Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale
d’établir une mort par noyade. Montagu envoya un message à
Bevan : « Même si personne ne peut être sûr de rien, il ne semble pas
que la crainte que les Allemands apprennent quoi que ce soit par une exhumation
suivie d’une autopsie soit fondée. »
Cependant, une grande dalle en marbre gravé devrait aider à
décourager les pilleurs de tombes, tout en donnant à William Martin la pierre
tombale qu’il méritait. Le 21 mai, Alan Hillgarth reçut un message chiffré
de Londres : « Suggère, à moins que cela ne soit pas l’usage, qu’une
pierre tombale de prix moyen soit posée sur la tombe avec l’inscription je cite
William Martin, né le 29 mars 1907 mort le 24 je répète
24 avril 1943 fils bien-aimé de John Glyndwr je répète Glyndwr Martin
et la défunte Antonia Martin de Cardiff, pays de Galles. Dulce et Decorum
Est Pro Patria Mori . Repose en paix. Fin de citation. »
Montagu fit une faute dans le prénom de Glyndwr Michael dans
son télégramme : l’erreur fut dûment reproduite sur la pierre tombale.
Pendant un instant, les espions changèrent d’avis. Est-ce qu’une grande pierre
tombale n’allait pas paraître suspecte ? « Ceci doit être fait, à
moins que des restrictions de paiement d’Angleterre à l’Espagne ou d’autres
difficultés dues à la guerre rendent difficiles pour un père de s’affranchir de
cette tâche dans des circonstances normales. » Hillgarth répondit immédiatement :
« Merci de m’envoyer un message chiffré ordinaire disant que la famille
aimerait que la pierre soit posée et j’y procéderai immédiatement. »
On pouvait faire confiance aux espions allemands à
l’ambassade britannique pour intercepter le télégramme et le transmettre à
l’Abwehr par les voies habituelles. Mettant la touche finale à la mise en
scène, l’équipe Mincemeat écrivit : « Suggère que le consul dépose
une couronne avec une carte sur laquelle était écrit je cite De la part de Père
et de Pam fin de la citation. » Mario Toscana, le tailleur de dalles
funéraires de Huelva, reçut l’instruction de préparer la pierre « le plus
vite possible ». Francis Haselden envoya la couronne, ainsi que plusieurs
bouquets de fleurs cueillies dans le jardin de Casa Colón, le quartier général
de la compagnie du Rio Tinto. « L’objectif était non seulement de faire ce
qui aurait probablement eu lieu dans la vraie vie, mais aussi de faire en sorte
que la tombe soit suffisamment fréquentée pour décourager toute exhumation
secrète et illicite pour une plus ample autopsie. » Albert Shutte,
l’acolyte de Haselden, rendait une visite quotidienne à la tombe,
ostensiblement en tant qu’endeuillé officiel, mais en réalité pour voir si les
fleurs avaient été déplacées et la tombe dérangée.
Hillgarth composa et dicta une lettre, adressée à
« John G. Martin ESQ » mais à l’attention de Kuhlenthal et de
ses espions :
Monsieur,
Conformément aux instructions de l’Amirauté, j’ai pris
mes dispositions pour faire poser une pierre tombale pour la sépulture de mon
fils. Ce sera une simple dalle en marbre blanc portant l’inscription que vous
m’avez envoyée par le biais de l’Amirauté et il en coûtera 900 pesetas.
La tombe elle-même coûte 500 pesetas, et, comme vous
devez le savoir, elle se trouve dans le cimetière catholique.
Une couronne accompagnée d’une carte avec le message que
vous avez demandé a été posée sur la tombe. Les fleurs provenaient du jardin
d’une compagnie minière anglaise à Huelva.
J’ai pris la liberté de remercier le Vice-Consul, à Huelva,
de votre part pour tout ce qu’il a fait.
Permettez-moi de vous adresser, ainsi qu’à la fiancée de
votre fils, l’expression de ma profonde sympathie dans votre grande peine.
Votre fidèle serviteur,
Alan Hillgarth
Au même moment, Montagu envoya un message à Hillgarth,
visant le même public : « Le père, la fiancée et les amis du major
Martin m’ont demandé de vous remercier pour le mal que le vice-consul et
vous-même vous êtes donné pour ses funérailles et pour dire combien ils
apprécient la promptitude avec laquelle vous avez renvoyé ses effets
personnels. Malgré leur petit nombre, le major Martin étant fils unique et à
peine fiancé, ils seront gardés précieusement. » C’était la confirmation
pour les Allemands que tout l’attirail de Martin était bien revenu en
Angleterre. « Pourriez-vous lui faire
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