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Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial

Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial

Titel: Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fernand Clerget
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complaisance des typos, je pus cependant, en employant uniquement l’elzévir , qui ne servait qu’exceptionnellement à la composition du journal, éditer un petit volume suffisamment artistique d’aspect, et qui, donné, distribué à tous ceux que je supposais s’intéresser aux vers, exhuma le nom de Verlaine. Depuis, après avoir, pendant plusieurs années, multiplié la citation du nom de l’auteur en affirmant la maîtrise du poète, je parvins à réapprendre son nom à ceux qui ne l’avaient plus dans l’oreille. Mes camarades du Parnasse, dont quelques-uns commençaient à devenir illustres, surpris et enchantés de savoir qu’un des leurs vivait encore et se révélait puissant, m’aidèrent, ainsi que des admirateurs de la première heure, comme Henry Bauër, tandis que la jeunesse, avec enthousiasme, acclamait le poète de la nuance, rajeunissant la sensation poétique, et, tout en gardant une forme classique, révolutionnant l’art des rythmes, rendant à la lyre son caractère musical. Le pauvre Verlaine, de la geôle de Mons, passant à des séminaires de Rethel, cependant se convertissait et instrumentait son magnifique livre d’heures poétiques : Sagesse . Il était en route pour la gloire… »
     
    De tels hommes, à chaque phase importante de leur existence, ont toujours près d’eux celui qui les doit traduire au public. Or, Sagesse , comme l’indique Lepelletier, est le livre par excellence de Verlaine, et c’est à ce moment même que le poète rencontra son critique : Charles Morice.
     

Verlaine et son critique.

    L’époque de Sagesse fut plusieurs années de Verlaine, les années sans doute les plus fécondes pour l’avenir, et c’est dans la lumière rayonnante de cette œuvre qu’apparut Morice. Non qu’ils se connussent pour la première fois. Mais ce temps de la moisson du poète fut celui de la floraison du critique, et leurs deux manifestations, simultanées, les révélèrent mieux l’un à l’autre. Morice, avant cette date, était de ceux qui entouraient Verlaine ; mais sa pensée personnelle l’entraînait ailleurs. En ce jour, s’ils se parlaient encore, le ton était changé, la phrase n’avait plus son abandon de jadis : Verlaine dominait, de toute Sagesse  ; Morice résistait, de tout le monde synthétique qu’il propageait alors, – et de ce jour, data leur séparation, la véritable, celle qui est, bien qu’on se revoie parfois. Cependant, une amitié constante et active dicta au critique la plus fervente admiration. Dès ses premières lignes sur le Maître, dans son livre d’études [4] , on voit que Morice va fermer les yeux sur certaines ombres de son héros, et ne former qu’une gerbe de louanges :
     
    « Verlaine a brisé les liens par trop étroits où le Parnasse avait enchaîné le vers. Le principe de cette grande révolution était dans Sainte-Beuve, mais avec quelle timidité, avec quels stérilisants scrupules procédait Sainte-Beuve, et comme il oubliait d’effacer les traces de son procédé ! Chez Verlaine, aucune de ces macules du travail : la Poésie bat des ailes et s’enchante. »
     
    Dans cet ouvrage dont la première partie, recueil de haute critique, de logique et de déduction normales, d’écriture nerveuse et brillante, explique longuement l’œuvre de certains poètes, Morice n’accorde cependant que peu de paragraphes à Verlaine ; c’est que, six mois auparavant, il lui avait consacré un livre spécial, où nous avons lu [5] , dès la préface, ce conseil, presqu’un ordre, donné au lecteur, et qui semble commenter les derniers mots du passage ci-dessus :
     
    « … Mais cette beauté ne se communique point aux inattentifs… Il faut l’interruption des soucis bruyants, le silence, les paupières baissées, – une initiation, pour peu à peu se faire à l’atmosphère du poème, apprendre à ne rien perdre des détails, afin de saisir l’ensemble et bientôt se complaire avec l’extraordinaire artiste aux surprises successives de suggestives méprises. »
     
    Le critique ne trompe personne. Il ne saurait mieux nous dire que cette communion avec la pensée du poète, à laquelle il nous convie, il l’a reçue d’abord et que par conséquent il n’a plus qu’un devoir, plus qu’un but : nous faire admirer Verlaine. Acceptons sa main tendue, et laissons-nous dire ce qu’il veut du poète  ; nous lirons ensuite ce qu’un autre littérateur pense du bohème .
     
    Les premières

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