Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
ennemis. Cette action d'Ebersberg est un des plus beaux faits d'armes dont l'histoire puisse conserver le souvenir.
L'ennemi voyant que la division Claparède était sans communications, avança trois fois sur elle, et fut toujours arrêté et reçu par les baïonnettes. Enfin, après un travail de trois heures, on parvint à détourner les flammes et à ouvrir un passage. Le général de division Legrand, avec le vingt-cinquième d'infanterie légère et le dix-huitième de ligne, se porta sur le château que l'ennemi avait fait occuper par huit cents hommes. Les sapeurs enfoncèrent les portes, et l'incendie ayant gagné le château, tout ce qu'il renfermait y périt. Le général Legrand marcha ensuite au secours de la division Claparède. Le général Durosnel qui venait par la rive droite avec un millier de chevaux, se joignit à lui, et l'ennemi fut obligé de se mettre en retraite en toute hâte.
Au premier bruit de ces événemens, l'empereur avait marché lui-même par la rive droite avec les divisions Nansouty et Molitor.
L'ennemi, qui se retirait avec la plus grande rapidité, arriva la nuit à Enns, brûla le pont, et continua sa fuite sur la route de Vienne. Sa perte consiste en douze mille hommes, dont sept mille cinq cents prisonniers, quatre pièces de canon et deux drapeaux.
La division Claparède, qui fait partie des grenadiers d'Oudinot, s'est couverte de gloire ; elle eu trois cents hommes tués et six cents blessés. L'impétuosité des bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses a fixé l'attention de toute l'armée. Le pont, la ville, et la position d'Ebersberg, serons des monumens durables de leur courage. Le voyageur s'arrêtera et dira : C'est ici, c'est de cette superbe position, de ce pont d'une si longue étendue, de ce château si fort par sa situation, qu'une armée de trente-cinq mille Autrichiens a été chassée par sept mille Français.
Le général de brigade Cohorne, officier d'une singulière intrépidité, a eu un cheval tué sous lui.
Les colonels en second Cardenau et Leudy ont été tués.
Une compagnie du bataillon corse poursuivant l'ennemi dans les bois, a fait à elle seule sept cents prisonniers.
Pendant l'affaire d'Ebersberg, le duc de Montebello arrivait à Steyer où il a fait rétablir le pont que l'ennemi avait coupé.
L'empereur couche aujourd'hui à Enns dans le château dit prince d'Awersperg ; la journée de demain sera employée à rétablir le pont.
Les députés des états de la Haute-Autriche ont été présentés à S. M. à son bivouac d'Ebersberg.
Les citoyens de toutes les classes et de toutes les provinces reconnaissent que l'empereur François II est l'agresseur : ils s'attendent à de grands changemens, et conviennent que la maison d'Autriche a mérité tous ses malheurs. Ils accusent même ouvertement de leurs maux, le caractère faible, opiniâtre et perfide de leur souverain ; ils manifestent tous la plus grande reconnaissance pour la générosité dont l'empereur Napoléon usa pendant la dernière guerre envers la capitale et les pays qu'il avait conquis ; ils s'indignent avec toute l'Europe, du ressentiment et de la haine que l'empereur François II n'a cessé de nourrir contre une nation qui avait été si grande et si magnanime envers lui ; ainsi, dans l'opinion même des sujets de notre ennemi, la victoire est du côté du bon droit.
Saint-Polten, 9 mai 1809.
Sixième bulletin de la grande armée.
Le maréchal prince de Ponte-Corvo qui commande le neuvième corps, composé en grande partie de l'armée saxonne, et qui a longé toute la Bohême, portant partout l'inquiétude, a fait marcher le général saxon Guts Schmitt sur Egra. Ce général a été bien reçu par les habitans, auxquels il a ordonné de faire désarmer la landwerh. Le 6, le quartier-général du prince de Ponte-Corvo était à Retz, entre la Bohême et Ratisbonne.
Le nommé Schill, espèce de brigand qui s'est couvert de crimes dans la dernière campagne de Prusse, et qui avait obtenu le grade de colonel, a déserté de Berlin avec tout son régiment, et s'est porté à Wittemberg, frontière de la Saxe. Il a cerné cette ville. Le général Lestocq l'a fait mettre à l'ordre comme déserteur. Ce ridicule mouvement était concerté avec le parti qui voulait mettre tout a feu et à sang en Allemagne.
S. M. a ordonné la formation d'un corps d'observation de l'Elbe, qui sera commandé par le maréchal duc de Valmy, et composé de soixante mille
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