Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
les Bavarois ; mais les griffes du tigre reparurent bientôt. Le bailli de Mulhdorf, nommé Stark, qui avait mérité une distinction du roi de Bavière, pour les services qu'il avait rendus à ses troupes dans la dernière guerre, a été arrêté et conduit à Vienne pour y être jugé. A Burghausen la femme du bailli, comte d'Armansperd, est venue supplier l'empereur de lui faire rendre son mari que les Autrichiens ont emmené à Lintz, et de là à Vienne, sans qu'on en ait entendu parler depuis. La raison de ce mauvais traitement est qu'en 1805, il lui fut fait des réquisitions auxquelles il n'obtempéra point. Voilà le crime dont les Autrichiens lui ont gardé un si long ressentiment et dont ils ont tiré cette injuste vengeance.
Les Bavarois feront sans doute un récit de toutes les vexations et des violences que les Autrichiens ont exercées envers eux, pour en transmettre la mémoire à leurs enfans, quoiqu'il soit probable que c'est pour la dernière fois que les Autrichiens ont insulté aux alliés de la France. Des intrigues ont été ourdies par eux, en Tyrol et en Westphalie pour exciter les sujets à la révolte contre leurs princes.
Levant des armées nombreuses divisées en corps comme l'armée française, marchant au pas accéléré pour singer l'armée française, faisant des bulletins, des proclamations, des ordres du jour, en singeant même encore l'armée française, ils ne représentent pas mal l'âne qui, couvert de la peau du lion, cherche à l'imiter ; mais le bout de l'oreille se laisse apercevoir, et le naturel l'emporte toujours.
L'empereur d'Autriche a quitté Vienne et a signé en partant une proclamation, rédigée par Gentz dans le style de l'esprit des plus sots libelles. Il s'est porté à Scharding, position qu'il a choisie, précisément pour n'être nulle part, ni dans sa capitale pour gouverner ses états, ni au camp où il n'eût été qu'un inutile embarras. Il est difficile de voir un prince plus débile et plus faux. Lorsqu'il a appris la suite de la bataille d'Eckmülh, il a quitté les bords de l'Inn et est rentré dans le sein de ses états.
La ville de Scharding que le duc de Rivoli a occupée, a beaucoup souffert. Les Autrichiens en se retirant ont mis le feu à leurs magasins et ont brûlé la moitié de la ville qui leur appartenait. Sans doute qu'ils avaient le pressentiment, et qu'ils ont adopté l'adage que ce qui leur appartenait, ne leur appartiendra plus.
Braunau, 1er mai 1809.
Quatrième bulletin de la grande armée.
Au passage du pont de Landshut, le général de brigade Lacour a montré du courage et du sang-froid. Le comte Lauriston a placé l'artillerie avec intelligence, et a contribué au succès de cette brillante affaire.
L'évêque et les principales autorités de Salzbourg sont venus à Burghausen implorer la clémence de l'empereur pour leur pays. S. M. leur a donné l'assurance qu'ils ne retourneraient plus sous la domination de la maison d'Autriche. Ils ont promis de prendre des mesures pour faire rentrer les quatre bataillons de milices que le cercle avait fournis, et dont une partie avait déjà été prise et dispersée.
Le quartier-général part pour se rendre aujourd'hui premier mai, à Ried.
On a trouvé à Braunau des magasins de deux cent mille rations de biscuit et de six mille sacs d'avoine. On espère en trouver de plus considérables à Ried. Le cercle de Ried a fourni trois bataillons de milices ; mais la plus grande partie est déjà rentrée.
L'empereur d'Autriche a été pendant trois jours à Braunau. C'est à Scharding qu'il a appris la défaite de son armée. Les habitans lui imputent d'être le principal auteur de la guerre.
Les fameux volontaires de Vienne, battus à Landshut, ont repassé ici, jetant leurs armes et portant à toutes jambes l'alarme à Vienne.
Le 21 avril, on a publié dans cette capitale un décret du souverain qui déclare que les ports sont rouverts aux Anglais, les relations avec cet ancien allié rétablies, et les hostilités commencées avec l'ennemi commun.
Le général Oudinot a pris entre Altain et Ried un bataillon de mille hommes : ce bataillon était sans cavalerie et sans artillerie ; à l'approche de nos troupes, il se mit en devoir de commencer la fusillade ; mais cerné de tous côtés par la cavalerie, il posa les armes.
S. M. a passé en revue à Burghausen plusieurs brigades de cavalerie légère, entre autres celle de Hesse-Darmstadt, à laquelle elle a témoigné sa
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