Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
ayant de l'eau jusqu'au milieu du corps, et attaqua l'aile gauche de l'ennemi, par la droite. Le général Servoni, à la tête de la deuxième colonne, traversa aussi la Bormida sous la protection d'une de nos batteries, et marcha droit à l'ennemi. La troisième colonne, commandée par l'adjudant-général Boyer, tourna un ravin, et coupa la retraite à l'ennemi.
Tous ces travaux, secondés par l'intrépidité des troupes et les talens des différens généraux, remplirent le but qu'on en attendait. Le sang-froid est le résultat du courage, et le courage est l'apanage des Français.
L'ennemi, enveloppé de tous les côtés, n'eut pas le temps de capituler ; nos colonnes y semèrent la mort, l'épouvante et la fuite.
Pendant que, sur notre droite, nous faisions les dispositions pour l'attaque de la gauche de l'ennemi, le général Provera, avec le corps de troupes qu'il commandait à Cossaria, se rendit prisonnier de guerre.
Nos troupes s'acharnèrent de tous les côtés a la poursuite de l'ennemi. Le général Laharpe se mit à la tète de quatre escadrons de cavalerie, et le poursuivit vivement.
Nous avons, dans cette journée, fait de sept à neuf mille prisonniers, parmi lesquels un lieutenant-général, vingt ou trente colonels ou lieutenans-colonels, et, presque entiers, les régimens suivans :
Corps francs : trois compagnies de Croates ; les bataillons de Peregrine, Stein, Vilhelm, Schroeder, Teutesch ;
Quatre compagnies d'artillerie ; plusieurs officiers supérieurs du génie, au service de l'empereur ; les régimens de Montferrat, de la Marine, de Suze, et quatre compagnies de grenadiers au service du roi de Sardaigne ;
Vingt-deux pièces de canon, avec les caissons et tous les attelages, et quinze drapeaux.
L'ennemi a eu de deux mille à deux mille cinq cents hommes tués, parmi lesquels un colonel, aide-de-camp du roi de Sardaigne.
Le citoyen Riez, aide-de-camp du général Masséna, a eu son cheval tué sous lui, et le fils du général Laharpe a eu son cheval blessé.
Je vous ferai part, le plus tôt qu'il me sera possible, et lorsque j'aurai reçu les rapports, des détails de cette affaire glorieuse, et des hommes qui s'y sont particulièrement distingués.
Je vous demande le grade de général de brigade pour le citoyen Rampon, chef de la vingt-unième demi-brigade.
Le chef de la vingt-neuvième ayant été tué, j'ai nommé pour le remplacer le citoyen Lannes, chef de brigade à la suite.
BONAPARTE.
Au quartier-général de Carru, le 5 floréal an 4 (24 avril 1796).
Le général en chef de l'armée d'Italie au général Colli, commandant en chef l'armée du roi de Sardaigne.
Le directoire exécutif, monsieur, s'est réservé le droit de traiter de la paix : il faut donc que les plénipotentiaires du roi votre maître se rendent à Paris, ou attendent à Gènes les plénipotentiaires que le gouvernement français pourrait y envoyer.
La position militaire et morale des deux armées rend toute suspension pure et simple impossible. Quoique je sois en particulier convaincu que le gouvernement accordera des conditions de paix honorables à votre roi, je ne puis, sur des présomptions vagues, arrêter ma marche ; il est cependant un moyen de parvenir à votre but, conforme aux vrais intérêts de votre cour, et qui épargnerait une effusion de sang inutile et dès lors contraire à la raison et aux lois de la guerre, c'est de mettre en mon pouvoir deux des trois forteresses de Coni, d'Alexandrie, de Tortone, à votre choix : nous pourrons alors attendre, sans hostilités, la fin des négociations qui pourraient s'entamer. Cette proposition est très-modérée ; les intérêts mutuels qui doivent exister entre le Piémont et la république française me portent à désirer vivement de voir s'éloigner de votre pays les malheurs de toute espèce qui le menacent.
BONAPARTE.
Au quartier-général de Cherasco, le 7 floréal an 4 (26 avril 1796).
Au général Latour.
J'ai reçu, monsieur, l'ordre du roi, adressé au commandant de Coni, que vous vous êtes donné la peine de me faire passer. A l'heure qu'il est, il sera déjà parvenu. Je serai demain ici pour attendre l'ordre pour une des forteresses de Tortone ou d'Alexandrie. Vous savez, monsieur, que la distance qu'il y a d'ici à une de ces deux places, fait qu'il est nécessaire que l'ordre du roi soit expédié demain, afin, qu'il puisse parvenir le 16 floréal (30 avril).
Une division de mon armée est déjà de ce côté-là. L'on
Weitere Kostenlose Bücher