Petite histoire de l’Afrique
les campagnes de vaccination et les pratiques coloniales et postcoloniales de transfusion sanguine (utilisée fréquemment en cas de paludisme grave). Celles-ci sonteffectuées massivement depuis les années 1950, dans des conditions prophylactiques mal contrôlées. Le virus ainsi répandu serait devenu virulent au sein de la communauté gay américaine (première grande épidémie en 1981), puis aurait été réimporté sous cette forme aiguë en Afrique (épidémie de 1982).
Les épizooties (ou épidémies animales) ont été aussi redoutables que les épidémies humaines pour les nombreux peuples majoritairement ou exclusivement éleveurs. On connaît mal leur histoire avant l’intrusion européenne. La pneumonie bovine fut introduite en Afrique du Sud dès le milieu du XIX e siècle ; en 1870, elle était arrivée au Tchad. L’épizootie la plus dévastatrice fut la peste bovine, venue des steppes russes au début des années 1860. Elle toucha d’abord l’Égypte, puis gagna le Soudan occidental en 1865. Mais c’est surtout au début des années 1880 qu’elle s’intensifia, lorsque du bétail infecté fut importé à la fois de Russie et d’Inde. À partir de 1889, l’épidémie allait périodiquement décimer le cheptel d’Afrique orientale et australe. Les missionnaires du Lesotho rapportèrent que les troupeaux avaient déjà été décimés par la pleuro-pneumonie en 1852, et de 1855 à 1857 ; plus de la moitié des moutons et des chevaux périrent en 1865, des dizaines de milliers de vaches entre 1864 et 1866. Le bétail fut à nouveau décimé par la famine en 1877, et la peste bovine prit ce relais meurtrier en 1896 ; à la fin du siècle, les Sotho avaient perdu la moitié de leur bétail. Ces catastrophes affaiblirent les populations au moment même où s’accéléraient les conquêtes européennes. Coïncidence ou corollaire ?
Les grandes zones de végétation naturelle
Climat et végétation
Plus que dans tout autre continent, la nature fut un élément déterminant pour les civilisations africaines. En effet, pour des raisons complexes, les technologies « modernes » s’y développèrent moins vite qu’ailleurs. Climat, végétation, pluviométrie et hydrographie constituèrent pendant des millénaires des conditions contraignantes pour la vie rurale. Mais, sur ce vaste territoire, les données sont extraordinairement variées. La carte climatique est explicite : l’équateur partage le continent en deux moitiés à peu près symétriques, où se succèdent des conditions naturelles marquées surtout dans la partie occidentale de l’Afrique. Le climat méditerranéen règne au nord et au sud du continent, sur les côtes de la mer du même nom et sur celles de la province du Cap. Plus on avance vers les tropiques, plus le désert se développe, très étendu au nord (Sahara), moins grand, mais tout aussi sec, au sud (Kalahari). Au-delà, les pluies réapparaissent, mais la saison humide, à l’inverse des pays tempérés, a lieu pendant les mois les plus chauds, de juin à septembre dans l’hémisphère Nord, ce qui correspond à la saison d’été en Europe : raison pour laquelle les anciens colonisateurs l’appelaient « hivernage ».
La saison des pluies s’allonge progressivement au sud du désert. En bordure du Sahara, dans la région appelée « sahel », elle dure deux mois tout au plus ; ensuite, le climat se fait progressivement plus humide ; il est de plus en plus caractérisé par l’alternance de deux saisons depluies (une longue et une brève, en décembre-janvier), qui encadrent deux saisons sèches (elles aussi de longueur inégale). Cette zone intertropicale dite de savane ( grassland , ou « pays de l’herbe » en anglais) fut pendant des siècles une zone « riche », privilégiée par les cultivateurs sédentaires qui pouvaient s’adonner à la fois à la culture et à l’élevage. Elle offrait également, lors des saisons sèches, des terres de pâturage aux éleveurs transhumants venus du sahel en quête d’humidité pour nourrir leurs bêtes : d’où des contacts et des échanges millénaires, qui n’ont jamais été exempts de querelles. Celles-ci se sont même intensifiées à l’époque contemporaine, car les sécheresses, récurrentes depuis les années 1970, et la pression démographique se sont conjuguées pour limiter l’accès aux troupeaux. D’où aussi la réduction des produits de la chasse, puisque la zone
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