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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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vert et aux larges branches. Comme il était las, il décida de s’arrêter un moment. En entendant chanter les oiseaux tout autour, il ressentit une profonde mélancolie, se remémorant son enfance en la Gaste Forêt, près du manoir de sa mère. Il se souvenait de tout, de ses chasses au chevreuil et de sa manière de lancer ses javelots. Et comme sa main reposait sur le fourreau de son épée brisée, il songea qu’à cette époque il n’aurait eu que faire d’une épée. Non, il se serait contenté de ses poings contre l’adversaire, quel qu’il fût. Et, brusquement, un désir de violence surgit en lui. Quelle lice parfaite eût faite la clairière où il se trouvait à présent ! Un lieu idéal pour une joute entre chevaliers !
    Tout à coup, alors qu’il était plongé dans ses pensées, il entendit un cheval hennir par trois fois dans la forêt, très fort, et cela l’emplit de joie. « Quel que soit celui qui arrive, se dit-il, je l’attaquerai et le vaincrai, même sans épée. » Il vit à ce moment précis, à l’autre bout de la clairière, un chevalier sortir de la forêt. Celui-ci, tout armé, portait à son cou un bouclier blanc frappé d’une croix d’or et, prêt à toute éventualité, tenait sa lance baissée. Il montait un grand destrier qui allait au pas. Dès qu’il l’aperçut, Perceval s’affermit sur ses étriers, empoigna sa lance et, tout joyeux, éperonna sa monture. En courant sus au chevalier, il cria gaiement : « Seigneur ! couvre-toi de ton bouclier pour te protéger comme je le fais avec le mien, car je te défie pour un combat sans mise à mort. Dieu fasse que je te trouve assez bon chevalier pour que je puisse m’opposer dignement à toi ! Nous verrons ainsi quel est le meilleur de nous deux ! »
    Sans plus attendre, il frappa le bouclier de l’autre avec une telle violence qu’il le lui troua, lui faisant également perdre l’un de ses étriers. Puis il le dépassa, fit faire volte-face à son cheval et se prépara pour un nouvel assaut. « Mon ami, dit le chevalier, que t’ai-je donc fait, que tu m’agresses de telle façon ? » Mais Perceval ne répondit pas, mécontent qu’il était contre lui-même de n’avoir pas réussi à mettre bas l’adversaire du premier coup. Aussi fit-il bondir son cheval, mais comme l’autre avait procédé de même, le choc fut rude. Le bouclier de Perceval fut mis en pièces, mais sa lance avait touché l’autre à la poitrine et s’y était profondément enfoncée. Le chevalier vida les étriers et s’effondra sur l’herbe, où il demeura inconscient, du fait de sa blessure autant que de sa chute. Perceval ne jugea même pas utile de mettre pied à terre et de vérifier si son adversaire était vivant. « Le coup ne peut être mortel », se disait-il avec désinvolture, tout à sa joie de s’être prouvé qu’il était capable de vaincre sans épée.
    Il allait repartir, sans regret ni remords, quand un étrange cortège fit irruption dans la clairière : c’était un char tiré par trois cerfs blancs de toute beauté. Deux femmes encadraient le char, montées sur des mules, et une troisième, plus jeune que ses compagnes, courait à pied derrière. La femme qui se trouvait à gauche vint droit sur lui et lui cria : « Perceval ! Perceval ! pourquoi faut-il que chaque fois que nous nous rencontrons, tu viennes de commettre une faute ? – Quelle faute ? s’étonna Perceval. Je viens de battre ce chevalier en combat loyal, voilà tout. – Mais tu l’as vaincu sans raison ! repartit-elle d’un ton sévère, simplement pour te prouver à toi-même que tu étais le plus fort ! Orgueilleux Perceval ! – Qui es-tu ? demanda-t-il. Et comment sais-tu mon nom ? – Je pourrais t’appeler Perceval le Maudit ! cria la femme. Ainsi peut-être me reconnaîtrais-tu ? »
    Elle s’approcha davantage, et Perceval vit qu’elle portait une large coiffure. Alors, la mémoire lui revint : il se trouvait devant Onnen, la Demoiselle Chauve, Onnen, qui était sa cousine germaine. Brusquement, il rougit de son comportement. « Chère cousine, dit-il, je doute de moi parce que j’ai brisé l’épée que m’a donnée le Roi Pêcheur, et je voulais savoir si j’étais capable de vaincre malgré tout. – Ah ! s’écria la Demoiselle Chauve, tu as brisé ton épée ! Ne t’avais-je pas prévenu ? – Si fait, douce amie, mais, en face du meurtrier de mon père, la douleur m’a rendu furieux, et

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