Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
Vom Netzwerk:
besace. Elle portait le nom de
code « Erreur » et était destinée à convaincre les Japonais que
Wavell en personne avait été blessé dans la retraite de Birmanie et avait
laissé divers documents importants dans un véhicule abandonné. En
avril 1942, les faux documents, une photographie de la sœur de Wavell, des
lettres personnelles, des romans et divers objets, avaient été placés dans une
Ford Sedan verte qui avait ensuite été poussée dans une pente menant vers un
pont sur la rivière Irrawaddy, juste devant l’armée japonaise en marche.
L’opération Erreur aurait pu être très amusante, mais « il n’a jamais été
prouvé que les Japonais aient remarqué la voiture et encore moins qu’ils aient
tiré de quelconques conclusions de son contenu ».
    C’était le gros problème posé par la ruse de la
besace : elle était profondément ancrée dans le folklore du renseignement
et elle avait fait l’objet de nombreuses discussions de salon, mais il n’y
avait pour ainsi dire aucune preuve qu’elle n’ait jamais fonctionné.

3

Salle 13
    Pendant son temps libre, John Masterman, président du
Comité XX, écrivait des romans policiers mettant en scène un professeur
d’Oxford, comme lui, et un détective dans la veine de Sherlock Holmes.
Véritable énigme à construire scène par scène, en semant des indices que les
Allemands devaient découvrir, l’opération échafaudée par Charles Cholmondeley
n’était pas pour déplaire à la tournure d’esprit romanesque de Masterman.
Malgré quelques doutes sur la faisabilité du projet, le Comité XX somma
Cholmondeley d’étudier la possibilité de mettre en pratique le plan du Cheval
de Troie sur l’un des fronts de la Seconde Guerre mondiale.
    Les espions, comme les généraux, se battent jusqu’au bout.
Pourtant, les services de renseignement de l’Axe n’avaient pas réagi face aux
documents authentiques qui avaient échoué sur la plage avec le lieutenant
Turner et ils avaient donc manqué une occasion d’anticiper l’opération Torch.
Il était peu probable qu’ils commettent deux fois la même erreur. « Les
Allemands, qui avaient des raisons de regretter la facilité avec laquelle ils
s’étaient laissés surprendre par les débarquements en Afrique du Nord, ne
négligeraient plus aussi facilement des documents stratégiques alliés s’ils
devaient encore en avoir en leur possession. »
    D’après le plan dressé par Cholmondeley, le cadavre serait
livré par la mer. Donc, l’opération devait être sous le contrôle de la Navy. Le
représentant du service de renseignement de la Royal Navy auprès du
Comité XX, le capitaine de corvette Ewen Montagu, fut désigné pour aider
Cholmondeley à étoffer l’idée. Montagu avait lu lui aussi le Mémo de la truite.
Il en était un fervent adepte et il se porta volontaire pour « réfléchir à
la façon de se procurer le corps adéquat, de résoudre les problèmes médicaux et
de dresser un plan ».
    Le choix d’Ewen Montagu comme partenaire de Cholmondeley
pour la planification était parfaitement fortuit, mais heureux. Le grand sens
de l’organisation et la maîtrise du détail de Montagu, avocat et bourreau de
travail, complétaient à merveille l’« imagination fertile » de
Cholmondeley. Autant Cholmondeley était maladroit et charmant, autant Montagu
était doux et acerbe, raffiné, romantique et lumineusement intelligent.
    Alors âgé de quarante-deux ans, Ewen Edwin Samuel Montagu
était le second des trois fils du baron Swaythling, descendant d’une dynastie
de banquiers juifs immensément riches. La première moitié de sa vie n’avait été
faite que de plaisirs sans faille, à la fois matériellement et
intellectuellement. « Mes souvenirs sont faits d’une succession de moments
heureux, écrivit-il en se remémorant son enfance. La chance nous
souriait. »
    Le grand-père de Montagu, qui était le fondateur de la
fortune familiale, avait changé son nom de Samuel en Montagu, à la consonance
plus aristocratique, inspirant un cruel limerick à Hilaire Belloc :
    Montagu, first Baron
Swaythling he,
Thus is known to you and me.
But the Devil down in Hell
Knows the man as Samuel.
And though it may not sound the same
It is the blighter’s proper name. [2]
    Le père d’Ewen avait repris la direction de la banque et
avait gagné encore plus d’argent. Son oncle Edwin fit une carrière politique,
devenant secrétaire d’État à l’Inde. La

Weitere Kostenlose Bücher