Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
différentes cours.
Cette lettre n'étant à autre fin, nous prions Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.
NAPOLÉON.
Burgos, le 20 novembre 1808.
Septième bulletin de l'armée d'Espagne.
Le 16, l'avant-garde du maréchal duc de Dalmatie est entrée à Saint-Ander, et y a trouvé une grande quantité de farine, de blé, de munitions de guerre et de poudre, un magasin de neuf mille fusils anglais, des dépôts assez considérables de coton et de marchandises de fabrique anglaise et coloniale.
Pendant que nos troupes entraient à Saint-Ander, il y avait à deux lieues au large un grand convoi anglais chargé de troupes, de munitions et d'habillemens ; lorsqu'il a vu le drapeau français arboré et salué par la garnison, il a pris le large.
On a trouvé à Saint-Ander un dépôt considérable de laines qui est transporté en France.
Le 17, le colonel Tascher a rencontré à Cunillas les fuyards ennemis. Il y a eu quelques coups de sabre de donnés ; on a fait une trentaine de prisonniers.
L'évêquè de Saint-Ander, animé plutôt de l'esprit du démon que de l'esprit de l'évangile, homme furibond et fanatique, marchant toujours un coutelas au côté, s'est sauvé à bord des frégates anglaises. Toutes les lettres interceptées font voir la terreur et l'effroi qui agitent cette partie de l'armée espagnole.
On a procédé au désarmement de la Montana, de Bilbao et de la partie de la Biscaye qui s'est insurgée. On marche également du côté de Soria pour désarmer cette province. Les provinces de Valladolid et de Palencia le sont déjà.
Le général Franceschi, commandant un corps de cavalerie légère, a rencontré à Sahagun, à six lieues de Léon, un grand convoi de bagages et de malades de l'armée de Galice, qu'il a enlevé.
A Mayorga, un escadron de cavalerie légère a rencontré trois cents hommes qu'ils a chargés ; partie a été tuée, l'autre prise.
La cavalerie du général Lasalle a poussé des partis jusqu'à Somo-Sierra.
Des officiers des régimens espagnols de Zamora et de la Princesse, qui étaient dans le Nord, et qui s'étaient sauvés à Zamora, ont été faits prisonniers. «Vous avez prêté serment au roi, leur a-t-on dit. Ils l'ont avoué ;-Vous avez faussé votre serment.-Nous avons obéi à notre général.-Vous faisiez partie de l'armée française, et vous avez reconnu les meilleurs procédés par la plus infâme trahison.-Ils répondirent encore qu'ils étaient sous les ordres de leur général, et qu'ils n'avaient fait qu'obéir.-On aurait pu vous désarmer, a-t-on ajouté, peut-être l'aurait-on dû ; mais on a eu confiance en vos sermens. Il vaut mieux pour la gloire de l'empereur qu'il ait eu à vous combattre, que de s'être porté à un acte qui aurait pu être taxé de trop de méfiance. Vous n'êtes plus couverts par le droit des gens que vous avez violé. Vous devriez être passés par les armes ; l'empereur veut vous pardonner une seconde fois.» Au reste, les régimens de Zamora et de la Princesse ont cruellement souffert ; il en est peu resté aux drapeaux.
Burgos, le 23 novembre 1808.
Huitième bulletin de l'armée d'Espagne.
Le duc de Dalmatie poursuit ses succès avec la plus grande activité.
Un convoi chargé d'artillerie, de munitions et de fusils anglais, a été pris dans le port de Cunillas au moment où il allait appareiller : on en fait l'inventaire. On a déjà noté trente pièces de canon et une grande quantité de malles d'officiers.
Le général Sarrut, à la tête de sa brigade, pousse vivement l'ennemi ; arrivé à Saint-Vicente, et cotoyant la mer, l'ennemi s'aperçut d'une hauteur qui couvrait le défilé de Saint-Vicente, que le général Sarrut n'avait que neuf cents hommes ; il crut avoir le temps de tenir pour passer le défilé qui est un pont de quatre cents toises sur un bras de mer ; mais il ignorait que ces neuf cents hommes étaient du deuxième d'infanterie légère ; il ne tarda pas à l'apprendre. A peine le général Sarrut fut à portée, que ces braves chargèrent, et l'on vit neuf cents hommes rompre et mettre en désordre six mille hommes bien postés, sans éprouver de perte et sans presque coup férir. Cependant le colonel Tascher avait habilement placé cent cinquante hommes de son régiment de chasseurs en colonne serrée, par peloton, derrière celle avant-garde ; et aussitôt qu'il vit l'ennemi ébranlé, il chargea, sans délibérer, dans le défilé, tua et jeta dans la mer et le marais, ou prit la plus
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