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Petite histoire de l’Afrique

Petite histoire de l’Afrique

Titel: Petite histoire de l’Afrique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Catherine Coquery-Vidrovitch
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régionalismes « ethniques » sont plus forts que jamais. Mais ce sont des reconstructions récentes, parfois bien plus rigides qu’autrefois, qui se sont greffées sur des héritages historiques et culturels passés parfois très différents.
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    Notes du chapitre 3
    1 . Cette zone de forêt dense (à la hauteur de l’équateur dit climatique) est un peu décalée vers le nord par rapport à l’équateur géographique, dissymétrie que les climatologues expliquent par le déséquilibre de température provoqué par la masse continentale plus importante dans l’hémisphère Nord que dans l’hémisphère Sud.
    2 . Dans des sociétés où la virilité était une qualité masculine essentielle, c’est la femme qui était considérée comme coupable en cas de stérilité : d’où son rejet par le mari qui allait en prendre une ou plusieurs autres, tandis que l’épouse rejetée pouvait être à son tour remariée contre dot par sa propre famille. D’où une progression géométrique des maladies vénériennes handicapantes dans les sociétés où cette circulation des femmes était très développée…
    3 . Ces traditions reconstruites attribuaient aux Peuls les origines les plus exotiques, par exemple (entre autres !) une ascendance lointaine avec les Hébreux, en référence à leur teint parfois assez clair. En réalité, leur apparence physique très variée reflète l’histoire de métissages complexes, facilités par des processus migratoires incessants. Anna P ONDOPOULO , Les Français et les Peuls, histoire d’une relation privilégiée , Les Indes savantes, Paris, 2008.

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    L’évolution des structures sociales
    P endant des millions d’années, l’Afrique fut le berceau de l’humanité, mais d’une humanité qui paraît s’être ensuite « développée » — au sens technique et économique du terme — ailleurs, aux dépens du continent qui la vit naître. Certes, les Africains ont su, autant que les autres, au moyen des instruments qu’ils inventèrent à cette fin, tirer le meilleur parti de l’environnement qui leur était imparti. C’est pourquoi ce n’est en rien dénigrer l’Afrique que de constater que des sociétés paysannes peu outillées s’y maintinrent plus longtemps qu’ailleurs (on pourrait tout aussi bien s’interroger sur la « régression » de l’Europe méditerranéenne médiévale et de la civilisation byzantine, eu égard au « miracle » grec). Le développement technique mis au point au fil des siècles grâce à ce qu’on peut schématiser comme une heureuse combinaison d’inventions chinoises, juives, arabes et européennes intervint au sud du Sahara plus tard qu’ailleurs. Or, pas plus que les Indiensd’Asie (qui eurent eux aussi à subir des « colonisations » successives), mais contrairement aux Amérindiens ou aux Aborigènes d’Australie, les habitants ne furent exterminés ou absorbés. Ils étaient trop nombreux et trop vivants pour cela. Pourquoi donc sont-ils les derniers (nettement après les Indiens par exemple) à connaître une économie d’investissement plutôt que de thésaurisation et de distribution ? Pourquoi les richesses du mercantilisme et du commerce à longue distance se sont-elles à tant de reprises désintégrées au lieu de générer des activités productives ? Il ne s’agit pas de tomber dans l’« afro-pessimisme », néanmoins cette question angoissante impose à tout chercheur en sciences sociales comme à tout citoyen, d’Afrique ou d’ailleurs, d’embrasser l’ensemble du passé s’il veut essayer d’y répondre.
    Une des questions le plus souvent posées sur l’Afrique est la suivante : pourquoi ce continent, doté de richesses humaines et de ressources minérales exceptionnelles, connut-il un « développement » tardif ? Certes, les conditions écologiques sont, on l’a vu, très irrégulières. Mais c’est la conjonction de nombreux facteurs interdépendants, internes et externes, qui permet seule de rendre compte, en définitive, de l’histoire des sociétés sur la longue durée.
    L’héritage des structures sociales, longuement étudiées par les anthropologues, joua un rôle dans cette évolution. Pourquoi, par exemple, les Africains vivant au sud du Sahara n’adoptèrent-ils pas la roue, connue des Égyptiens et des Éthiopiens, et dont les traces préhistoriques, révélées par les peintures rupestres du Sahara, parvinrentsûrement jusqu’à eux ? Fut-ce parce que

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