Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
point du continent qu'ils se trouvent et où elle peut les atteindre ; et si dans ce système il y a quelque chose de peu conforme à l'esprit du siècle, c'est l'injustice des nouvelles lois anglaises qu'il faut en accuser.
Je me suis plu à entrer dans ces développemens avec vous, pour vous faire voir que votre réunion à l'empire est une suite nécessaire des lois britanniques de 1806 et 1807, et non l'effet d'aucun calcul ambitieux. Vous trouverez dans mes lois civiles une protection que, dans votre position maritime, vous ne sauriez plus trouver dans les lois politiques. Le commerce maritime, qui a fait votre prospérité, ne peut renaître désormais qu'avec ma puissance maritime. Il faut reconquérir à la fois les droits des nations, la liberté des mers et la paix générale. Quand j'aurai plus de cent vaisseaux de haut-bord, je soumettrai dans peu de campagnes l'Angleterre. Les matelots de vos côtes et les matériaux qui arrivent aux débouchés de vos rivières me sont nécessaires. La France, dans ses anciennes limites, ne pouvait construire une marine en temps de guerre : lorsque ses côtes étaient bloquées, elle était réduite à recevoir la loi. Aujourd'hui, par l'accroissement qu'a reçu mon empire depuis six ans, je puis construire, équiper et armer vingt-cinq vaisseaux de haut-bord par an, sans que l'état de guerre maritime puisse l'empêcher ou me retarder en rien.
Les comptes qui m'ont été rendus du bon esprit qui anime vos concitoyens, m'ont fait plaisir ; et j'espère, avant peu, avoir à me louer du zèle et de la bravoure de vos matelots.»
Paris, 22 mars 1811.
Réponse de l'empereur à une députation du sénat et du conseil d'état, envoyée pour le féliciter sur la naissance de son fils le roi de Rome.
Au Sénat.
Sénateurs,
«Tout ce que la France me témoigne dans cette circonstance va droit à mon coeur. Les grandes destinées de mon fils s'accompliront. Avec l'amour des Français, tout lui deviendra facile.
J'agrée les sentimens que vous m'exprimez.»
Au conseil d'état.
Messieurs les conseillers d'état,
«J'ai ardemment désiré ce que la providence vient de m'accorder. Mon fils vivra pour le bonheur et la gloire de la France. Nos enfans se dévoueront pour son bonheur et sa gloire.
Je vous remercie des sentimens que vous m'exprimez.»
Saint-Cloud, 25 avril 1811.
Lettre de l'empereur aux évêques de France, pour les inviter à se rassembler en concile.
«Monsieur l'évêque de....les églises les plus illustres et les plus populeuses de l'empire sont vacantes ; une des parties contractantes du concordat l'a méconnu. La conduite que l'on a tenue en Allemagne depuis dix ans a presque détruit l'épiscopat dans cette partie de la chrétienté : il n'y a aujourd'hui que huit évêques ; grand nombre de diocèses sont gouvernés par des vicaires apostoliques ; on a troublé les chapitres dans le droit qu'ils ont de pourvoir, pendant la vacance du siège, à l'administration du diocèse, et l'on a ourdi des manoeuvres ténébreuses tendantes à exciter la discorde et la sédition parmi nos sujets. Les chapitres ont rejeté des brefs contraires à leurs droits et aux saints canons.
Cependant les années s'écoulent, de nouveaux évêchés viennent à vaquer tous les jours : s'il n'y était pourvu promptement, l'épiscopat s'éteindrait en France et en Italie comme en Allemagne. Voulant prévenir un état de choses si contraire au bien de notre religion, aux principes de l'église gallicane, et aux intérêts de l'état, nous avons résolu de réunir, au 9 juin prochain, dans l'église de Notre-Dame de Paris, tous les évêques de France et d'Italie en concile national.
Nous désirons donc qu'aussitôt que vous aurez reçu la présente, vous ayez à vous mettre en route, afin d'être arrivé dans notre bonne ville de Paris dans la première semaine du mois de juin.
Cette lettre n'étant à autre fin, nous prions Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.»
NAPOLÉON.
Rambouillet, 18 août 1811.
Lettre de l'empereur aux evêques.
«Monsieur l'évêque de......, la naissance du roi de Rome est une occasion solennelle de prières et de remercîmens envers l'auteur de tous biens. Le 9 juin, jour de la Trinité, nous irons nous-même le présenter au baptême dans l'église de Notre-Dame de Paris. Notre intention est que le même jour nos peuples se réunissent dans leurs églises pour assister au Te Deum, et joindre leurs prières et leurs voeux aux
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