Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome II.
septembre 1798).
Au même.
Je reçois, citoyen général, votre lettre du 26. Il est extrêmement urgent de débarrasser Alexandrie de cette grande quantité de pèlerins : qu'ils s'en aillent par terre à Derne, où ils pourront s'embarquer, ou faites-les embarquer sur trois bons bâtimens et partir de suite.
Une fois partis, il ne faut plus les laisser rentrer. Dans la saison où nous nous trouvons, où il ne fait grand jour qu'a six heures du matin, tous les bâtimens peuvent sortir à la barbe des Anglais. Forcez ceux qui seront chargés des hommes dont vous voulez débarrasser votre place, à sortir.
Moyennant l'expédition que vous avez faite sur le village qui s'était révolté, les choses changeront. Le général Marmont, avec l'adjudant-général Bribes, se trouve avoir près de quinze cents hommes ; ce qui forme une colonne respectable, qui protégera l'arrivée des eaux à Alexandrie.
Ou me mande de Rosette qu'on a envoyé à Rahmanieh trois mille quintaux de blé pour Alexandrie ; j'en ai envoyé une grande quantité du Caire : si la navigation était commode, il serait facile de pouvoir payer en blé ce que nous devons à une grande partie du convoi.
Le sévère blocus que veulent établir les Anglais ne produira aucun résultat ; les vents de l'équinoxe nous en feront bonne raison. J'imagine que M. Hood veut tout bonnement se faire payer pour la sortie et pour l'entrée, comme cela est arrivé quarante fois sur les côtes de Provence. Je désirerais qu'il n'y eût plus de parlementaires, et que le commandant des armes et l'ordonnateur de la marine cessassent enfin d'écrire des lettres ridicules et qui n'ont point de but.
Il est fort peu important que les Anglais gardent prisonnier un commissaire, ou non : ces gens-là me paraissent déjà assez orgueilleux de leur victoire, sans les enfler encore davantage. Quand les circonstances vous feront croire nécessaire de leur envoyer un parlementaire, qu'il n'y ait que vous qui écriviez.
Mourad-Bey est toujours dans la même position entre le Fayoum et le désert. Je me suis porté à Gizeh pour surveiller ses mouvemens.
BONAPARTE.
Au Caire, le 1er vendémiaire an 7 (22 septembre 1798).
À l'armée.
Soldats !
Nous célébrons le premier jour de l'an 7 de la république.
Il y a cinq ans, l'indépendance du peuple français était menacée : mais vous prîtes Toulon, ce fut le présage de la ruine de nos ennemis.
Un an après, vous battiez les Autrichiens à Dego.
L'année suivante, vous étiez sur le sommet des Alpes.
Vous luttiez contre Mantoue il y a deux ans, et vous remportiez la célèbre victoire de Saint-George.
L'an passé, vous étiez aux sources de la Drave et de l'Isonzo, de retour de l'Allemagne.
Qui eût dit alors que vous seriez aujourd'hui sur les bords du Nil, au centre de l'ancien continent ?
Depuis l'Anglais, célèbre dans les arts et le commerce, jusqu'au hideux et féroce Bédouin, vous fixez les regards du monde.
Soldats, votre destinée est belle, parce que vous êtes dignes de ce que vous avez fait et de l'opinion que l'on a de vous. Vous mourrez avec honneur comme les braves dont les noms sont inscrits sur cette pyramide, ou vous retournerez dans votre patrie couverts de lauriers et de l'admiration de tous les peuples.
Depuis cinq mois que nous sommes éloignés de l'Europe, nous avons été l'objet perpétuel des sollicitudes de nos compatriotes. Dans ce jour, quarante millions de citoyens célèbrent l'ère des gouvernemens représentatifs ; quarante millions de citoyens pensent à vous. Tous disent : c'est à leurs travaux, à leur sang, que nous devrons la paix générale, le repos, la prospérité du commerce, et les bienfaits de la liberté civile.
BONAPARTE.
Au Caire, le 2 vendémiaire an 7 (23 septembre 1798).
Au général Dugua.
Il faut faire partir, citoyen général, le premier bataillon de la soixante quinzième avec une chaloupe canonnière ; mon aide-de-camp Duroc, sur l'aviso le Pluvier, et le troisième bataillon de la seconde d'infanterie légère, qui sont partis avant-hier, doivent être arrivés.
J'attends, à chaque instant, des nouvelles de l'opération du général Damas ; s'il n'a que trois à quatre cents hommes, il est un peu faible.
À Mit-el-Kouli, le lundi 1er complémentaire à neuf heures du matin, on a égorgé quinze Français qui étaient sur un bateau qui venait de Damiette. Les cinq villages qui sont immédiatement après Mit-el-Kouli, se sont réunis pour cette opération. Les
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