Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
mantelet rouge, mais j’ai souvent ouï son nom sur
les lèvres de d’Argence. Mespech combattit sous Guise à Calais.
    — Ha !
dit l’autre, Calais ! Maintenant que vous me nommez Calais, bien je me
ramentois que Nançay m’a parlé hier de son fils que voilà, et de son pourpoint
reprisé.
    À quoi je
rougis excessivement d’être ainsi signalé par tout le Louvre aux officiers du
roi.
    — Monsieur,
me dit le gentilhomme assis, en voyant ma furieuse confusion, ne prenez pas
offense, je ne juge point des gens à leur vêture. Je tiens de Nançay que
Monsieur votre père est fort vaillant et que vous suivez ses traces, étant
hardi et fort haut à la main.
    — Toutefois,
Monsieur, dit gravement le gentilhomme qui, en dépit de la touffeur, portait
sur les épaules la cape rouge que j’ai dite, si vous voulez bien ouïr mon avis,
ne prenez point trop vite la mouche si d’aucuns gentilshommes céans, qui sont
fort prompts à la gausserie, comme on l’est à Paris, sourient de votre
pourpoint. Ni le Roi ni son frère le Duc d’Anjou ne souffrent les querelles.
C’est crime capital au Louvre, si près de leurs augustes personnes.
    — Monsieur,
dis-je en le saluant, je tâcherai de suivre votre conseil.
    Je passai
donc, ayant nommé comme étant de ma suite mon frère, le maestro Giacomi et mon
valet, lequel, tandis que je traversais la cour du Louvre, s’évanouit tout à
plein, de sorte qu’au moment de pénétrer dans le Louvre pour gagner la galerie
où Giacomi devait faire ses assauts, je l’espérai quelques instants, l’œil de
tous côtés, impatient, quasi courroucé et du pied tapant le pavé. Mais je n’eus
point le temps d’ouvrir le bec quand je le vis enfin, car apparaissant à mon
côté tout soudain qu’il avait disparu, son œil marron tout ébaudi, il me dit en
oc, mais d’une voix quasi précipiteuse qu’un galapian de la capitale :
    — Mon
noble Moussu, de grâce, ne me tabustez point. Je ne me suis absenté que pour
votre service, ayant quis d’un garde à pied, dont je me suis pensé qu’il venait
de nos provinces, qui étaient le gentilhomme assis au portillon et l’autre
debout.
    — Et le
sais-tu, Miroul ?
    — Certes,
Moussu, dit Miroul prenant maintenant tout son temps et son œil marron de plus
belle s’égayant.
    — Eh
bien, parle ! dis-je.
    — C’est à
savoir, Moussu, dit Miroul, l’œil tout à plein pétillant. Fis-je bien de vous
quitter, je ne sais ? Je vous ai vu de loin, fort sourcillant et contre
moi piqué.
    — Miroul,
tu te moques ! Parle !
    — Ha !
Moussu, je le vois ! Vous êtes encore tout rebroussé !
    — Je vais
l’être, si tu tardes plus outre.
    — Quoi,
Monsieur ! Vous vous fâcheriez contre moi qui me suis donné tant de peine
et labour pour savoir le qui, le qu’est-ce et le pourquoi ?
    — Ha !
Miroul ! dis-je en prenant le parti de rire, que cher tu me fais payer ce
petit sourcillement ! Que serait-ce si je t’avais grondé !
    — Moussu,
dit-il en riant aussi, appétez-vous à apprendre ce que j’ai appris ?
    — Ne t’en
ai-je pas deux fois prié ?
    — Prié,
Moussu ? M’avez-vous prié ? Brevis oratio penetrat caelos [36] .
Mais, Moussu, poursuivit-il me voyant sourciller derechef, c’est assez badiné.
À folâtrer plus outre, je craindrais de lasser votre patience.
    — Ma
patience, Vertudieu !
    — Voici,
Moussu. Le gentilhomme qui était assis au portillon pour reposer sur ses genoux
le poids de sa bedondaine est M. de Rambouillet. Il appartient au Roi. Quant au
grand maigre qui se tenait debout, la main aux hanches, la patte longue, l’air
fort bra vache et le cuir tanné, c’est M. de Montesquiou. Il est capitaine des
gardes du Duc d’Anjou, raison pour quoi il porte cette cape rouge, même en
août.
    — Quoi,
Montesquiou ! dis-je à voix basse. Le meurtrier de Condé ! Je n’aime
pas son œil !
    — Je
l’aime assez, dit Miroul. Tout bravaccio qu’il soit, il a l’air franc.
Et bien m’a plu son homélie sur les duels.
    Et comme je
m’accoisais, rêveux et songeard, au nom de Montesquiou, lequel me faisait, pour
ainsi parler, toucher du doigt nos défaites de Jarnac et de Moncontour, Miroul
reprit :
    — Moussu,
appétez-vous à savoir pourquoi de si hauts gentilshommes gardent ce jour le
guichet du Louvre, au lieu que non pas un simple sergent des gardes à
pied ?
    — Diga
me [37] .
    — Pour ce
qu’on attend le nonce du Pape qui doit la Reine-Mère

Weitere Kostenlose Bücher