Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome II.
apprenant que les troupes de S. M. l'empereur venaient de prendre possession de la province d'Albanie, vulgairement appelée Bouches du Cattaro.
Par l'article 1er des préliminaires secrets, S.M. l'empereur devait entrer, à la paix définitive, en possession de la Dalmatie et de l'Istrie vénitiennes. Lors donc que les troupes de S.M. ont occupé lesdites provinces, cela a été une violation des formes, mais non du fond des préliminaires.
Mais l'occupation, par les troupes de S.M. l'empereur, de l'Albanie vénitienne, dite Bouches du Cattaro, est une violation réelle et est contraire au texte comme à la nature des préliminaires. Le plénipotentiaire français soussigné ne peut donc regarder, dans les circonstances présentes, l'occupation par elles des Bouches du Cattaro que comme un acte d'hostilité.
La connaissance qu'il a des intentions qui animent leurs excellences messieurs les plénipotentiaires de S.M. l'empereur et roi, ne lui permet pas de douter qu'ils ne prennent des mesures expéditives, dont l'effet soit d'ordonner aux troupes de S.M. l'empereur l'évacuation des Bouches du Cattaro, dont l'occupation par elles est contraire à la bonne foi et aux traités. Le plénipotentiaire français assure leurs excellences messieurs les plénipotentiaires de S.M. l'empereur et roi de sa haute considération.
Passeriano, le 2 vendémiaire an 6 (23 septembre 1797).
Le général en chef,
plénipotentiaire de la république française.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Passeriano, le 2 vendémiaire an 6 (13 septembre 1797).
Au directoire exécutif.
Vous trouverez ci-joint la copie de l'ordre que je donne au contre-amiral Brueys ; vous verrez que par là il se trouvera à même d'exécuter vos ordres, quels qu'ils soient.
Le contre-amiral Brueys a 1º. six vaisseaux de guerre français ; 2º. six frégates, id. ; 3º. six corvettes, id. parfaitement équipées : j'ai fait habiller à neuf les équipages et les garnisons ; je lui ai fait payer plusieurs mois de solde, et les arsenaux de Corfou et de Venise ont fourni toutes les pièces de rechange et les câbles dont il peut avoir besoin.
Lorsque vous lirez cette lettre, le contre-amiral Brueys sera bien près de Corfou, où j'ai fait établir des batteries à boulets rouges pour défendre la rade, et où il est parfaitement en sûreté.
Il y a à Corfou six bâtimens de guerre vénitiens et six frégates qu'il peut armer en guerre dans un mois : ils sont déjà montés par des officiers mariniers et des garnisons françaises.
À Corfou, Zante, Céphalonie, il trouvera les 2,000 matelots qui lui sont nécessaires, tant pour l'équipement desdits vaisseaux, que pour le complément des siens.
Les frégates la Muiron et la Carrère, ainsi que les trois autres bâtimens de guerre qui sont en armement à Venise, pourront également augmenter son escadre d'ici à deux mois.
Je pense donc que, si vous m'autorisez à garder l'escadre de l'amiral Brueys à Corfou, vous pourrez disposer, d'ici au 1er frimaire, 1º. de six vaisseaux de guerre français parfaitement bien en équipages, approvisionnés pour quatre mois et abondamment pourvus de tous les objets nécessaires, même de cordages ; 2º. six frégates françaises ; 3º. six bricks français ; 4º. huit vaisseaux de guerre vénitiens ; 5º. huit frégates, id. ; 6º. huit bricks, id. : tous approvisionnés pour quatre mois.
Voudriez-vous faire filer le contre-amiral Brueys dans l'Océan, il partira de Corfou en meilleur état qu'il ne partirait de Toulon ; il partira de Corfou plus vite que de Toulon, car ses équipages seront toujours complets et exercés, ce qui ne sera jamais à Toulon.
Vous pourrez même, à mesure qu'un vaisseau de guerre sera armé à Toulon, faire ramasser les équipages et les faire partir pour Corfou.
Voudrez-vous vous servir des vaisseaux vénitiens ? Ils seront tout prêts à seconder notre escadre.
Voulez-vous, au contraire, que les vaisseaux vénitiens soient sur-le-champ armés en flûte et envoyés à Toulon ? Le contre-amiral Brueys les fera filer en les escortant jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à craindre.
Si vous voulez que votre escadre prenne un bon esprit, devienne manoeuvrière et se prépare à faire de grandes choses, tenez-la loin de Toulon : sans quoi, les équipages ne se formeront jamais et vous n'aurez jamais de marine.
Enfin, de Corfou, cette escadre peut partir pour aller partout où vous voudrez, et vous devez la laisser à Toulon : elle sera
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