Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
émigré du continent. Les régimens royal-étranger et Réding le jeune ont déjà plusieurs milliers d'hommes.
Le cinquième et le huitième corps de l'armée d'Espagne et trois divisions de cavalerie ne font que passer la Bidassoa ; ils sont encore bien loin d'être en ligne, et cependant beaucoup de victoires ont déjà été obtenues, et la plus grande partie de la besogne est faite.
Proclamation.
Espagnols,
Vous avez été égarés par des hommes perfides ; ils vous ont engagés dans une lutte insensée, et vous ont fait courir aux armes. Est-il quelqu'un parmi vous qui, réfléchissant un moment sur tout ce qui s'est passé, ne soit aussitôt convaincu que vous avez été le jouet des perpétuels ennemis du continent qui se réjouissaient en voyant répandre le sang espagnol et le sang français ? Quel pouvait être le résultat du succès même de quelques campagnes ? Une guerre de terre sans fin et une longue incertitude sur le sort de vos propriétés et de votre existence. Dans peu de mois vous avez été livrés à toutes les angoisses des factions populaires. La défaite de vos armées a été l'affaire de quelques marches. Je suis entré dans Madrid : les droits de la guerre m'autorisaient à donner un grand exemple, et à laver dans le sang des outrages faits à moi et à ma nation : je n'ai écouté que la clémence. Quelques hommes, auteurs de tous vos maux, seront seuls frappés. Je chasserai bientôt de la Péninsule cette armée anglaise qui a été envoyée en Espagne non pour vous secourir, mais pour vous inspirer une fausse confiance et vous égarer.
Je vous avais dit dans ma proclamation du 2 juin que je voulais être votre régénérateur. Aux droits qui m'ont été cédés par les princes de la dernière dynastie, vous avez voulu que j'ajoutasse le droit de conquête. Cela ne changera rien à mes dispositions. Je veux même louer ce qu'il peut y avoir eu de généreux dans vos efforts, je veux reconnaître que l'on vous a caché vos vrais intérêts, qu'on vous a dissimulé le véritable état des choses.
Espagnols, votre destinée est entre vos mains. Rejetez les poisons que les Anglais ont répandus parmi vous ; que votre roi soit certain de votre amour et de votre confiance, et vous serez plus puissans, plus heureux que vous n'avez jamais été. Tout ce qui s'opposait à votre prospérité et à votre grandeur, je l'ai détruit ; les entraves qui pesaient sur le peuple, je les ai brisées ; une constitution libérale vous donne, au lieu d'une monarchie absolue, une monarchie tempérée et constitutionnelle. Il dépend de vous que cette constitution soit encore votre loi.
Mais si tous mes efforts sont inutiles, et si vous ne répondez pas à ma confiance, il ne me restera qu'à vous traiter en provinces conquises, et à placer mon frère sur un autre trône. Je mettrai alors la couronne d'Espagne sur ma tête et je saurai la faire respecter des méchans, car Dieu m'a donné la force et la volonté nécessaires pour surmonter tous les obstacles.
NAPOLÉON.
Circulaire aux archevêques, aux évêques et aux président des consistoires.
M. l'évêque de.....,
Les victoires remportées par nos armes aux champs d'Espinosa, de Burgos, de Tudela et de Somo-Sierra, l'entrée de nos troupes dans la ville de Madrid, et le bonheur particulier que nous avons eu de sauver cette ville intacte des mains des brigands insurgés qui en tenaient tous les honnêtes habitans sous l'oppression, nous portent à vous écrire cette lettre.
Nous désirons qu'aussitôt après sa réception, vous vous concertiez avec qui de droit, afin d'appeler nos peuples dans les églises, et de faire chanter un Te Deum et telles autres prières que vous vous voudrez désigner, pour rendre grâce à Dieu d'avoir protégé nos armes et d'avoir confondu les ennemis de notre nation et de la tranquillité du continent, qui, réveillant sans cesse l'esprit de faction, cherchent à consolider leur monopole par les désordres publics et par le malheur des peuples.
Sur ce, M. l'évêque d..., nous prions Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.
NAPOLÉON.
Madrid, le 8 décembre 1808.
Seizième bulletin de l'armée d'Espagne.
Le duc de Montebello se loue beaucoup de la conduite du général de brigade Pouzet à la bataille de Tudela ; du général de division Lefebvre, du général de brigade d'artillerie Couin, de son aide-de-camp Gueheneuc. Il fait une mention particulière des trois régimens de la Vistule. Le général de
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