Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
Dobrilugk.
Le comte Bertrand était à Koenigsbruck.
Le duc de Tarente, avec le onzième corps, était campé entre Bischoffswerda et Bautzen. Il avait dans les journées du 11 et du 12, poursuivi vivement l'armée ennemie. Le général Miloradowitch avec une arrière-garde de vingt mille hommes et quarante pièces de canon, a voulu, le 12, tenir les positions de Fischbach, de Capellenberg, et celle de Bischoffswerda, ce qui a donné lieu à trois combats successifs, dans lesquels nos troupes se sont conduites avec la plus grande intrépidité ; la division Charpentier s'est distinguée à l'attaque de droite ; l'ennemi a été tourné dans ses positions et débusqué sur tous les points ; une de ses colonnes a été coupée. Nous lui avons fait cinq cents prisonniers. Il a eu plus de quinze cents hommes tués ou blessés. L'artillerie du onzième corps a tiré deux mille coups de canon dans ce combat.
Les débris de l'armée prussienne, conduite par le roi de Prusse, qui avaient passé à Meissen, se sont dirigés par Koenigsbruck sur Bautzen pour se réunir à l'armée russe.
Le corps du duc de Reggio a passé hier à midi le pont de Dresde.
L'empereur a passé la revue du corps de cavalerie et des beaux cuirassiers du général Latour-Maubourg.
On dit que les Russes conseillent aux Prussiens de brûler Potsdam et Berlin, et de dévaster toute la Prusse.
Ils commencent eux-mêmes à donner l'exemple ; ils ont brûlé de gaîté de coeur la petite ville de Bischoffswerda.
Le roi de Saxe a dîné le 13 chez l'empereur.
La deuxième division de la jeune garde, commandée par le général Barrois, est attendue demain 15 à Dresde.
Le 16 mai au soir.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
Le 15, S. M. l'empereur et S. M. le roi de Saxe ont passé la revue de quatre régimens de cavalerie saxons (un de hussards, un de lanciers, et deux régimens de cuirassiers), qui font partie du corps du général Latour-Maubourg. Ensuite LL. MM. ont visité le champ de bataille et la tête de pont de Prielnitz.
Le duc de Tarente s'était mis en mouvement le 15, à cinq heures du matin, pour se porter vis-à-vis Bautzen.
Il a rencontré au débouché du bois l'arrière-garde ennemie ; quelques charges de cavalerie ont été essayées contre notre infanterie, mais sans succès. L'ennemi ayant voulu tenir dans cette position, la fusillade s'est engagée, et il a été déposté.
Nous avons eu deux cent cinquante hommes tués ou blessés dans cette affaire d'arrière-garde. On estime la perte de l'ennemi de sept à huit cents hommes, dont deux cents prisonniers.
La deuxième division de la jeune garde, commandée par le général Barrois, est arrivée hier à Dresde.
Toute l'armée a passé l'Elbe.
Indépendamment du grand pont de Dresde, il a été établi un pont de bateaux en aval, et un autre en amont de la ville. Trois mille ouvriers travaillent à couvrir la nouvelle ville par une tête de pont.
La gazette de Berlin, du 8 mai, contenait le règlement de la landsturm. On ne peut pousser la folie plus loin ; mais il est à prévoir que les habitans de la Prusse ont trop de sens, et sont trop attachés aux vrais principes de la propriété, pour imiter des barbares qui n'ont rien de sacré.
A la bataille de Lutzen, un régiment composé de l'élite de la noblesse prussienne, et qui se faisait appeler cosaques prussiens, a été presque entièrement détruit ; il n'en reste pas quinze hommes ; ce qui a mis en deuil toutes les familles.
Ces cosaques singeaient réellement les cosaques du Don. De pauvres jeunes gens délicats avaient à la main la lance, qu'ils soutenaient à peine, et étaient costumés comme de vrais cosaques.
Que dirait Frédéric, dont les ouvrages sont pleins d'expressions de mépris pour ces hideuses milices, s'il voyait que son petit-neveu y cherche aujourd'hui des modèles d'uniforme et de tenue !
Les cosaques sont mal vêtus ; ils sont sur de petits chevaux presque sans selle et sans harnachement, parce que ce sont des milices irrégulières que les peuplades du Don fournissent, et qui s'établissent à leurs frais. Aller chercher là un modèle pour la noblesse de Prusse, c'est montrer à quel point est porté l'esprit de déraison et d'inconséquence qui dirige les affaires de ce royaume.
Le 18 mai 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
L'empereur était toujours à Dresde. Le 15, le duc de Trévise était parti avec le corps de cavalerie du général Latour-Maubourg et la division
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