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Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.

Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.

Titel: Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V. Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Napoléon Bonaparte
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faire reculer dans la plaine une partie de notre cavalerie.
    On envoya deux autres bataillons pour se tenir en potence sur l'extrême gauche de la division qui avait manoeuvré sur nos flancs, afin de n'avoir de ce côté aucune inquiétude ; le reste fut disposé en réserve, partie pour occuper la potence en arrière de Mont-Saint-Jean, partie sur le plateau en arrière du champ de bataille qui formait notre position en retraite.
Dans cet état de choses, la bataille était gagnée ; nous occupions toutes les positions que l'ennemi occupait au commencement de l'action ; notre cavalerie ayant été trop tôt et mal employée, nous ne pouvions plus espérer de succès décisifs. Mais le maréchal Grouchy ayant appris le mouvement du corps prussien, marchait sur le derrière de ce corps, ce qui nous assurait un succès éclatant pour la journée du lendemain. Après huit heures de feu et de charges d'infanterie et de cavalerie, toute l'armée voyait avec satisfaction la bataille gagnée et le champ de bataille en notre pouvoir.
Sur les huit heures et demie, les quatre bataillons de la moyenne garde qui avaient été envoyés sur le plateau au-delà de Mont-Saint-Jean pour soutenir les cuirassiers, étant gênés par la mitraille, marchèrent à la baïonnette pour enlever les batteries. Le jour finissait ; une charge faite sur leur flanc par plusieurs escadrons anglais les mit en désordre ; les fuyards repassèrent le ravin ; les régimens voisins qui virent quelques troupes appartenant à la garde à la débandade, crurent que c'était de la vieille garde et s'ébranlèrent : les cris tout est perdu, la garde est repoussée, se firent entendre ; les soldats prétendent même que sur plusieurs points, des malveillans apostés ont crié sauve qui peut ! Quoi qu'il en soit, une terreur panique se répandit tout à la fois sur tout le champ de bataille ; on se précipita dans le plus grand désordre sur la ligne de communication ; les soldats, les canonniers, les caissons se pressaient pour y arriver ; la vieille garde, qui était en réserve, en fut assaillie, et fut elle-même entraînée.
    Dans un instant, l'armée ne fut plus qu'une masse confuse ; toutes les armes étaient mêlées, et il était impossible de reformer un corps.
 L'ennemi, qui s'aperçut de cette étonnante confusion, fit déboucher des colonnes de cavalerie ; le désordre augmenta ; la confusion de la nuit empêcha de rallier les troupes et de leur montrer leur erreur.
Ainsi une bataille terminée, une journée de fausses mesures réparées, de plus grands succès assurés pour le lendemain, tout fut perdu par un moment de terreur panique. Les escadrons même de service, rangés à côté de l'empereur, furent culbutés et désorganisés par ces flots tumultueux, et il n'y eut plus d'autre chose à faire que de suivre le torrent. Les parcs de réserve, les bagages qui n'avaient point repassé la Sambre, et tout ce qui était sur le champ de bataille sont restés au pouvoir de l'ennemi. Il n'y a eu même aucun moyen d'attendre les troupes de notre droite ; on sait ce que c'est que la plus brave armée du monde, lorsqu'elle est mêlée et que son organisation n'existe plus.
L'empereur a passé la Sambre à Charleroi le 19, à cinq heures du matin ; Philippeville et Avesne ont été donnés pour points de réunion. Le prince Jérôme, le général Morand et les autres généraux y ont déjà rallié une partie de l'armée. Le maréchal Grouchy, avec le corps de la droite, opère son mouvement sur la Basse-Sambre.
La perte de l'ennemi doit avoir été très-grande, à en juger par les drapeaux que nous lui avons pris, et par les pas rétrogrades qu'il avait faits. La nôtre ne pourra se calculer qu'après le ralliement des troupes. Avant que le désordre éclatât, nous avions déjà éprouvé des pertes considérables, surtout dans notre cavalerie, si funestement et pourtant si bravement engagée. Malgré ces pertes, cette valeureuse cavalerie a constamment gardé la position qu'elle avait prise aux Anglais, et ne l'a abandonnée que quand le tumulte et le désordre du champ de bataille l'y ont forcée.
    Au milieu de la nuit et des obstacles qui encombraient la route, elle n'a pu elle-même conserver son organisation.
L'artillerie, comme à son ordinaire, s'est couverte de gloire. Les voitures du quartier-général étaient restées dans leur position ordinaire, aucun mouvement rétrograde n'ayant été jugé nécessaire. Dans le

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