Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
en bataille avec son artillerie, le 25, sur la position que l'ennemi occupait la veille.
L'empereur porta son quartier-général le 24 au village de Ghorodnia. A sept heures du matin, six mille cosaques, qui s'étaient glissés dans les bois, firent un houra général sur les derrières de la position, et enlevèrent six pièces de canon qui étaient parquées.
Le duc d'Istrie se porta au galop avec toute la garde à cheval : cette horde fut sabrée, ramenée et jetée dans la rivière ; on lui reprit l'artillerie qu'elle avait prise, et plusieurs voitures qui lui appartenaient ; six cents de ces cosaques ont été tués, blessés ou pris ; trente hommes de la garde ont été blessés, et trois tués. Le général de division comte Rapp a eu un cheval tué sous lui : l'intrépidité dont ce général a donné tant de preuves, se montre dans toutes les occasions. Au commencement de la charge, les officiers de cosaques appelaient la garde, qu'ils reconnaissaient, muscadins de Paris. Le major des dragons Letort s'était fait remarquer. A huit heures, l'ordre était rétabli.
L'empereur se porta à Maloiaroslawetz, reconnut la position de l'ennemi, et ordonna l'attaque pour le lendemain ; mais dans la nuit l'ennemi a battu en retraite. Le prince d'Eckmülh l'a poursuivi pendant six lieues ; l'empereur alors l'a laissé aller, et a ordonné le mouvement sur Vereia.
Le 26, le quartier-général était à Borowsk, et le 25 à Vereia. Le prince d'Eckmülh est ce soir à Borowsk ; le maréchal duc d'Elchingen à Mojaïsk.
Le temps est superbe, les chemins sont beaux : c'est le reste de l'automne : ce temps durera encore huit jours, et à cette époque nous serons rendus dans nos nouvelles positions.
Dans le combat de Maloiaroslawetz, la garde italienne s'est distinguée ; elle a pris la position et s'y est maintenue. Le général baron Delzons, officier distingué, a été tué de trois balles. Notre perte est de quinze cents hommes tués ou blessés ; celle des ennemis est de six à sept mille. On a trouvé sur le champ de bataille dix-sept cents Russes, parmi lesquels onze cents recrues habillées de vestes grises, ayant à peine deux mois de service.
L'ancienne infanterie russe est détruite ; l'armée russe n'a quelque consistance que par les nombreux renforts de cosaques récemment arrivés du Don.
Des gens instruits assurent qu'il n'y a dans l'infanterie russe que le premier rang composé de soldats, et que les deuxième et troisième rangs sont remplis par des recrues et des milices, que, malgré la parole qu'on leur avait donnée, on y a incorporées. Les Russes ont eu trois généraux tués. Le général comte Pino a été légèrement blessé.
Smolensk, le 11 novembre 1812.
Vingt-huitième bulletin de la grande armée.
Le quartier-général impérial était, le 1er novembre, à Viazma, et le 9 à Smolensk. Le temps a été très beau jusqu'au 6 ; mais, le 7, l'hiver a commencé, la terre s'est couverte de neige. Les chemins sont devenus très-glissans et très-difficiles pour les chevaux de trait. Nous en avons perdu beaucoup par le froid et les fatigues ; les bivouacs de la nuit leur nuisent beaucoup.
Depuis le combat de Maloiaroslawetz, l'avant-garde n'avait pas vu l'ennemi, si ce n'est les cosaques qui, comme les Arabes, rôdent sur les flancs et voltigent pour inquiéter.
Le 2, à deux heures après-midi, douze mille hommes d'infanterie russe, couverts par une nuée de cosaques, coupèrent la route, à une lieue de Viasma, entre le prince d'Eckmülh et le vice-roi. Le prince d'Eckmülh et le vice-roi firent marcher sur cette colonne, la chassèrent du chemin, la culbutèrent dans les bois, lui prirent un général-major avec bon nombre de prisonniers, et lui enlevèrent six pièces de canon ; depuis on n'a plus vu l'infanterie russe, mais seulement des cosaques.
Depuis le mauvais temps du 6, nous avons perdu plus de trois mille chevaux de trait, et près de cent de nos caissons ont été détruits.
Le général Wittgenstein ayant été renforcé par les divisions russes de Finlande et par un grand nombre de troupes de milice, a attaqua le 18 octobre, le maréchal Gouvion-Saint-Cyr ; il a été repoussé par ce maréchal et par le général de Wrede, qui lui ont fait trois mille prisonniers, et ont couvert le champ de bataille de ses morts.
Le 20, le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, ayant appris que le maréchal duc de Bellune, avec le neuvième corps, marchait pour le renforcer, repassa la
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