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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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visiter.
    — Ha !
dis-je sotto voce. Je n’en augure rien de bon. Qui ne sait que le Pape
et Philippe II d’Espagne se conjuguent pour obtenir du Roi notre
mort ?
    — Et
comment l’obtiendra-t-il, dit Miroul, notre Coligny ayant la faveur du
Roi ?
    Tout ceci fut
dit en oc, et de bouche à oreille, mais nous eussions pu le hucher à tue-tête
sur la place publique, tant la foule bruyante et chatoyante des courtisans qui,
de toutes parts, nous pressait, nous prêtait peu d’attention, étant tout
occupée d’elle-même, et tout courant à ses affaires, bien que oisive.
    La galerie où
le maestro livrait ses assauts avec Rabastens, lesquels étaient déjà commencés
quand nous y pénétrâmes, et Samson, bec bée, les envisageant, était une longue
salle fort bien éclairée par de hautes fenêtres qui donnaient sur la rivière de
Seine, mais si complètement dégarnie de meubles qu’on n’y voyait pas même une
escabelle, tant est que les gentilshommes qui tiraient, ne voulant point poser
leur pourpoint à terre, les devaient mettre sur les bras de leur valet.
    Comme il y
avait dans cette galerie trois ou quatre assauts simultanés, le battement et
froissement de tous ces fers l’un contre l’autre toquant, ainsi que les
halètements et les cris des adversaires, l’odeur de leur sueur mêlée à celle de
la sciure sur le parquet épandue, produisait une sorte d’excitation que je
trouvais, quant à moi, infiniment plaisante.
    Je ne laissais
pas que d’être émerveillé par la force qui émanait du gigantesque Rabastens
tandis qu’il affrontait Giacomi et d’autant qu’il tirait, lui aussi, à
l’italienne et non sans art, à ce que je vis. Mais Giacomi était si serein, et
branlait si peu, ne rompant jamais, le corps bien en ligne, et le bras tout à
plein déployé, lequel était fort long, sa lame miraculeusement présente et
preste partout où celle de Rabastens surgissait, que je n’éprouvais que peu de
doute quant à l’issue de cet amical assaut, où Giacomi, cependant, jouait la
défensive pour non point, je gage, offenser la fierté du Français par des
touches trop répétées.
    Les
combattants se mesuraient du côté des fenêtres et le public se pressait du côté
du mur, une petite cordelette rouge, tendue à deux pouces du sol, les séparant
des assauts. Cependant, entre les duellistes il n’y avait point de division,
tant est que d’aucuns, en rompant sous le choc d’une furieuse attaque,
pouvaient toquer du dos le dos d’un gentilhomme engagé ailleurs et grandement
l’incommoder. Auquel cas, l’assaut s’interrompant, il y avait de part et
d’autre grandes cérémonies d’excuses et de réciproques salutations tant avec le
corps qu’avec l’épée. Je fus étonné de ces politesses, importées, je gage, par
les maîtres italiens, car l’usance des courtisans, en dépit de leurs brillantes
et multicolores vêtures, m’avait paru rude et fruste, tant au jeu de paume que
dans la cour du Louvre et les salles que j’avais traversées, où j’avais vu ces
élégants jouer des coudes sans merci, bousculer homme ou femme, marcher sur les
pieds d’un chacun, cracher et se moucher à la pistolétade, insoucieux sur quoi
ou sur qui tombaient leurs phlegmes, voire même soulever d’un doigt les masques
des dames, sinon même d’une main hasardeuse leur pastisser au passage la
croupière. Il est vrai que cette offense était plus dans le geste que dans le
fait, nos raffinées étant, à ce qu’on m’avait dit, garnies à cet endroit d’un
rembourrement, nommé haussec ou vulgairement faux cul, lequel était façonné de
manière à rondir leurs avantages et qui devait leur servir de bastion ou de
bouclier contre d’aussi impertinents assauts.
    Cependant,
Miroul me quittant sans gare crier comme à son accoutumée, je le suivis de
l’œil, et le voyant se mêler aux valets qui portaient sur leurs bras les
pourpoints de leurs maîtres, je conclus qu’il allait butiner pour moi tout un
pollen de nouvelles qu’en effet, sur moi revenu, aussi vite que vole mouche à
miel, il me dégorgea tout à trac.
    — Moussu,
dit-il à voix basse, appétez-vous à connaître le grand Silvie ?
    — Je ne
sais qui est Silvie.
    — Un
Italien, et le maître en faits d’armes du Duc d’Anjou, et réputé le meilleur
maître du royaume, encore que le Roi lui préfère Pompée.
    — Qui est
Pompée ?
    — Un
Italien.
    — Sanguienne !
N’y a-t-il point de Français en cet

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