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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Templiers avaient parlé de l’Orient
et des batailles auxquelles ils avaient participé, parfois à un contre dix,
mais qu’ils avaient toujours gagnées, car Dieu était avec les croisés. Après le
repas, Basile était resté seul avec eux et leur avait avoué ses
angoisses : il était terrorisé. Si Richard venait avec une armée avant
qu’il ne reçoive des secours, comment défendrait-il le château qu’on lui avait
laissé en garde ?
    Il avait interrogé les moines soldats : eux
qui avaient guerroyé contre des infidèles bien plus nombreux que les armées
chrétiennes, n’avaient-ils pas des conseils à lui donner ?
    Le plus âgé, un grand maître du Temple, n’avait
pas répondu tout de suite, comme si la réponse l’embarrassait. Mais Basile
avait insisté, aussi le Templier lui avait-il énigmatiquement conseillé de
prendre exemple sur les créatures du Seigneur.
    Comme Basile ne comprenait pas, le grand maître
s’était expliqué plus clairement :
    — J’ai observé en Orient que, dans son
infinie sagesse, Dieu a permis aux plus faibles de se défendre. Certaines
créatures sont petites et fragiles, mais pourtant capables de provoquer la
mort.
    Il avait cité des poissons, des araignées, des
scorpions et des serpents.
    Pierre Basile l’avait écouté avec attention,
surtout quand le Templier lui avait raconté comment le capitaine d’une place
assiégée avait obtenu la levée du siège en blessant le chef ennemi avec une
flèche trempée dans du venin de vipère. Leur commandant mort, les mahométans
avaient abandonné.
    — C’est un moyen diabolique ! s’était
offusqué Basile en se signant. L’Église condamne de telles pratiques qui
peuvent valoir l’excommunication.
    — Croyez-vous ? avait demandé le
Templier d’une voix douce.
    Il avait planté son regard dans le sien :
    — Dites-moi, gracieux chevalier, qui a créé
les animaux venimeux… Dieu ou Satan ?
    — Notre Seigneur est le créateur de toutes
choses, avait reconnu Basile.
    — Donc, il a créé le venin ! avait
affirmé le grand maître en écartant les mains. Et s’il l’a fait, n’était-ce pas
pour que ses créatures l’utilisent ?
    — Sans doute…
    — Aussi, en les imitant, ne faisons-nous pas
que respecter la volonté de Notre Seigneur ?
    Basile avait d’abord considéré le grand maître
avec indécision, y recherchant une mise à l’épreuve ou une raillerie, mais
seules la noblesse et la franchise se révélaient dans ses rudes traits. Dans
son manteau blanc, avec l’imposante croix rouge sur l’épaule, le Templier
forçait le respect. Basile avait alors éprouvé la certitude qu’il représentait
l’Église et la Foi.
    — Je n’y avais jamais songé, noble grand
maître. Mais après ce que vous venez de me faire comprendre, j’utiliserai sans
tourment un tel procédé, avait-il reconnu. Cependant, je n’ai aucun moyen pour
empoisonner mes carreaux d’arbalète ! À moins que je n’essaie d’attraper
quelques vipères demain…
    Le grand maître avait hésité un instant avant de
proposer :
    — Nous sommes anglais, noble Basile, mais
nous désapprouvons cette offensive que mène le roi Richard contre ses vassaux.
Un suzerain doit défendre ses gens, et non vouloir les exterminer. Nous autres,
Templiers, avons toujours été du côté des faibles contre les méchants.
    — Vous resteriez avec nous pour combattre
Richard ? avait-il demandé, plein d’espoir.
    — Non, car on nous attend. Mais je ramène
d’Acre quelques flacons de poisons afin que les médecins de notre ordre y trouvent
des antidotes. Bien que ce soit un sacrifice important, car ces poisons sont
fort rares, je peux vous en laisser un si cela peut vous sauver.
    Les deux Templiers étaient partis le lendemain à
l’aube, quelques heures avant l’arrivée de Richard Cœur de Lion.
     

Chapitre 2
    L e
siège débuta le lendemain aux premiers rayons de soleil. Mercadier ordonna aux
plus habiles de ses soldats de construire des mantelets avec le bois des
maisons du village. C’étaient des charpentes de sept pieds de haut, huit de large,
et seize de long auxquelles des charretiers plaçaient des roues. Ces machines
s’approcheraient de l’enceinte pour permettre aux sapeurs, bien protégés
au-dessous, de creuser des mines.
    Le château étant sur un édicule, il n’y avait pas
de fossé sinon sous le pont-levis. Celui-ci, relevé, formait une porte, avec
une herse de bois derrière. Le

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