Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
hommes. L'avant-garde est déjà en mouvement pour se porter d'abord sur Hanau.
Le maréchal duc de Montebello a passé l'Enns à Steyer le 4, et est arrivé le 5 à Amstetten, où il a rencontré l'avant-garde ennemie. Le général de brigade Colbert a fait faire par le vingtième régiment de chasseurs à cheval une charge sur un régiment de houlans dont cinq cents ont été pris. Le jeune Lauriston, âgé de dix-huit ans, et sorti depuis six mois des pages, a arrêté le commandant des houlans, et après un combat singulier, l'a terrassé et l'a fait prisonnier. S. M. lui a accordé la décoration de la légion d'honneur.
Le 6, le duc de Montebello est arrivé à Molk, le maréchal duc de Rivoli à Amstetten, et le maréchal duc d'Auerstaedt à Lintz.
Les débris du corps de l'archiduc Louis et du général Hiller ont quitté Saint-Polten le 7 ; les deux tiers ont passé le Danube à Crems ; on les a poursuivis jusqu'à Mautern où l'on a trouvé le pont coupé ; l'autre tiers a pris la direction de Vienne.
Le 8, le quartier-général de l'empereur était à Saint-Polten.
Le quartier-général du duc de Montebello est aujourd'hui à Sigarhiztzkirchen.
Le maréchal duc de Dantzick marche de Salzbourg sur Inspruck, pour prendre à revers les détachemens que l'ennemi a encore dans le Tyrol, et qui inquiètent les frontières de la Bavière.
On a trouvé dans les caves de l'abbaye de Molck plusieurs millions de bouteilles de vin qui sont très-utiles à l'armée. Ce n'est qu'après avoir passé Molck qu'on entre dans les pays de vignobles.
Il résulte des états qui ont été dressés, que sur la ligne de l'armée depuis le passage de l'Inn, on a trouvé dans les différentes manutentions de l'ennemi, quarante mille quintaux de farine, quatre cent mille rations de biscuit et plusieurs centaines de milliers de rations de pain. L'Autriche avait formé ces magasins pour marcher en avant ; ils nous ont beaucoup servi.
Vienne, 13 mai 1809.
Septième bulletin de la grande armée.
Le 10, à neuf heures du matin, l'empereur a paru aux portes de Vienne, avec le corps du maréchal duc de Montebello ; c'était à la même heure, le même jour et un mois juste après que l'armée autrichienne avait passé l'Inn, et que l'empereur François II s'était rendu coupable d'un parjure, signal de sa ruine.
Le 5 mai, l'archiduc Maximilien, frère de l'impératrice, jeune prince âgé de vingt-six ans, présomptueux, sans expérience, d'un caractère ardent, avait pris le commandement de Vienne.
Le bruit était général dans le pays que tous les retranchemens qui environnaient la capitale, étaient armés, qu'on avait construit des redoutes, qu'on travaillait à des camps retranchés, et que la ville était résolue à se défendre. L'empereur avait peine à croire qu'une capitale si généreusement traitée par l'armée française en 1805, et que des habitans dont le bon esprit et la sagesse sont reconnus, eussent été fanatisés au point de se déterminer à une aussi folle entreprise. Il éprouva donc une douce satisfaction, lorqu'en approchant des immenses faubourgs de Vienne, il vit une population nombreuse, des femmes, des enfans, des vieillards, se précipiter au devant de l'armée française, et accueillir nos soldats comme des amis.
Le général Conroux traversa les faubourgs, et le général Barreau se rendit sur l'esplanade qui les sépare de la cité. Au moment où il débouchait, il fut reçu par une fusillade et par des coups de canon, et légèrement blessé.
Sur trois cent mille habitans qui composent la population de la ville de Vienne, la cité proprement dite, qui a une enceinte avec des bastions et une contrescarpe, contient à peine quatre-vingt mille habitans et treize cents maisons.
Les huit quartiers de la ville qui ont conservé le nom de faubourgs, et qui sont séparés de la ville par une vaste esplanade et couverts du côté de la campagne, par des retranchements, renferment plus de cinq mille maisons et sont habités par plus de deux cent vingt mille ames, qui tirent leur subsistance de la cité, où sont les marchés et les magasins.
L'archiduc Maximilien avait fait ouvrir des registres pour recueillir les noms des habitans qui voudraient se défendre. Trente individus seulement se firent inscrire ; tous les autres refusèrent avec indignation. Déjoué dans ses espérances par le bons sens des Viennois, il fit venir dix bataillons, de landwehr et dix bataillons de troupes de ligne, composant
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