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Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial

Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial

Titel: Paul Verlaine et ses contemporains par un témoin impartial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fernand Clerget
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l’Université il y a peu, pouvant le redevenir, il est tenu en haute affection par les lettrés. Nous estime-t-il si peu qu’il pense que nous restions indifférents à l’hommage rendu à un homme dont je le défierais de dire toute l’histoire à son fils ? M. Poincaré inscrira-t-il son nom au socle de l’image glorifiée d’un Antinoüs qui ne fut pas même beau garçon ? »
     
    Lepelletier, dans sa réponse (Écho de Paris , 19 août), disait seulement ceci, pour Verlaine poète : « Vous le traitez de « lettré de distinction, d’assez bon poète de troisième plan » : c’est de la polémique, c’est de la critique. Libre à vous. Chacun porte par la suite devant la postérité le poids de ces téméraires jugements. Racine, pour ne citer qu’un exemple classique, a été, de son temps, qualifié aussi de poète dramatique de troisième ordre ; on le traitait de pion, Shakespeare étant un astre, à l’âge du romantisme, et aujourd’hui on est bien près de le jucher au sommet de l’art théâtral. Question d’époque et de modes d’art. »
     
    Mais Verlaine portera encore quelque temps l’accusation d’avoir vécu, la plupart de ses jours, dans les milieux libres où des haillons drapent l’indépendance. Le bohème qu’il fut, parmi bien d’autres actions, est mort deux fois : peut-être qu’à la deuxième, Henry Fouquier a rendu à Verlaine le suprême service de détruire à jamais tout ce qui formait une nuit mauvaise autour du poète ; la justice ne punit qu’une fois, et Fouquier a frappé sévèrement.
     

Opinions.

    Il est presque sans exemple qu’un être frappé n’ait reçu ensuite quelque consolation ; elle lui vient parfois d’un étranger, d’un inconnu, et toujours produit son effet salutaire là où fut faite la blessure ; mais le plus souvent c’est un ami qui prend ce soin pieux. Henry Bauër, dans un article qui serait à citer tout entier, prend le bohème et le glorifie [19]  :
     
    « Fatidique existence de poète destiné à chanter par les larmes et la damnation ! Sublime et misérable Passion de la poésie où l’élu parcourt le calvaire, les yeux fous, la bouche écumante, loqueteux, dégradé et superbe, jusqu’à la mort ! À lire ses trois livres en prose naïfs et doux : Confessions, Mes Prisons, Mes Hôpitaux , on parcourt les trois étapes de sa passion et on comprend… C’est l’amour en rêve extasié du jeune homme pour une belle et pure créature digne de lui, et soudain l’ensorcellement du démon Alcool avec ses fureurs, ses horreurs, puis la fuite, l’aversion de la femme tant aimée, ah ! combien regrettée ! que son culte idéal ne quittera jamais ; c’est, après les coups de folie, l’encellulement de la prison, la solitude, mère du repentir, l’espoir en Dieu, la honte de soi-même, l’affranchissement et la purification par l’hymne admirable de Sagesse ; c’est la station dernière d’épreuve physique, l’asile de l’hôpital pour attendre la mort, la résignation et la sérénité dans les crises de la douleur et de la destruction corporelle.
     
    « Mais cette fatalité d’état, cette prédestination au martyre pour la poésie, cette exception exemplaire, – qui en rechercherait les causes profondes ? Il y a une quinzaine d’années, Edmond Lepelletier, l’ami le plus ancien, le plus sûr et le plus conscient du poète, recevait souvent au journal la visite d’un homme brun, aux yeux inquiets, au visage dur et sombre, à la tenue sordide. Ce compagnon de mauvaise mine attendait souvent en vain l’arrivée de Lepelletier, auquel le lendemain nous ne manquions pas de répéter : « L’homme brun est encore venu ! » Un jour, il nomma son visiteur : « C’est Paul Verlaine, un grand poète ! »
     
    Voici les derniers mots de Henry Bauër : ils sont une des plus belles définitions du Poète : « Il vécut triste, misérable, tourmenté, glorieux, pour l’étonnement et l’admiration des hommes. Il manqua sombrer dans la damnation, et atteignit à l’esprit divin. Il y eut en lui du démon et de l’ange, tellement que le conflit des deux éléments forma le drame le plus extraordinaire et le plus émouvant. L’ange de Sagesse a vaincu ; il nous inspire ses paroles de joie et de réconfort, que nos enfants répéteront à leurs petits enfants. »
     
    J’ajoute qu’ils auront beaucoup à raconter. La moisson des pages écrites sur Verlaine, ou seulement celle

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