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Peines, tortures et supplices

Peines, tortures et supplices

Titel: Peines, tortures et supplices Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anonymous
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paraissait-il que des groupes stationnaient devant la maison d'arrêt, l'œil fixé sur la porte, espérant la voir s'ouvrir d'un instant à l'autre pour laisser sortir la voiture qui devait conduire Poncet au lieu de son supplice.
    «Tous ces jours passés les greffes de Paris et de Versailles étaient assaillis par des personnes qui désiraient savoir si le jour de l'expiation avait été fixé; mais on ne pouvait les satisfaire.
    «Dans les environs d'Argenteuil on a longtemps eu la pensée que cette exécution se ferait sur les hauteurs du bois d'Orgemont. Les habitants supposaient que l'on abattrait les taillis et les arbres pour faire une place à l'endroit même où M. Lavergne avait été tué, afin d'y élever l'instrument du supplice.
    «Il ne faudrait pas croire que le seul mobile de cette foule, irrésistiblement attirée à Versailles, fût la curiosité si triste de voir exécuter un criminel: on s'apercevait aisément qu'un sentiment de profonde indignation, excité par cet odieux forfait, animait la plupart des groupes.
    «On rappelait plusieurs crimes commis dans le canton d'Argenteuil et dont les auteurs étaient restés inconnus. On ne craignait pas d'en accuser Poncet.
    «La veille du rejet de son pourvoi, Poncet avait reçu la visite de son défenseur, M e Léon de Barthélemy. Le condamné l'avait beaucoup entretenu du bruit qu'avait dû faire son procès, et il manifesta à plusieurs reprises le désir de lire les journaux qui avaient parlé de cette affaire. Il ajouta:
    «Je me doute bien que ces farceurs de journaux ont dû en dire beaucoup sur mon compte.»
    «Poncet a été visité par ses parents. Son frère et sa belle-sœur sont venus le voir deux fois. Mais, depuis le rejet de son pourvoi par la Cour de cassation, il était devenu nécessaire de l'isoler avec le dehors, de peur qu'on ne lui apprît cette nouvelle, et il l'a ignorée jusqu'au dernier moment. Un factionnaire était placé à la porte de la cellule. Il a dit à l'un d'eux: «Dans quelques jours, vous serez plusieurs à me garder.» Poncet avait compris que son isolement avait une signification terrible pour lui; aussi était-il très-abattu ces jours derniers, et ses traits étaient-ils tout décomposés. Cependant, il a toujours été fort tranquille.
    «Avant cette dernière période de sa vie, il avait eu des intervalles d'espoir; il s'abandonnait parfois à l'illusion que les démarches faites par M. l'abbé Folley pourraient lui valoir une commutation de peine. Mais le bruit avait couru que lorsque M. Folley avait eu l'honneur d'être reçu par le souverain, on lui avait fait observer que Poncet s'était échappé deux fois du pénitencier de Cayenne, et qu'une commutation de peine n'offrait pas beaucoup de garanties à la société. Cependant l'Empereur, assurait-on, avait promis à M. l'aumônier d'examiner avec soin les pièces du dossier.
    «M. l'abbé Folley visitait souvent le condamné, et lui procurait par lui-même beaucoup de petites provisions auxquelles Poncet était très-sensible. À la suite des consolations que lui donnait M. l'aumônier, les sentiments religieux avaient germé dans le cœur de Poncet, et, le 28 janvier dernier, il avait reçu la communion.
    «Cette semaine, Poncet avait perdu toute espérance de conserver la vie. D'horribles pressentiments avaient fait pénétrer la terreur dans son âme. Son sommeil était agité, il balbutiait des mots entrecoupés, il jetait des cris et se levait en sursaut.
    «La nuit du dimanche au lundi, le bruit des voitures, les clameurs des passants étaient parvenus jusqu'à son oreille, malgré son sommeil, et cette sensation, venant se mêler aux images lugubres en face desquelles il s'était endormi, avait enfanté dans son cerveau un rêve des plus affreux. Aussi le lendemain, quand son réveil l'arracha à cet épouvantable cauchemar, il ne put s'empêcher de dire:
    «Ma foi! cette nuit, j'ai bien cru qu'on me conduisait à l'échafaud; il me semblait que le peuple voulait se jeter sur moi pour me déchirer, mais je vois avec satisfaction que ce n'était qu'un rêve! Cependant, pas d'illusion: je vois bien que tout est terminé pour moi, et que dans ce moment-ci ça fume! ça fume!...
    «Puis, quand sa pensée se reportait à l'exécution qui l'attendait, il disait:
    «Je voudrais mourir en sortant de la prison; mais il faut aller chercher la mort à une demi-lieue d'ici.
    «Ce matin, l'exécuteur des hautes-œuvres de de Paris frappait, à cinq heures

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