Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
campagne avec neuf corps d'armée de quarante mille hommes chacun, et il y avait dans l'intérieur des corps de recrues et de landwehrs ; de sorte que l'Autriche avait réellement plus de quatre cent mille hommes sous les armes. Depuis la bataille d'Ebensberg jusqu'à la prise de Vienne, y compris l'Italie et la Pologne, on peut avoir fait cent mille prisonniers à l'ennemi, et il a perdu cent mille hommes tués, déserteurs ou égarés. Il devait donc lui rester encore deux cent mille hommes distribués comme il suit : l'archiduc Jean avait à la bataille de Raab cinquante mille hommes, la principale armée autrichienne avait, avant la bataille d'Esling quatre-vingt-dix mille hommes ; il restait donc, vingt-cinq mille hommes à l'archiduc Ferdinand à Varsovie, et vingt-cinq mille hommes étaient disséminés dans le Tyrol, dans la Croatie et répandus en partisans sur les confins de la Bohème.
L'armée autrichienne à Esling était composée du premier corps commandé par le général Bellegarde, le seul qui n'eût pas donné et qui fût encore entier, et des débris du deuxième, du troisième, du quatrième, du cinquième et du sixième corps qui avaient été écrasés dans les batailles précédentes. Si ces corps n'avaient rien perdu et eussent été réunis tels qu'ils étaient au commencement de la campagne, ils auraient formé deux cent quarante mille hommes. L'ennemi n'avait pas plus de quatre-vingt-dix mille hommes, ainsi l'on voit combien sont énormes les pertes qu'il avait éprouvées.
Lorsque l'archiduc Jean est entré en campagne, son armée était composée des huitième et neuvième corps, formant quatre-vingt mille hommes. A Raab elle se trouvait de cinquante mille hommes.
Sa perte aurait donc été de trente mille hommes. Mais dans ces cinquante mille hommes étaient compris quinze mille Hongrois de l'insurrection.
Sa perte était donc réellement de quarante-cinq mille hommes.
L'archiduc Ferdinand était entré à Varsovie avec le septième corps formant quarante mille hommes. Il est réduit à vingt-cinq mille. Sa perte est donc de quinze mille hommes.
On voit comment ces différens calculs se vérifient.
Le vice-roi a battu à Raab cinquante mille hommes avec trente mille Français.
A Esling quatre-vingt-dix mille hommes ont été battus et contenus par trente mille Français qui les auraient mis dans une complète déroute et détruits, sans l'événement des ponts qui a produit le défaut de munitions.
Les grands efforts de l'Autriche ont été le résultat du papier-monnaie, et de la résolution que le gouvernement autrichien a prise de jouer le tout pour le tout. Dans le péril d'une banqueroute qui aurait pu amener une révolution, il a préféré ajouter cinq cents millions à la masse de son papier-monnaie, et tenter un dernier effort pour le faire escompter par l'Allemagne, l'Italie et la Pologne. Il est fort probable que cette raison ait influé plus que toute autre, sur ses déterminations.
Pas un seul régiment français n'a été tiré d'Espagne, si ce n'est la garde impériale.
Le général comte Lauriston continue le siège de Raab avec la plus grande activité. La ville brûle déjà depuis vingt-quatre heures, et cette armée qui a remporté à Esling une si grande victoire, qu'elle s'est emparée de vingt mille fusils et de deux mille cuirasses ; cette armée qui, à la bataille de Kitsée, a tué tant de monde et fait tant de prisonniers ; cette armée qui, selon ses bulletins apocryphes, a obtenu de si grands avantages à la bataille de Raab, voit tranquillement assiéger et brûler ses principales places et inonder la Hongrie de partis, et fait sauver son impératrice, ses dicastères, tous les effets précieux de son gouvernement, jusqu'aux frontières de la Turquie et aux extrémités les plus reculées de l'Europe.
Un major autrichien a eu la fantaisie de passer le Danube sur deux bateaux à l'embouchure de la Marsch. Le général Gilly-Vieux s'est porté à sa rencontre avec quelques compagnies, l'a jeté dans l'eau et lui a fait quarante prisonniers.
Vienne, 24 juin 1809.
Vingt-deuxième bulletin de la grande armée.
La place de Raab a capitulé. Cette ville est une excellente position au centre de la Hongrie. Son enceinte est bastionnée, ses fossés sont pleins d'eau, et une inondation en couvre une hommes, la principale armée autrichienne avait, avant la bataille d'Esling quatre-vingt-dix mille hommes ; il restait donc, vingt-cinq mille hommes à
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