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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Châlus,
était parti quelques jours plus tôt pour Limoges demander de l’aide à leur
suzerain, le vicomte Adhémar. Achard, comme tous les teneurs de fiefs, savait
que Richard Plantagenêt se préparait à lancer une offensive dans le Poitou et
le Limousin pour punir ses vassaux qui s’affranchissaient de sa tutelle afin de
se rapprocher du roi de France. Achard voulait convaincre Adhémar de rassembler
l’ost et de demander le soutien de Philippe Auguste. Si l’armée du Plantagenêt
n’était pas trop nombreuse, c’était peut-être l’opportunité de le battre et,
pour les barons limougeauds, de rejoindre le royaume de France.
    Mais le Cœur de Lion était arrivé bien plus tôt
qu’on ne l’attendait.
    En effet, Richard voulait une offensive rapide,
aussi avait-il envoyé simultanément de petites compagnies d’une cinquantaine de
lances sur Angoulême, Brive, Aubusson et les principales places fortes du
Poitou et du Limousin. Cette tactique inattendue reposait sur la terreur qu’il
suscitait. Chacun dans le pays se souvenait du sort des trois mille prisonniers
qu’il avait faits à Limoges lors d’une précédente révolte : un tiers
d’entre eux avaient eu la tête coupée, un autre tiers avaient été noyés dans la
Vienne, le reste avait eu les yeux crevés. Le roi d’Angleterre escomptait que
les garnisons des villes et des châteaux se rendraient sans combattre pour
éviter d’être massacrées.
    Mais il y aurait une exception. Même si Châlus se
livrait, Richard avait décidé d’exercer sur ses défenseurs une effroyable
punition. Ceci pour deux raisons : d’abord il fallait donner à ses vassaux
infidèles une leçon qu’ils n’oublieraient pas, ensuite il devait punir le
seigneur Achard pour ne pas lui avoir remis le trésor qu’il avait découvert.
C’était, disait-on, douze grandes statues d’or trouvées dans un champ. Le roi
d’Angleterre en avait exigé la moitié, mais Achard lui avait répondu qu’il n’y
avait qu’une statuette. Le seigneur de Châlus paierait son mensonge et sa
forfaiture de la vie de ses hommes et de ses villageois, avait décidé le
Plantagenêt.
     
    Dans le château, la terreur avait laissé place au
désespoir. Comment défendre la place avec moins de quarante hommes ?
    — Mettons le donjon en défense, décida Brun.
Les murs sont solides et ils n’ont ni onagres [1] ni balistes [2] .
Quel est l’état des provisions ?
    — Nous n’en manquerons pas, car le seigneur
avait fait saler deux douzaines de porcs. Il y a aussi du fourrage dans la
grange et beaucoup de poules et de canards dans la cour. Nous avons du vin, des
fruits et des légumes dans les celliers en sous-sol.
    — La citerne ?
    — Elle est pleine.
    — C’est bien, dit Brun, rassuré, faites
monter des pierres sur les hourds. Ils s’épuiseront avant nous et notre
seigneur sera vite de retour avec des renforts.
    Ce travail exténuant permit à Basile de ne pas
trop penser à son père, à sa mère et à ses deux frères restés dans le village.
Une heure plus tôt, il avait reconnu ses frères pendus au grand arbre, mais il
n’avait vu ni son père ni sa mère. Si Dieu était miséricordieux, il leur avait
permis de fuir, ou au moins de trouver une mort rapide.
    Quand il jugea avoir fait tout ce qui était
possible pour la défense du château, il monta au dernier étage du donjon pour y
prendre quelques heures de repos. Il y avait fait porter une paillasse qu’il
partagerait avec Brun et deux sergents. Là, après avoir vérifié que le flacon
de verre des Templiers était toujours dans son coffre, il s’allongea, espérant
trouver le sommeil. Mais les souvenirs des dernières heures écoulées l’en
empêchèrent.
     
    Les deux Templiers anglais qui se rendaient en
Flandre en revenant de Palestine étaient arrivés la veille. Ils voyageaient
très simplement, sans faste ni escorte comme il se doit quand on est au service
du Seigneur. Le calme régnait alors à Châlus, même si l’inquiétude rongeait
déjà les habitants du château. Basile avait été ravi de leur arrivée. À peine
les deux moines soldats avaient-ils passé le pont-levis qu’il les interrogeait
pour savoir s’ils avaient rencontré une armée en chemin.
    Les Templiers avaient répondu avoir entendu parler
d’une expédition de Richard Cœur de Lion contre ses vassaux limougeauds, mais
n’avoir croisé aucune troupe, ce qui avait rassuré les défenseurs.
    Durant le souper, les

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