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Par ce signe tu vaincras

Par ce signe tu vaincras

Titel: Par ce signe tu vaincras Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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retrouveriez au Paradis ou en Enfer.
    Il m’a dit que vous aviez d’ailleurs déjà séjourné en Enfer.
    De Barcelone, a-t-elle ajouté, le marchand toscan ferait parvenir un message au comte Diego de Sarmiento, car il n’était pas sûr que don Garcia Luis de Cordoza l’avait fait.
    Je me suis saisi du livre et l’ai serré contre ma poitrine.
    La femme s’est assise sur le tabouret. La lumière tombait de la meurtrière, éclairait ses mains aux doigts fuselés, aux ongles nacrés.
    — Je suis en prison comme toi, a-t-elle murmuré.
    Elle a avancé les lèvres et je n’avais plus vu que cette bouche boudeuse.
    — Mais – elle a montré les murs du réduit – il n’y a pour me retenir ni mur ni porte. Je peux sortir du Presidio à ma guise, monter jusqu’à l’Alhambra, longer le río Darro ; je peux choisir l’église où je vais prier…
    Elle a ri.
    — Je suis chrétienne, comme toi !
    D’un mouvement rapide de la main gauche, elle a retiré sa mantille et passé les doigts entre ses mèches noires.
    — Mon sang est maure, a-t-elle précisé. Ma lignée est noble, sache le. Je suis une Thagri.
    Elle ne souriait plus mais s’est mise à parler de sa voix rauque, murmurant que tous les chrétiens ignoraient l’histoire des glorieux royaumes de Cordoue et de Grenade. Qu’ils regardent l’Alhambra ! Qu’ils mesurent la grandeur du royaume des Maures à la hauteur des murailles de ce palais ! Mais la force des Maures avait été défaite par une jeune esclave espagnole, Isabelle de Solis. Elle s’était convertie à l’islam, elle était devenue Thouraiya, et avait rendu fou de passion – aveugle, aussi – le roi Mohamed. Alors était venu le temps infortuné des rois lâches, des rois pleureurs, de Boabdil…
    Elle s’est levée.
    — J’étais Aïcha. Mais j’ai reçu le baptême. Je porte le nom de celle que vous appelez Vierge Marie. Je m’appelle Lela Marien.
    Elle a ouvert la porte.
    — Je gouverne le cœur et le corps de don Garcia Luis de Cordoza. C’est moi qui ai obtenu que Michele Spriano soit libéré.
    Elle est revenue vers moi, m’a effleuré la joue du bout de ses ongles.
    — Et toi, que veux-tu ?

24.
    Seigneur, pardonnez-moi, mais j’ai offert mon corps et mon âme à celle à qui on avait donné comme nom de baptême Lela Marien.
    Lorsque nous étions couchés côte à côte sous les voiles, dans la chambre située dans l’une des tours du Presidio, non loin de mon réduit de prisonnier, elle répétait souvent comme une incantation : « Lela Marien », puis me disait d’une voix fière et forte : « Marien, Marie… Je porte le nom de la Vierge Marie, la mère de Dieu ! »
    Elle se redressait. Elle était nue.
    J’avais été surpris, lorsque je l’avais découverte et caressée pour la première fois, par ses seins lourds, ses hanches larges. Serrée dans sa robe noire, je n’avais pas imaginé qu’elle pût être, en dessous, ce fruit pulpeux.
    Elle s’asseyait, jambes croisées, ses cheveux noirs couvrant ses épaules en longues boucles. Souvent elle posait ses deux paumes sous ses seins comme si elle avait voulu les soutenir ou les palper.
    Elle se penchait vers moi et son corps touchait le mien, mais, lorsque je voulais la saisir, elle se dérobait.
    Car c’est elle qui me possédait. Elle qui m’initiait. Elle qui veillait à me raccompagner dans ma prison avant que don Garcia Luis de Cordoza ne rentre de ses inspections.
    Le capitaine général s’absentait parfois plusieurs jours pour se rendre à Cordoue et jusqu’à Carthagène ou Séville.
    Lela Marien me rapportait que ses voyages l’épuisaient, mais que le roi et l’empereur exigeaient que l’on veillât sur l’Andalousie.
    — Les Espagnols l’ont conquise, mais ils ont peur, murmurait Lela Marien.
    Elle nouait ses mains derrière sa nuque et se balançait lentement d’avant en arrière.
    Elle courbait et même pliait son corps, qui n’avait rien de gracile, sans aucun effort. Tout en restant assise, elle embrassait ma poitrine alors que j’étais allongé. La pointe de ses seins me frôlait. Puis elle s’éloignait et se renversait, les hanches et les jambes toujours immobiles, si bien que sa nuque effleurait le lit, ses seins se gonflaient, tendus, provocants.
    — Tu es chrétien, mais tu n’es pas espagnol, reprenait-elle en se redressant. Les Espagnols sont des porcs, des chiens, non parce qu’ils sont chrétiens, mais parce qu’ils sont

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