Petite histoire de l’Afrique
était le domaine privilégié des grands animaux (lion, buffle, gazelle). Elle l’est d’ailleurs restée grâce aux réserves des parcs naturels du Kenya ou de Tanzanie.
Plus on descend vers l’équateur, plus la durée des pluies s’allonge. Celles-ci durent presque toute l’année dans la zone de forêt dense qui s’étendait autrefois de la côte du golfe du Bénin jusqu’à l’ensemble de la cuvette gabonaise et congolaise 1 . On retrouve la même disposition zonale ensens inverse dans l’hémisphère Sud, de l’Angola et du Congo à l’Afrique du Sud. À l’est du continent, en revanche, en raison de l’altitude des hauts plateaux, la pluviosité est moindre et la forêt disparaît ; la savane domine alors partout, de l’équateur à l’Afrique australe.
Ces différences climatiques ont engendré une végétation naturelle qui a très longtemps dominé les modes de vie (c’est d’ailleurs encore largement le cas). La vigne et l’olivier règnent au Maghreb comme dans la province du Cap. Le désert est la zone des nomades qui pratiquent la très grande transhumance ; leur domaine de prédilection est le sahel. En revanche, en pays de savane, la grande saison des cultures — qui correspond à la longue saison humide (de mai à octobre, environ, dans l’hémisphère Nord, de décembre à avril dans l’hémisphère Sud) — est inversée par rapport à la zone tempérée. Les pluies de saison chaude ont entraîné l’adoption de céréales spécifiques : l’élusine primitive, le sorgho et le mil, bien moins nutritifs que le blé, ont longtemps dominé un paysage agraire bouleversé par l’introduction des plantes américaines importées par les Portugais. Le maïs, le manioc et les haricots se sont progressivement propagés à travers le continent tout entier, du XVI e au début du XX e siècle ; mais les premiers Africains à avoir adopté ces cultures nouvelles n’avaient pas forcément rencontré les Blancs qui les avaient introduites. C’est ainsi, par exemple, que le paysage agraire des petits royaumes interlacustres, comme le Rwanda ou le Burundi d’avant la colonisation, s’est trouvé intégralement bouleversé. Il est aujourd’hui, et depuis longtemps, composé exclusivement de ces troisplantes (outre la banane qui, de son côté, avait été introduite à partir de l’océan Indien avant le X e siècle). Le maïs s’est répandu en Afrique centrale entre le XVI e et le XVIII e siècle. En revanche, dans le Nigeria méridional, c’est seulement au début du XX e siècle, à la faveur des pénuries de la Première Guerre mondiale, que fut adoptée la farine de manioc ( gari ou atieke ). Le manioc, bien que moins nutritif que l’igname — tubercule ancien poussant dans la forêt —, est devenu fondamental pour de nombreux pays tropicaux. Il est aujourd’hui menacé par un nouveau virus, la striure brune, qui le rend incomestible. Cette épidémie se développe à partir de l’Afrique de l’Est et risque de se révéler très destructrice.
Le sol et la sagesse agraire
D’une façon générale, sauf dans l’exceptionnelle vallée du Nil, ruban vert qui traverse le désert, et sur quelques lambeaux de terre volcanique fertile, les sols africains sont pauvres, d’une couleur rouge caractéristique (latérite). Dans la zone tropicale aux longues saisons sèches, l’insolation zénithale favorise en surface la formation de véritables croûtes latéritiques constituées des résidus de l’évaporation. Les paysans sont parfois obligés de dégager leurs champs au pic avant de les cultiver. À l’inverse, dans la zone équatoriale, le ruissellement intense lessive les sols, ne laissant à cultiver que des argiles latéritiques appauvries en sels minéraux. Pendant des millénaires, la sagesse paysanne sut tirer le maximum de ces conditions difficiles. Selon la zone climatique, les paysansadoptèrent des combinaisons variées, privilégiant selon les cas les céréales adaptées (mil, sorgho, fonio, puis maïs), les tubercules (igname, plus tard patates douces et manioc) ou les légumineuses (haricots). Cela donna des terroirs complexes, articulant, le cas échéant, plusieurs zones et étapes saisonnières d’exploitation associées aux essences arborées (bananiers…). La polyculture vivrière des hauts plateaux d’Afrique centrale et orientale en offre une remarquable diversité. En l’absence de fumure animale (surtout dans les zones
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