenta, gagnent les hauteurs de droite, et menacent de tomber sur les derrières de la colonne. Après une résistance assez vive, l'ennemi évacue ce poste ; le cinquième régiment de dragons, auquel j'ai fait restituer ses fusils, soutenu par un détachement du dixième régiment de chasseurs, se met à sa poursuite, atteint la tête de la colonne, qui, par ce moyen, se trouve toute prisonnière.
Nous avons pris dix pièces de canon, quinze caissons, huit drapeaux et fait quatre mille prisonniers.
La nuit et les fatigues des marches forcées et des combats continuels que nos troupes ont soutenus, m'ont décidé à passer la nuit à Cismone ; demain matin, nous traverserons le reste des gorges de la Brenta.
Les citoyens Stock, capitaine au premier bataillon de la cinquième demi-brigade d'infanterie légère ; Milhaud, chef de brigade du cinquième régiment de dragons ; Lauvin, adjudant, sous-lieutenant du même régiment ; Duroc, capitaine d'artillerie, qui a eu son cheval tué sous lui ; Julien, aide-de-camp du général Saint-Hilaire ; le frère du général Augereau et son aide-de-camp, se sont particulièrement distingués. L'ardeur du soldat est égale à celle des généraux et des officiers ; il est cependant des traits de courage qui méritent d'être recueillis par l'historien, et que je vous ferai connaître.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Bassano, le 22 fructidor an 4 (8 septembre 1796).
Au directoire exécutif.
Citoyens directeurs,
Je vous ai rendu compte de la marche de l'armée d'Italie sur Trente et du passage des gorges de la Brenta. Cette marche rapide et inattendue de vingt lieues en deux jours, a déconcerté entièrement l'ennemi, qui croyait que nous nous rendrions droit sur Inspruck ; et avait en conséquence envoyé une colonne sur Verone pour menacer cette place, et nous faire craindre pour nos derrières. Wurmser voulait nous couper, et il
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