Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
s'il est possible que je résiste cet hiver à l'empereur, qui aura cinquante mille hommes dans six semaines.
J'ai demandé au commissaire du gouvernement de me faire passer la quarantième demi-brigade qui est à Lyon ; j'ai ordonné que l'on me fasse passer la quatre-vingt-troisième, qui est à Marseille, et le dixième bataillon de l'Ain, qui est à Toulon, et qui doit être incorporé dans nos cadres. Ces deux demi-brigades, si elles arrivent, forment quatre mille cinq cents hommes.
Le général Willot a mal à propos retenu la onzième demi-brigade, forte de quatre cents hommes, et que le général Châteauneuf-Randon envoyait ici. Ajoutez à ce nombre le dixième bataillon de l'Ain, fort de cinq cents hommes, qui est à Nice, cela fait neuf cents hommes des six mille que ce général devait envoyer.
Renouvelez les ordres au général Châteauneuf-Randon ; ordonnez le départ de la quarantième, qui est à Lyon, et de la quatre-vingt-septième, qui est à Marseille ; faites-nous passer quinze mille hommes de ceux qui sont à portée ; mais calculez que, sur quatre mille hommes que vous envoyez, il n'en arrivera que la moitié.
Songez qu'il faut que vous ayez en Italie, pour pouvoir vous soutenir pendant l'hiver, trente-cinq mille hommes d'infanterie à l'armée d'observation et dix-huit mille hommes d'infanterie à l'armée de siège, pour faire face à l'empereur. Ces deux forces réunies font cinquante-trois mille hommes, il en existe dans ce moment vingt-sept. Supposez que la saison étant meilleure, il nous rentre trois mille malades, quoique les pluies d'automne nous en donnent beaucoup, il resterait vingt-trois mille hommes à nous envoyer.
J'espère avoir, avant un mois, si par des courriers extraordinaires vous confirmez mes ordres et mes réquisitions, huit mille hommes, tirés des garnisons du midi.
Il faut donc encore quinze mille hommes. Si vous les faites partir de Paris ou des environs, ils pourront arriver dans le courant de décembre ; mais il faut qu'ils aient les ordres de suite. Si vous avez des dépôts, envoyez-nous-en de même pour encadrer dans nos corps.
Il nous faudrait encore quinze cents hommes de cavalerie légère ou des dragons : par exemple, le quatorzième régiment de chasseurs. Il faudrait huit cents canonniers pour le siège de Mantoue, dix officiers du génie, et quelques officiers supérieurs d'artillerie pour le même siège.
Il nous faudrait de plus quinze cents charretiers, organisés en brigades, ayant leurs chefs ; je n'ai que des Italiens qui nous volent : deux bataillons de sapeurs et sept compagnies de mineurs.
Si la conservation de l'Italie vous est chère, citoyens directeurs, envoyez-moi tous ces secours. Il me faudrait également vingt mille fusils ; mais il faudrait que ces envois arrivassent, et qu'il n'en soit pas comme de tout ce que l'on annonce à cette armée, où rien n'arrive.
Nous avons une grande quantité de fusils, mais ils sont autrichiens ; ils pèsent trop, et nos soldats ne peuvent s'en servir.
Nous avons ici des fabriques de poudre, dont nous nous servons, et qui nous rendent trente milliers par mois : cela pourra nous suffire.
Je vous recommande de donner des ordres pour que les huit mille hommes que j'attends à la fin d'octobre arrivent : cela seul peut me mettre à même de porter encore de grands coups aux Impériaux. Pour que les trois mille hommes du général Châteauneuf-Randon arrivent, il faut qu'ils partent six à sept mille.
J'essaye de faire lever ici une légion armée de fusils autrichiens, et habillée avec l'uniforme de la garde nationale du pays : cette légion sera composée de trois mille cinq cents hommes au complet ; il est possible que cela réussisse.
Les avant-postes du général Vaubois ont rencontré la division autrichienne qui défend le Tyrol ; il a fait à l'ennemi cent dix prisonniers.
Quelles que soient les circonstances qui se présenteront, je vous prie de ne pas douter un seul instant du zèle et du dévouement de l'armée d'Italie à soutenir l'honneur des armes de la république.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Milan, le 11 vendémiaire an 5 (2 octobre 1796).
Au directoire exécutif.
Le peuple de la Lombardie se prononce chaque jour davantage ; mais il est une classe très-considérable qui désirerait, avant de jeter le gant à l'empereur, d'y être invitée par une proclamation du gouvernement, qui fût une espèce de garant de l'intérêt que la France prendra à ce pays-ci à la
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