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Petite histoire de l’Afrique

Petite histoire de l’Afrique

Titel: Petite histoire de l’Afrique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Catherine Coquery-Vidrovitch
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par les troubles multiples qui en découlèrent : des guerres internes incessantes, des déplacements massifs depopulations fuyant les razzias et le brigandage, qui laissèrent des rancœurs durables — elles n’ont parfois pas encore disparu entre anciens peuples razzieurs et razziés. Il est plus que probable que la disposition très irrégulière de noyaux plus denses de population, séparés par des espaces désertés, résulte de ces événements : ainsi la côte nigériane ou celle de l’Angola présentent une forte densité, alors que les plateaux de l’hinterland furent dépeuplés par la chasse aux esclaves ; on trouve aussi des densités exceptionnellement élevées dans des zones de refuge éloignées des grandes pistes commerciales, comme les petites principautés interlacustres du centre du continent (le Rwanda ou le Burundi, sauf dans leur partie orientale, ravagée à la fin du XIX e  siècle par la maladie du sommeil). L’incidence quantitative stricto sensu des traites fut moins forte que celle due aux déséquilibres politiques et sociaux ainsi provoqués. Les spécialistes ont calculé que c’est seulement au XVIII e  siècle, période de l’apogée de la ponction des esclaves, que celle-ci eut pour effet direct de stopper l’accroissement démographique naturel, lui-même très peu élevé (de l’ordre de 0,1 %, compte tenu de la faible différence entre les taux de natalité et de mortalité dans les sociétés préindustrielles). Cet arrêt de la croissance démographique pourrait suffire à expliquer le retard pris alors sur l’Europe, surtout quand on sait que, pour celle-ci, la croissance de la population (négative au XVII e  siècle) fut un préalable majeur à la révolution industrielle. On verra plus loin qu’il est inutile de s’écharper sur la question purement quantitative pour constater les méfaits évidents et durables des traites négrières.
    Les aléas d’une climatologie capricieuse entraînèrent périodiquement la décimation des populations. On en a aujourd’hui une idée assez précise grâce aux chroniqueurs arabes qui, à partir du XVI e  siècle, repérèrent dans l’Ouest ou dans l’Est africain une succession redoutable de périodes de grande sécheresse (deux ou trois fois par siècle), en général accompagnée de corollaires catastrophiques : vols de sauterelles saccageant les récoltes, décimation des troupeaux, épidémies accablant des populations affaiblies. Vers la fin du XIX e  siècle, on constate une grave recrudescence de ces calamités provoquée, comme nous l’avons vu, par l’introduction étrangère d’épidémies et d’épizooties récurrentes : variole, peste bovine ou encore (surtout depuis la Première Guerre mondiale) maladies vénériennes. C’est à ce dernier fléau, lié à une pratique intense de circulation des épouses en Afrique centrale 2 , que l’on attribue l’arc de stérilité des femmes qui traverse l’Afrique d’ouest en est, du Gabon au Kenya : on se tromperait donc en attribuant au continent tout entier des taux de fécondité généralement très élevés. Les variations sont énormes selon les lieux et, évidemment, les classes sociales.
    Variations pluviométriques et poussées démographiques
    Variations de population et mouvements migratoires furent largement tributaires de l’histoire climatique du continent. D’où l’intérêt de repérer les alternances historiques de périodes de pluies et de sécheresses. Les phases de forte pluviosité rendaient les populations, en butte depuis des millénaires à des agressions de toutes sortes, susceptibles de déployer des stratégies compensatoires efficaces. Ce sont en général des phases d’accroissement démographique et de bonne réactivité politique en cas d’agression extérieure.
    On connaît le bouleversement de longue durée provoqué par l’assèchement du Sahara, à partir du V e  millénaire avant notre ère, qui entraîna la dispersion des populations préexistantes (dites pour cette raison de langues nilo-sahariennes) vers le nord ou le sud. À l’époque moderne, les années 1500-1630 furent apparemment plus humides, favorables au recul du désert. Vers 1600, les chameaux, le gros bétail et les terres agricoles se trouvaient 200 à 300 km plus au sud qu’ils ne l’étaient 250 ans plus tard. En Afrique centrale, la phase pluviale correspond aussi à l’adoption du maïs venu d’Amérique, favorable à son tour

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