Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
Sugny, chef de brigade d'artillerie, sera chef de l'état-major de cette arme.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Albenga, le 16 germinal an 4 (5 avril 1796).
Au général chef de l'état-major.
Vous voudrez bien faire réunir une commission militaire pour y juger l'émigré Moulin, pris à Ormea, et transféré à Nice par ordre du général Serrurier.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Albenga, le 17 germinal an 4 (6 avril 1796).
Au directoire exécutif.
J'ai transporté le quartier-général à Albenga. Le mouvement que j'ai trouvé commencé contre Gênes a tiré l'ennemi de ses quartiers d'hiver ; il a passé le Pô, et a avancé des avant-postes à Dey, en suivant la Bormida et la Bocchetta, laissant Gavi derrière lui. Beaulieu a publié un manifeste, que je vous envoie, et auquel je répondrai le lendemain de la bataille. J'ai été très-fâché et extrêmement mécontent de ce mouvement sur Gênes, d'autant plus déplacé, qu'il a obligé cette république à prendre une attitude hostile, et a réveillé l'ennemi que j'aurais pris tranquille : ce sont des hommes de plus qu'il nous en coûtera.
Le roi de Sardaigne se donne de son côté le plus grand mouvement ; il a fait une réquisition de jeunes gens depuis quinze ans.
J'ai trouvé à Oneille des marbres, qui sont évalués quelque argent ; j'ai ordonné qu'on en fit l'estimation, et qu'on les mît à l'enchère dans la rivière de Gênes : cela pourra nous donner une somme de trente à quarante mille livres.
La maison Flachat qui a l'entreprise des grains, et la maison Collot, qui a la viande, se conduisent bien : ils nous donnent de très-bons grains, et le soldat commence à avoir de la viande fraîche.
L'armée est dans un dénuement à faire peur ; j'ai encore de grands obstacles à surmonter, mais ils sont surmontables : la misère y a autorisé l'indiscipline, et sans discipline point de victoire. J'espère que cela s'arrangera promptement, déjà tout change de face ; sous peu de jours nous en serons aux mains.
J'ai fait faire avant-hier une reconnaissance vers Cairo ; les avant-postes des ennemis ont été culbutés, nous avons fait quelques prisonniers.
L'armée piémontaise est forte de cinquante mille hommes d'infanterie et de cinq mille de cavalerie ; je n'ai de disponible que quarante-cinq mille hommes, tout compris. On m'a retenu beaucoup de troupes sur les derrières, et au-delà du Rhône.
Chauvet, ordonnateur en chef, est mort à Gênes : c'est une perte réelle pour l'armée ; il était actif, entreprenant. L'armée a donné une larme à sa mémoire.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Albenga, le 19 germinal an 4 (8 avril 1796).
Au directoire exécutif.
J'ai reçu une lettre que m'a écrite le général Colli, qui commande l'armée du roi de Sardaigne, j'espère que la réponse que je lui ai faite (Voy. pag. 13) sera conforme à vos intentions. La trésorerie nous envoie souvent des lettres de change, qui sont protestées : une de 162,800 liv., qui était sur Cadix, vient de l'être ; ce qui augmente nos embarras.
J'ai trouvé cette armée, non-seulement dénuée de tout, mais sans discipline, dans une insubordination perpétuelle. Le mécontentement était tel, que les malveillans s'en étaient emparés : l'on avait formé une compagnie du Dauphin, et l'on chantait des chansons contre-révolutionnaires. J'ai fait traduire à un conseil militaire deux officiers prévenus d'avoir crié Vive le roi. Je suppose que la mission du citoyen Moulin, comme parlementaire, était relative à des trames de cette nature, dont je cherche le fil avec opiniâtreté. Soyez sûr que la paix et l'ordre s'y rétabliront ; tout se prépare ici. Je viens de faire occuper la position importante de...
Lorsque vous lirez cette lettre, nous nous serons déjà battus. La trésorerie n'a pas tenu parole : au lieu de 500,000 liv., elle n'en a envoyé que 300,000, et nous n'avons pas entendu parler d'une somme de 600,000, qui nous était annoncée ; mais, malgré tout cela, nous irons.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Nice, le 21 germinal an 4 (31 mars 1796).
Au général chef de l'état-major
Le général en chef est instruit que plusieurs commissaires des guerres et officiers ont, dans des caisses, des sommes provenant de différentes ventes, des contributions et des revenus des pays conquis. Cela étant contraire au bien du service, à l'ordre et à la constitution, il ordonne que ces différentes sommes soient remises, sans
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