Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
m'assure aujourd'hui que Beaulieu évacue votre territoire : je suis charmé, etc.
BONAPARTE.
Au quartier-général de Cherasco, le 8 floréal an 4 (27 avril 1796).
Au général Latour.
Je reçois à l'instant, monsieur, avec votre lettre, les deux ordres du roi pour Ceva et Tortone.
Il n'y a, dans ce moment-ci, qu'un petit détachement à Fossano, qui se retirera incessamment. Après demain, il n'y aura plus personne à Bra, et j'aurai l'honneur de vous en prévenir.
Je ne garderai au-delà de la Stura qu'un corps-de-garde pour le pont de Cherasco.
Je me fais rendre compte par le général qui commande à Coni, de la situation du magasin de Notre-Dame de Loculo. J'aurai l'honneur de vous écrire dès que j'aurai la réponse.
Mon aide-de-camp part pour Paris. Vous avez bien voulu vous charger de lui livrer un passe-port, et de lui faire fournir des chevaux de poste.
J'aurai besoin de mille chevaux de trait. Je désirerais en acheter dans le Piémont ; je vous serai obligé d'accepter ce que vous proposera là-dessus le citoyen Thévenin, agent en chef des transports militaires.
Votre aide-de camp vous remettra une note des officiers prisonniers de guerre ; dès l'instant que vous m'aurez fait connaître ceux que vous désirez avoir, j'ordonnerai qu'on les envoie, soit à Coni, soit à Cherasco : vous me rendrez service de faire passer les nôtres à Tortone ou à Cherasco.
BONAPARTE.
Au quartier-général de Cherasco, le 9 floréal an 4 (28 avril 1796).
Bonaparte, général en chef, au directoire exécutif.
Citoyens directeurs, Ceva, Coni et Alexandrie sont au pouvoir de votre armée, ainsi que tous les postes du Piémont au-delà de la Stura et du Tanaro.
Si vous ne vous accordez pas avec le roi de Sardaigne, je garderai ces places, et je marcherai sur Turin ; mon équipage de siège va filer sur Coni, pour se rendre à Cherasco.
En attendant, je marche demain sur Beaulieu, je l'oblige à repasser le Pô, je le passe immédiatement après ; je m'empare de toute la Lombardie, et, avant un mois, j'espère être sur les montagnes du Tyrol, trouver l'armée du Rhin, et porter de concert la guerre dans la Bavière. Ce projet est digne de vous, de l'armée et des destinées de la France.
Si vous n'accordez pas la paix au roi de Sardaigne, alors vous m'en préviendrez d'avance, afin que, si je suis dans la Lombardie, je puisse me replier et prendre des mesures.
Quant aux conditions de la paix avec la Sardaigne, vous pouvez dicter ce qui vous convient, puisque j'ai en mon pouvoir les principales places.
Ordonnez que quinze mille hommes de l'armée des Alpes soient à mes ordres et viennent me joindre, cela me fera alors une armée de quarante-cinq mille hommes, dont il sera possible que j'envoie une partie à Rome. Si vous me continuez votre confiance, et que vous approuviez ces projets, je suis sûr de la réussite : l'Italie est à vous.
Vous ne devez pas compter sur une révolution en Piémont, cela viendra ; mais il s'en faut que l'esprit de ces peuples soit mûr à cet effet.
J'ai justifié votre confiance et l'opinion avantageuse que vous avez conçue de moi ; je chercherai constamment à vous donner des preuves du zèle et de la bonne volonté où je suis de mériter votre estime et celle de la patrie.
Envoyez-moi, 1°. douze compagnies d'artillerie légère, je n'en ai pas une ; 2°. de la cavalerie et un commissaire ordonnateur en chef, habile et distingué et de génie. Je n'ai que des pygmées, qui me font mourir de faim dans l'abondance, car je suis dans le pays le plus riche de l'univers.
BONAPARTE.
Au quartier-général de Cherasco, le 10 floréal an 4 (29 avril 1796).
Au directoire exécutif.
La ville de Coni vient d'être occupée par nos troupes : il y avait dedans cinq mille hommes de garnison.
Je ne puis pas mettre en doute que vous n'approuviez ma conduite, puisque c'est une aile d'une armée qui accorde une suspension d'armes, pour me donner le temps de battre l'autre ; c'est un roi qui se met absolument à ma discrétion, en me donnant trois de ses plus fortes places et la moitié la plus riche de ses états.
Vous pouvez dicter en maître la paix au roi de Sardaigne ; je vous prie de ne pas oublier la petite île de Saint-Pierre, qui nous sera plus utile, par la suite, que la Corse et la Sardaigne réunies.
Si vous lui accordez la portion du Milanais que je vais conquérir, il faut que ce soit à condition qu'il enverra quinze mille hommes pour nous seconder et garder ce pays après
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