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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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leurs
regards. Ils trouvèrent facilement le passage dans la courtine, avec un pont
dormant et un pont-levis surmontant un profond fossé encore vide d’eau.
    Devant eux s’étendait une forêt d’échafaudages
prenant appui dans le fossé et les trous de boulin du mur. On construisait une
enceinte qui enfermerait le donjon dans une cour carrée. Deux tours, presque
terminées, flanquaient déjà la porte du pont-levis.
    Une intense activité régnait sur les échafaudages
et les ouvriers ne leur lancèrent même pas un regard. Partout, des maçons en
tunique rousse ou beige, fil à plomb, équerre ou langue de chat en main,
étalaient le mortier et posaient des pierres bien alignées le long des cordeaux
ou des abaques. En bas, des carriers découpaient des blocs réguliers avec des
marteaux d’épinceur, des coins de fer ou de longues scies, tandis que d’autres
utilisaient des masses pour fendre les plus grosses pierres. Au fond du fossé,
une grue à roue permettait de monter les matériaux sans effort et des cordiers
préparaient cordes et torons.
    Plus loin, des ouvriers sortaient de la chaux des
fours pour la porter dans de grandes écuelles aux manœuvres qui la mélangeaient
avec du sable tiré de la Seine. Ce mortier emplissait ensuite des seaux hissés
en haut des échafaudages.
    Au pont-levis, une poignée de gardes en chapel de
fer et brigantine, armés d’espontons et d’arbalètes, surveillaient les
passages.
    — Je viens pour rencontrer le seigneur
Lambert de Cadoc, leur dit Guilhem.
    — Il est dans la grande salle, là-bas,
répondit un sergent d’armes en s’écartant pour les laisser passer.
    Ils pénétrèrent dans la cour. Elle n’était pas
grande, car un large fossé entourait le donjon. Dans cet espace réduit, maçons,
tailleurs de pierres et charpentiers s’activaient, ainsi que quelques forgerons
martelant barlotières et crampons autour d’une forge dressée le long d’un mur.
Une écurie en planches et en poutres s’élevait contre l’enceinte en
construction, le long de la Seine. Ils y laissèrent leur monture. Juste à côté,
c’était la loge des maçons où travaillaient sculpteurs et tailleurs d’images.
    Sur le fossé intérieur, une grande rampe de
pierre, avec un double pont dormant, permettait d’accéder au donjon. En haut,
une lourde herse était baissée.
    Guilhem balaya la cour des yeux. Si le donjon
était terminé, les courtines autour ne dépassaient pas six pieds, tout comme
les tours d’angle. Pourtant, du côté du couchant, une grande salle à un étage
était quasiment achevée. En façade, elle n’avait qu’une porte ogivale et six
fenêtres à vitraux blanc et noir. Devant la porte, des arbalétriers en tunique
de cuir, protégée par des plaques de métal, tenaient leur arbalète sur
l’épaule. Guilhem s’approcha d’un sergent d’armes dont la cuirasse d’anneaux de
fer était en partie recouverte par une épaisse barbe noire sortant de sa
cervelière. Une courte épée à la taille, un chapel à large rebord sur la tête,
il n’avait pas d’arbalète, mais une massue à pointe, en bec de faucon.
    — Dieu vous garde, sergent, je viens trouver
le noble Lambert de Cadoc, seigneur de Gaillon.
    — Le seigneur de Cadoc est occupé, compaing,
répondit l’homme. Vous pouvez attendre ici et vous lui parlerez quand il
sortira.
    — Il me connaît et me recevra maintenant,
allez lui dire mon nom. Je m’appelle Guilhem d’Ussel.
    Le sergent d’armes fit signe à un autre soldat de
le remplacer devant la porte.
    — Tu te souviendras de mon nom ? Guilhem
d’Ussel !
    Le sergent revint presque aussitôt.
    — Le seigneur de Cadoc vous attend, noble
chevalier, fit-il, avec un respect nouveau.
    Guilhem entra seul dans une salle sombre dont les
arcs d’ogive reposaient sur de grosses colonnes à chapiteaux. Autour d’une
table couverte de parchemins déroulés se tenaient deux chevaliers en haubert,
un maître maçon en tunique grise, trois personnages en robe et manteau fourré
ainsi qu’un clerc et un religieux tonsuré, en aumusse.
    Lambert de Cadoc était en robe verte à franges
argentées avec un manteau fourré en hermine. Guilhem sourit en remarquant qu’il
portait toujours son épée en travers de son torse, même avec la riche vêture
qui l’habillait. Son crâne rasé, car il était presque chauve, était dissimulé
sous un bonnet en fourrure de martre.
    — Loué soit Jésus de te voir aujourd’hui,
Guilhem

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