Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
partir pour Udine, j'étais revenu à Milan, où il fait une chaleur affreuse. Je suis bien fâché d'avoir quitté actuellement Montebello.
Si M. Baptiste n'est pas arrivé lorsque vous recevrez ce courrier, je suis d'avis que vous pressentiez ces MM. les plénipotentiaires par une lettre courte et ferme, que vous leur déclariez qu'il est notoire qu'on vous joue, que S.M. rompt les préliminaires, et qu'elle sera responsable, aux yeux de l'Europe, des suites funestes qu'aura pour l'humanité la guerre cruelle qui va recommencer.
Il paraît que les négociations de Lille sont commencées.
Si jamais il était possible de conclure la paix avec l'Angleterre, il faudrait que l'empereur se souvînt de sa mauvaise foi.
Les choses vont parfaitement ici et à Gênes.
BONAPARTE.
Milan, le... messidor an 5 (... juillet 1797).
Au même.
Je vous fais passer les deux notes que vous devez remettre à MM. les plénipotentiaires, je vous envoie en conséquence deux morceaux de papier signés en blanc.
Talleyrand a remplacé Ch. Lacroix ; Hoche, Petiet, François de (Neuchâteau), Benezech, Pléville, Truguet, Lenoir la Roche, Cochon, Merlin et Ramel restent.
D'après ce que disent quelques journaux, il paraît qu'il y a eu quelques divisions entre Carnot et Barthélemi : d'un côté est Barras ; Rewbell et Laréveillère-Lépaux de l'autre.
Le Piémont est en pleine insurrection, j'attends à chaque instant un courrier de Paris.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Milan, le 30 messidor an 5 (18 juillet 1797).
Au même.
Je reçois à l'instant même, citoyen général, votre lettre du 28. J'espère en recevoir une demain avec le récit de l'entrevue que vous aurez eue avec M. de Gallo, cela me décidera à partir : je passerai par Verone, Vicence, Padoue et Trévise, où je passerai la revue de ces quatre divisions.
Tout est ici fort tranquille. J'ai reçu de nouveaux ordres du directoire pour réunir Bologne et Ferrare avec les Cisalpins ; j'ai pris le mezzo termine de laisser ces pays maîtres de faire ce qu'ils voudront, puisque nous avons reconnu l'indépendance des républiques cisalpine et cispadane. S'ils veulent se réunir, nous ne pouvons pas les en empêcher : j'ai préféré ce parti, quoiqu'il puisse entraîner quelques inconvéniens, à celui de donner un ordre de réunion.
Ce courrier-ci ne partira que lorsque la poste sera arrivée, afin de vous envoyer vos lettres, si vous en avez, et les principaux journaux.
J'ai fait partir hier, par un courrier extraordinaire, copie de la lettre que vous m'avez écrite ; je fais partir à l'instant même votre dernière.
Je joins ici copie de la lettre que j'ai écrite au directoire en envoyant l'une et l'autre.
Comme vous le verrez, je me suis lancé très-avant et mis très-volontiers en butte à toutes les factions. Cela serait très-mal calculé, si je trouvais dans l'ambition et l'occupation de grandes places ma satisfaction et le bonheur ; mais ayant placé de bonne heure l'une et l'autre dans l'opinion de l'Europe entière et dans l'estime de la postérité, j'ai pensé que je ne devais pas être arrêté par tous ces calculs et ce grand tapage des factions : je vous avoue cependant que je désire bien de rentrer dans la vie privée ; j'ai payé ma part.
BONAPARTE.
Au directoire exécutif.
Je vous envoie copie de la lettre que je reçois du général Clarke.
Le célèbre M. Baptiste est arrivé, il n'apporte rien de décisif : voilà de la mauvaise foi bien caractérisée.
Je vais partir incessamment pour Udine, quoique je voie que je n'ai pas grand'chose à y faire.
BONAPARTE.
Au directoire exécutif.
Je vous envoie la copie de deux adresses de la division Masséna et Joubert ; l'une et l'autre sont revêtues de douze mille signatures.
La situation des esprits à l'armée est très-prononcée pour la république et la constitution de l'an 3. Le soldat, qui reçoit un grand nombre de lettres de l'intérieur, est extrêmement mécontent de la tournure sinistre que paraissent y prendre les choses.
Il paraît aussi que l'on a été affecté du bavardage de ce Dumolard, imprimé par ordre de l'assemblée et envoyé en grande profusion à l'armée.
Le soldat a été indigné de voir que l'on mettait en doute les assassinats dont il a été la victime. La confiance de l'armée d'Italie dans le gouvernement est sans borne : je crois que la paix et la tranquillité dans les armées dépendent du conseil des cinq-cents. Si cette première magistrature de la
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