Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
l'archiduc Ferdinand à Varsovie, et vingt-cinq mille hommes étaient disséminés dans le Tyrol, dans la Croatie et répandus en partisans sur les confins de la Bohème.
L'armée autrichienne à Esling était composée du premier corps commandé par le général Bellegarde, le seul qui n'eût pas donné et qui fût encore entier, et des débris du deuxième, du troisième, du quatrième, du cinquième et du sixième corps qui avaient été écrasés dans les batailles précédentes. Si ces corps n'avaient rien perdu et eussent été réunis tels qu'ils étaient au commencement de la campagne, ils auraient formé deux cent quarante mille hommes. L'ennemi n'avait pas plus de quatre-vingt-dix mille hommes, ainsi l'on voit combien sont énormes les pertes qu'il avait éprouvées.
Lorsque l'archiduc Jean est entré en campagne, son armée était composée des huitième et neuvième corps, formant quatre-vingt mille hommes. A Raab elle se trouvait de cinquante mille hommes. Sa perte aurait donc été de trente mille hommes. Mais dans ces cinquante mille hommes étaient compris quinze mille Hongrois de l'insurrection. Sa perte était donc réellement de quarante-cinq mille hommes.
L'archiduc Ferdinand était entré à Varsovie avec le septième corps formant quarante mille hommes. Il est réduit à vingt-cinq mille.
Sa perte est donc de quinze mille hommes.
On voit comment ces différens calculs se vérifient.
Le vice-roi a battu à Raab cinquante mille hommes avec trente mille Français.
A Esling quatre-vingt-dix mille hommes ont été battus et contenus par trente mille Français qui les auraient mis dans une complète déroute et détruits, sans l'événement des ponts qui a produit le défaut de munitions.
Vienne, 28 juin 1809.
Vingt-troisième bulletin de la grande armée.
Le 25 de ce mois, S. M. a passé en revue un grand nombre de troupes sur les hauteurs de Schoenbrunn. On a remarqué une superbe ligne de huit mille hommes de cavalerie dont la garde faisait partie, et où ne se trouvait pas un régiment de cuirassiers. On a remarqué également une ligne de deux cents pièces de canon. La tenue et l'air martial des troupes excitaient l'admiration des spectateurs.
Samedi 24, à quatre heures après-midi, nos troupes sont entrées à Raab. Le 25, la garnison prisonnière de guerre est partie. Décompte fait, elle s'est trouvée monter à deux mille cinq cents hommes.
S. M. a donné au général de division Narbonne le commandement de cette place et de tous les comitats hongrois soumis aux armes françaises.
Le duc d'Auerstaedt est devant Presbourg. L'ennemi travaillait à des fortifications. On lui a intimé de cesser ses travaux s'il ne voulait pas attirer de grands malheurs sur les paisibles habitans. Il n'en a tenu compte : quatre cents bombes et obus l'ont forcé de renoncer à son projet, mais le feu a pris dans cette malheureuse ville, et plusieurs quartiers ont été brûlés.
Le duc de Raguse avec l'armée de Dalmatie a passé la Drave le 22, et marchait sur Dratz.
Le 24, le général Vandamme a fait embarquer à Molck trois cents Wurtembergeois commandés par le général Kechler, pour les jeter sur l'autre rive, et avoir des nouvelles. Le débarquement s'est fait. Ces troupes ont mis en déroute deux compagnies ennemies, et ont pris deux officiers et quatre-vingts hommes du régiment de Mitrowski.
Le prince de Ponte-Corvo et l'armée saxonne sont à Saint-Polien.
Le duc de Dantzick qui est à Lintz, a fait faire une reconnaissance sur la rive gauche par le général de Wrede.
Tous les postes ennemis ont été repoussés. On a pris plusieurs officiers et une vingtaine d'hommes. L'objet de cette reconnaissance était aussi de se procurer des nouvelles.
La ville de Vienne est abondamment approvisionnée de viande ; l'approvisionnement de pain est plus difficile à cause des embarras qu'on éprouve pour la mouture. Quant aux subsistances de l'armée, elles sont assurées pour six mois : elle a des vivres, du vin et des légumes en abondance. Le vin des caves des couvens a été mis en magasin pour fournir aux distributions à faire à l'armée. On a réuni ainsi plusieurs millions de bouteilles.
Le 10 avril, au moment même où le général autrichien prostituait son caractère et tendait un piège au roi de Bavière, en écrivant la lettre qui a été insérée dans tous les papiers publics, le général Chasteller insurgeait le Tyrol et surprenait sept cents conscrits français qui allaient à
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