Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
Vom Netzwerk:
demeure familiale était un véritable
palais en briques rouges au cœur de Kensington, au 28 Kensington Court.
L’entrée était tapissée de vieux cuir d’Espagne ; la « petite salle à
manger » pouvait accueillir vingt-quatre convives ; quant au salon
Louis XVI, avec ses fauteuils en soie brodée, ses moulures Art Déco et son
« lustre exquis » aux dimensions impressionnantes, il était prévu
pour les grandes assemblées. Les Montagu recevaient en grande pompe :
« Hommes d’État (britanniques et étrangers), diplomates, généraux,
amiraux, etc. » Ces occasions étaient présidées par
« Père » (immense, barbu et grave), « Mère » (petite,
artiste et infatigable), « Mère Grannie », Lady Swaythling, la douairière
qui, aux yeux d’Ewen, ressemblait à « une pièce de porcelaine de Saxe très
animée [qui] comme la plupart des femmes de son milieu, ne faisait jamais rien
elle-même ».
    Ewen et ses frères avaient grandi entourés de domestiques et
de trésors, mais, au regard du ferment idéologique de l’époque, chacun émergea
de l’enfance avec sa personnalité propre. Le fils aîné, Stuart, était pompeux
et dépourvu d’imagination, comme seul un héritier aristocratique anglais
pouvait l’être ; en revanche, le jeune frère d’Ewen, Ivor, refusa l’argent
de la famille et devint communiste engagé, pionnier du tennis de table
britannique, collectionneur d’espèces rares de souris et réalisateur de films
radicaux.
    La maison était équipée d’un ascenseur hydraulique que les
enfants Montagu n’empruntaient jamais : « C’était l’ascenseur des domestiques ,
destiné à transporter des plateaux ou des paniers à linge, ou encore les
employés eux-mêmes lorsqu’ils devaient traverser en passant inaperçu les
appartements de leurs maîtres, car leur présence aurait été contraire aux
conventions. » Il y avait au moins une vingtaine de domestiques (même si
personne ne les comptait), dont un majordome et deux valets de pied, un
cuisinier et des filles de cuisine, deux femmes de chambre, la domestique personnelle
de Mère, une infirmière et une bonne d’enfant, une gouvernante, un secrétaire,
un cocher cockney , un palefrenier et deux chauffeurs. « Être né
dans une famille très riche, où les serviteurs abondaient, rendait la vie
totalement différente », écrivit Ewen.
    Ewen est allé à Westminster School. Il portait le
haut-de-forme et la queue-de-pie et y fut admirablement éduqué et rarement
corrigé. Avant de poursuivre ses études à Trinity College, à Cambridge, il
passa une année à Harvard où il étudia la composition anglaise, mais où il
profita surtout de la grande époque du jazz d’une façon que le Grand Gatsby lui
aurait enviée, en vivant, dans ses propres mots, « la vie mondaine
américaine telle qu’on la voit dans les films ». Cette expérience fit de
Montagu un américanophile convaincu : « Je me sentais redevable aux
Américains pour leur gentillesse à mon égard et j’avais l’impression qu’il
fallait que je leur rende la pareille. » La guerre lui en fournit
l’occasion.
    À Cambridge, Ewen avait un valet personnel et une Lancia
sport biplace de 1910, qu’il appelait « Steve ». Il flirta avec les
Travaillistes mais laissa les courants de pensée les plus extrémistes à son
frère Ivor, qui le suivit à Cambridge un an plus tard et qui était déjà en voie
de devenir un marxiste engagé. Malgré leurs personnalités et leurs opinions
politiques divergentes, Ewen et Ivor étaient très proches. « L’écart entre
les trois frères était surprenant », faisait remarquer Ewen. Stuart
« posait déjà un regard de banquier sur la vie », tandis qu’Ewen et
Ivor n’avaient pas l’intention de suivre la carrière familiale. « Lui et
moi étions plus proches que nous ne l’étions de Stuart, car nous partagions
davantage de centres d’intérêt. »
    « Nous n’avions rien d’autre à faire que de nous
amuser, ajouta Ewen. Et, parfois, travailler. » Toutefois, ils trouvèrent
le temps d’« inventer » le tennis de table. Ivor était un excellent
« pongiste ». Comme le jeu n’avait encore ni règle ni règlement, il
fonda l’Association britannique de Ping-Pong. Jaques, fabricant d’articles de
sport, eut vent de la naissance du club et répliqua sans tarder que sa société
avait déjà déposé le nom « ping pong ». Ewen rétorqua :
« Je lui ai conseillé de

Weitere Kostenlose Bücher