Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
examiner
l’endroit. Dans l’enchevêtrement des poutres couvertes de toiles d’araignée,
quelques mouches prisonnières se débattaient en bourdonnant. Les pentes de la
toiture étaient couvertes de planches mal équarries. La seule fenêtre, en fine
peau de porc translucide, était sur le mur pignon. Pas de meuble. Un plancher
plein de fentes où couraient des insectes affairés. Ces combles puaient la
crasse et la vermine.
    — Nous sommes fatigués, aussi nous prendrons
ton galetas ce soir, aubergiste, lâcha finalement le plus âgé d’une voix
menaçante. Mais demain, trouve-nous mieux ! Je te laisserai un denier
d’argent par semaine pour une chambre avec deux vrais lits. La dame qui est
avec moi dort seule. En attendant, fais monter une autre paillasse, et veille à
ce qu’elle soit sans poux ! Mets de la literie propre et apporte des seaux
d’eau chaude et des cuvettes pour qu’on se lave. Fais aussi monter tout ce qui
est sur nos chevaux et ne tente pas de nous voler !
    À ces dernières paroles, il posa la main sur la
miséricorde qui pendait à son double baudrier, de l’autre côté de son épée.
    L’aubergiste eut un sourire forcé se voulant
amical. Il considéra les trois jongleurs à tour de rôle, mais comme aucun ne
lui rendit son regard, il baissa les yeux et descendit. Derrière lui, Guilhem
poussa la trappe avec le pied pour la refermer.
    Tous trois s’assirent sur la paillasse.
    — J’ai mal partout ! soupira Anna Maria.
    — Vous avez été endurante, remarqua Guilhem.
Je suis moi-même épuisé. Toute la journée sur un cheval, couvert d’un haubert,
exténue le plus robuste des hommes…
    — Robert n’était pas dans la salle, fit-elle
brusquement. Je n’ai pas vu non plus son palefroi ni ses harnachements à
l’écurie ou à la sellerie…
    — Il a pu changer de monture, remarqua
Bartolomeo.
    — Mais il y aurait eu sa selle, j’ai bien
regardé, insista-t-elle.
    Guilhem ne répondit pas. Il ne s’était pas
vraiment attendu à trouver Locksley. Cela faisait plus d’un mois qu’il avait
quitté Châlus, sans doute poursuivi par les gens de Mercadier. Tout était
possible. Tout, sauf qu’il se soit fait prendre ou tuer. Locksley était trop
fort et trop rusé pour ça. Il avait demandé à les retrouver ici. Ils n’avaient
qu’à attendre, sans doute ne pensait-il pas qu’ils arriveraient si vite.
    Malgré tout, une sourde inquiétude rongeait
Guilhem. Et si Robert n’était pas arrivé à Paris ?
    On cogna à la trappe. C’étaient deux valets qui
portaient les sacoches des chevaux. Ils les entassèrent dans un coin du
galetas, suspendirent les armes et leurs manteaux sur les poutres, puis Guilhem
leur rappela qu’il attendait de l’eau chaude et des bassines.
    L’eau arriva peu après. Ils se lavèrent les mains
et le visage avant de s’habiller de robes propres et de descendre souper. En
bas, ils s’arrêtèrent dans la première salle de l’hôtellerie. À une poutre,
bécasses et lièvres étaient suspendus par les pattes et la cuisinière venait en
chercher un quand elle en avait besoin. Ils examinèrent les gens
attablés ; Locksley n’était pas là. À la première table se trouvaient des
marchands, d’après leur robe et leur bonnet, et des pèlerins d’après la
coquille de Saint-Jacques sur leur sayon à capuche. À l’autre étaient assis un
jeune prêtre et deux clercs tonsurés. Ils s’installèrent avec eux.
    L’hôtelier vint les voir et écouta avec surprise
ce qu’ils voulaient manger, puis il se rendit dans la cour transmettre les
commandes à la cuisinière. Quand il revint, tout en s’occupant des autres
clients, il les observa longuement.
    Le plus âgé des trois avait un air sinistre avec
sa cicatrice qui lui barrait sur le front, ses yeux perçants, et son nez de
faucon. Avec l’épaisse barbe qui cachait son visage, on avait du mal à deviner
ce qui lui passait par la tête. Au demeurant, l’épée qu’il portait sur sa robe
sombre aurait coupé court à toute question indiscrète. L’autre garçon était
petit et sombre comme un moricaud, dont il avait les cheveux frisés. Il
paraissait sourire tout le temps, mais c’était dû à une de ses lèvres, épaisse
et retroussée. Lui non plus n’avait pas l’air commode. Il était bâti en athlète
avec des mains larges et noueuses et une épée pendait à son baudrier de cuir.
Quant à la fille, rousse avec une gorge plantureuse, elle portait un

Weitere Kostenlose Bücher