Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
d'Espagne.
Les destinées de l'armée d'Estramadure se sont terminées dans les plaines de Burgos. L'armée de Galice, battue aux combats de Durango, de Guénès, de Valmaseda, a péri ou a été dispersée à la bataille d'Espinosa. Cette armée était composée de l'infanterie de l'ancienne armée espagnole qui était en Portugal et en Galice, et qui a quitté Porto à la fin de juin ; des milices de la Galice, des Asturies et de la Vieille-Castille ;
De cinq mille prisonniers espagnols que les Anglais avaient habillés et armés à leurs frais et débarqués à Saint Ander ;
Des volontaires de levées extraordinaires de la Galice, de la Vieille-Castille et des Asturies ;
Des régimens d'artillerie, des garnisons de marine, et des matelots des départemens de la Corogne et du Ferrol ;
Enfin des corps que le traître la Romana avait amenés du Nord et débarqués a Saint-Ander.
Dans sa folle présomption, cette armée manoeuvrait sur le flanc droit de l'armée française, et voulait couper la communication par la Biscaye. Pendant l'espace de dix jours, elle a été menée battant de gorge en gorge, de mamelon en mamelon. Enfin, le 10 novembre, arrivée à Espinosa, elle voulut couvrir sa retraite, ses parcs, ses hôpitaux et ses magasins.
Elle se rangea en bataille et se crut dans une position inattaquable.
Le maréchal duc de Bellune culbuta son arrière-garde, et se trouva à trois heures après midi devant son front de bataille. Le général Pacthod, avec les quatre-vingt-quatorzième et quatre-vingt-quinzième régimens de ligne, eut ordre d'enlever un mamelon situé en avant de la ligne de bataille qu'occupait la troupe du traître la Romana.
La position était belle ; les soldats qui la défendaient, les meilleurs du pays et soutenus par toute la ligne ennemie. Le général Pacthod gravit, l'arme au bras, ces montagnes escarpées, et fondit sur ces régimens qui avaient abusé de notre loyauté et faussé leurs sermens. Dans un clin d'oeil ils furent rompus et jetés dans les précipices. Le régiment de la Princesse a été détruit.
La ligne ennemie se porta alors en avant et combina des attaques pour reprendre le plateau. Toutes les colonnes qui avancèrent disparurent et trouvèrent la mort. La nuit obscure surprit les deux armées dans cette position.
Pendant ce temps, le maréchal duc de Dalmatie filait sur Reynosa, seule retraite de l'ennemi.
A la pointe du jour, le duc de Bellune fit déborder par le général de brigade Maison, à la tête du seizième régiment d'infanterie légère, la gauche de l'ennemi ; de son côté le duc de Dantzick accourut au feu et déborda sa droite.
Le général Maison, avec les braves du seizième, gravit sur des montagnes escarpées à tout autre inaccessibles, et culbuta l'ennemi. Le duc de Bellune fit alors avancer le centre ; et l'ennemi coupé et tourné, fuit à la débandade, jetant ses armes, ses drapeaux et abandonnant ses canons.
La division Sébastiani poursuivit les fuyards dans la direction de Villarcayo, attaqua, tua, prit ou dispersa une division et lui enleva ses canons.
Le duc de Dalmatie enleva à Reynosa tous les parcs, magasins, bagages, et fit quelques prisonniers.
Le colonel Tascher, envoyé à la poursuite de l'ennemi à la tête d'un régiment de chasseurs, a ramené un grand nombre de prisonniers.
Cependant l'ennemi qui nous menaçait avec tant d'ignorance et une si aveugle présomption, était non-seulement tourné par Reynosa, mais encore par Palencia, par la cavalerie qui déjà occupait les débouchés des montagnes dans la plaine à vingt lieues de ses derrières.
Soixante pièces de canon, vingt mille hommes tués ou pris, le reste dispersé ; douze généraux espagnols tués ; tous les secours en armes, habillemens, munitions, que les Anglais avaient débarqués, tombés en notre pouvoir, sont le résultat de cette affaire. La terreur est dans l'âme du soldat espagnol. Il jette sa veste rouge au chiffre du roi Georges, son fusil anglais, et cherche à se cacher dans des cavernes, dans des hameaux sous l'habit de paysan. Blake se sauve errant dans les montagnes des Asturies ; la Romana, avec quelques milliers d'hommes, s'est jeté sur la marine de Saint-Ander.
Cependant notre perte est de peu de conséquence. Aux combats de Durango, de Guenès, de Valmaseda, d'Espinosa, nous n'avons perdu que quatre-vingts hommes tués et trois cents blessés, aucun homme de marque. On a brisé trente mille fusils et on en a pris en magasin à
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