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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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le neveu de Richard Cœur de Lion, avait été reconnu
duc de Normandie et d’Aquitaine par les habitants d’Angers, mais il en avait
été chassé par Mercadier et Aliénor. Depuis, Jean s’était proclamé duc de
Normandie à son tour et les villes de la Loire qui avaient soutenu Arthur
craignaient maintenant d’être ravagées. Comme Gautier le Normand brûlait de
retrouver la duchesse d’Aquitaine, qui était avec Mercadier, ils s’étaient
séparés non loin du Mans.
    Gautier avait vécu près d’un mois avec Anna Maria.
À part la duchesse Aliénor, qu’il vénérait, il n’avait jamais connu femme si
hardie, aussi lui offrit-il sa miséricorde, lui assurant qu’aucun chevalier ne
l’aurait mieux méritée qu’elle.
     
    Après une nuit paisible, les trois voyageurs se
réveillèrent au tintamarre des cloches qui sonnaient matines à Saint-Merry.
Seule Anna Maria avait mal dormi, se réveillant plusieurs fois en pensant à son
mari.
    Ils avaient encore de l’eau et firent quelques
ablutions, se promettant de se rendre dans une étuve dès qu’ils en auraient le
temps. En Italie, Bartolomeo avait toujours été soigneux de sa personne et se
lavait régulièrement. Quant à Guilhem, il avait pris l’habitude de la propreté
à Toulouse, car Amicie de Villemur, comme toutes les femmes de ce pays,
l’exigeait de ses soupirants.
    Les hommes s’habillèrent d’une simple tunique de
laine à capuchon sous laquelle ils enfilèrent quand même une cuirasse de cuir.
Guilhem attacha son épée à la ceinture, et Bartolomeo une miséricorde à la
sienne. Tous deux avaient enfilé des hauts-de-chausses lacés et des bottines de
cuir. Anna Maria se vêtit d’un bliaut de laine vert brodé de feuilles rouge
sombre avant de se couvrir de son manteau doublé de fourrure et d’une coiffe
verte dont le voile blanc lui entourait le cou.
    Lorsqu’ils descendirent dans la salle pour avoir
une soupe et du pain chaud, ils ne trouvèrent de places libres que dans la
salle du fond. À peine étaient-ils installés, qu’un homme vint s’asseoir près
d’eux.
    C’était un drapier de Saint-Denis qui venait
acheter des toiles rue de la Tisseranderie. La quarantaine, le visage avenant
en dépit d’une dentition gâtée et mal plantée, il avait un nez mince, des
lèvres charnues de bon vivant et un regard fin. Il portait une courte tunique
bleue à passement jaune vif et un long manteau à cordon et col fourré. Avec
obligeance, il leur proposa d’une voix chaleureuse de les guider dans le
Monceau-Saint-Gervais, puis il les interrogea sur leur vie de ménestrels.
Guilhem répondit qu’il jouait de la vielle à roue et Anna Maria, plus tristement,
de la harpe ou du psaltérion [53] .
Quant à Bartolomeo, il se livra à un exercice de ventriloquie où il imita
tellement bien l’aubergiste que le drapier s’étouffa de rire.
    — Par l’épée de saint Pierre ! Si le roi
vous entend, il voudra vous garder à sa cour, fit-il quand il eut repris son
sérieux.
    — Vous avez aperçu le roi ? demanda
Bartolomeo, songeant fièrement qu’il pourrait peut-être faire son chemin comme
bouffon du roi.
    — Je l’ai vu plusieurs fois lors de
processions à Saint-Denis. J’ai aussi aperçu ses barons, Simon de Montfort,
Robert de Meulan ou Lambert de Cadoc, répondit le drapier avec suffisance.
    — Le roi est à Paris ? demanda Guilhem
avec indifférence.
    — En ce moment, non, on m’a dit qu’il est
dans son château de Vincennes où il chasse avec le seigneur de Montfort,
justement.
    — Quant à Cadoc, il doit être à Gaillon,
laissa tomber Guilhem, avec un brin de nostalgie.
    — Vous connaissez le seigneur Lambert de
Cadoc ? demanda le drapier en écarquillant les yeux de surprise.
    — J’ai croisé sa route, quand j’étais plus
jeune, répliqua évasivement Guilhem.
    — Je vois que vous portez une épée, vous
n’avez sans doute pas toujours été jongleur… (le drapier laissa sa phrase en
suspens un instant avant de poursuivre). Mais si cela vous intéresse, le
seigneur Cadoc est en ce moment à Paris.
    — Je porte une épée, car nous voyageons
beaucoup et nous avons vu de près les misères de ce pays, répliqua sèchement
Guilhem. Croyez que je ne me laisserai pas facilement écorcher ou brancher, pas
plus que mes compagnons.
    Après cette réponse abrupte, un silence contraint
s’installa jusqu’à ce que Bartolomeo prenne la voix du drapier en s’adressant

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