Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
torrent et dans une belle position. Il l'en a déposté, lui a tué un millier d'hommes et fait cinq cents prisonniers.
Un cosaque qui a été arrêté, était porteur de l'ordre de brûler les bagages de l'arrière-garde russe. Effectivement, huit cents voitures russes ont été brûlées, des bagages et vingt pièces de canon ont été ramassés par nous sur les routes ; plusieurs colonnes de cosaques sont coupées : on les poursuit.
Le 8, à midi, le vice-roi est entré à Dresde. L'ennemi, indépendamment du grand pont qu'il avait rétabli, avait jeté trois ponts sur l'Elbe. Le vice-roi ayant fait marcher des troupes dans la direction de ces ponts, l'ennemi y a mis le feu sur-le-champ ; les trois têtes de pont qui les couvraient ont été enlevées.
Le même jour 8, à neuf heures du matin, le comte Lauriston était arrivé à Meissen. Il y a trouvé trois redoutes avec des blockhaus que les Prussiens y avaient construites : ils avaient brûlé le pont.
Toute la rive de l'Elbe est libre de l'ennemi.
S. M. l'empereur est arrivé à Dresde le 8, à une heure après-midi. L'empereur, en faisant le tour de la ville, s'est porté sur-le-champ au chantier de construction à la porte de Pirna, et de là au village de Prielsnitz, où S. M. a ordonné qu'on jetât un pont. S. M. est revenue à sept heures du soir de sa reconnaissance, au palais où elle est logée.
La vieille garde a fait son entrée à Dresde à huit heures du soir.
Le 9, à trois heures du matin, l'empereur a fait placer lui-même sur un des bastions qui domine la rive droite, une batterie qui a chassé l'ennemi de la position qu'il occupait de ce côté.
Le prince de la Moskwa marche sur Torgau.
La relation que l'ennemi a faite de la bataille de Lutzen n'est qu'une série de faussetés. On assure ici que l'ordre avait été donné de chanter un Te Deum, mais que des gens du pays qui leur étaient affidés ont fait sentir que ce serait ridicule ; que ce qui pouvait être bon en Russie, serait par trop absurde en Allemagne.
L'empereur de Russie a quitté Dresde hier matin.
Le fameux Stein est l'objet du mépris de tous les honnêtes gens. Il voulait révolter la canaille contre les propriétaires. On ne revenait pas de surprise de voir des souverains comme le roi de Prusse, et surtout comme l'empereur Alexandre, que la nature a doués de belles qualités, prêter l'appui de leurs noms à des menées aussi criminelles qu'atroces.
Indépendamment des canons et des bagages pris à la poursuite de l'ennemi, nous avons fait à la bataille cinq mille prisonniers, et pris dix pièces de canon. L'ennemi ne nous a pris aucun canon ; mais il a fait cent onze prisonniers. Le général en chef Koutouzow est mort à Bautzen, de la fièvre nerveuse, il y a quinze jours. Il a été remplacé dans le commandement en chef par le général Wittgenstein, qui a débuté par la perte de la bataille de Lutzen.
Le 10 mai au soir.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
Le 9, le colonel Lasalle, directeur des équipages de pont, a commencé à faire établir des radeaux pour le pont qu'on jette au village de Prielsnitz. On y a établi également un va-et-vient. Trois cents voltigeurs ont été jetés sur la rive droite, sous la protection de vingt pièces de canon placées sur une hauteur.
A dix heures du matin, l'ennemi s'est avancé pour culbuter ces tirailleurs dans l'eau. Il a pensé qu'une batterie de douze pièces serait suffisante pour faire taire les nôtres ; la canonnade s'est engagée : les pièces de l'ennemi ont été démontées ; trois bataillons qu'il avait fait avancer en tirailleurs ont été écrasés sous notre mitraille : l'empereur s'y est porté ; le général Dulauloy s'est placé avec le général Devaux et dix-huit pièces d'artillerie légère sur la gauche du village de Prielsnitz, position qui prend à revers toute la plaine de la rive droite : le général Drouet s'est porté avec seize pièces sur la droite : l'ennemi a fait avancer quarante pièces de canon ; nous en avons mis jusqu'à quatre-vingts en batterie.
Pendant ce temps, on traçait un boyau sur la rive droite, en forme de tête de pont, où nos tirailleurs s'établissaient à couvert. Après avoir eu douze à quinze pièces démontées, et quinze à dix-huit cents hommes tués ou blessés, l'ennemi comprit la folie de son entreprise, et à trois heures de l'après-midi il s'éloigna.
On a travaillé toute la nuit au pont ; mais l'Elbe a crû ; quelques ancres ont
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