Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
nous.
Cependant, S. M. a ordonné que le prince de Colloredo, le prince Metternich, le comte Frédéric de Harddeck et le comte Pergen, seraient arrêtés et transférés en France, pour répondre de la sûreté des généraux Durosnel et Foulers, menacés par l'ordre du jour de votre souverain. Ces officiers pourront mourir, monsieur, mais ils ne mourront pas sans vengeance : cette vengeance ne tombera sur aucun prisonnier, mais sur les parens de ceux qui ordonneraient leur mort.
Quant à M. Chasteller, il n'est pas encore au pouvoir de l'armée ; mais s'il est arrêté, vous pouvez compter que son procès sera instruit, et qu'il sera traduit à une commission militaire. Je prie votre excellence de croire aux sentimens de ma haute considération.
Le major-général
Signé BERTHIER.
La ville de Vienne et le corps des états de la Basse-Autriche sollicitèrent la clémence de S. M., et demandèrent à envoyer une députation à l'empereur François, pour faire sentir la déraison du procédé dont on usait à l'égard des généraux Durosnel et Foulers, pour représenter que Chasteller n'était pas condamné, qu'il n'était point arrêté, qu'il était seulement traduit devant les tribunaux ; que les pères, les femmes, les enfans, les propriétés des généraux autrichiens étaient entre les mains des Français, et que l'armée française était décidée, si l'on attentait à un seul prisonnier, à faire un exemple dont la postérité conserverait long-temps le souvenir.
L'estime que S. M. accorde aux bons habitans de Vienne et aux corps des états, la détermina à accéder à cette demande. Elle autorisa MM. de Colloredo, de Metternich, de Pergen et de Harddeck à rester à Vienne, et la députation à partir pour le quartier-général de l'empereur d'Autriche.
Cette députation est de retour. L'empereur François a répondu à ses représentations qu'il ignorait le massacre des prisonniers français en Tyrol ; qu'il compatissait aux maux de la capitale et des provinces ; que ses ministres l'avaient trompé, etc., etc., etc.
Les députés firent observer que tous les hommes sages voient avec peine l'existence de cette poignée de brouillons qui, par les démarches qu'ils conseillent, par les proclamations, les ordres du jour, etc., etc., etc., qu'ils font adopter, ne cherchent qu'à fomenter les passions et les haines, et à exaspérer un ennemi maître de la Croatie, de la Carniole, de la Carinthie, de la Styrie, de la Haute et de la Basse-Autriche, de la capitale de l'empire et d'une grande partie de la Hongrie ; que les sentimens de l'empereur pour ses sujets devaient le porter à calmer le vainqueur, plutôt qu'à l'irriter, et à donner à la guerre le caractère qui lui est naturel chez les peuples civilisés, puisque ce vainqueur pouvait en appesantir les maux sur la moitié de la monarchie.
On dit que l'empereur d'Autriche a répondu que la plupart des écrits dont les députés voulaient parler, étaient controuvés ; que ceux, dont on ne désavouait pas l'existence, étaient plus modérés ; que les rédacteurs dont on se servait, étaient d'ailleurs des commis français, et que, lorsque ces écrits contenaient des choses inconvenantes, on ne s'en apercevait que quand le mal était fait. Si cette réponse qui court dans le public, est vraie, nous n'avons aucune observation à faire. On ne peut méconnaître l'influence de l'Angleterre ; car ce petit nombre d'hommes, traîtres à leur patrie, est certainement à la solde de cette puissance.
Lorsque les députés ont passé à Bude, ils ont vu l'impératrice ; c'était quelques jours avant qu'elle fût obligée de quitter cette ville. Ils l'ont trouvée changée, abattue et consternée des malheurs qui menaçaient sa maison. L'opinion de la monarchie est extrêmement défavorable à la famille de cette princesse. C'est cette famille qui a excité à la guerre. Les archiducs Palatin et Régnier sont les seuls princes autrichiens qui aient insisté pour le maintien de la paix.
L'impératrice était loin de prévoir les événemens qui se sont passés. Elle a beaucoup pleuré ; elle a montré un grand effroi du nuage épais qui couvre l'avenir ; elle parlait de paix ; elle demandait la paix ; elle conjurait les députés de parler à l'empereur François en faveur de la paix.
Ils ont rapporté que la conduite de l'archiduc Maximilien avait été désavouée, et que l'empereur d'Autriche l'avait envoyé au fond de la Hongrie.
Vienne, 3
Weitere Kostenlose Bücher