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Petite histoire de l’Afrique

Petite histoire de l’Afrique

Titel: Petite histoire de l’Afrique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Catherine Coquery-Vidrovitch
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jours. C’est ce qu’a entrepris de mettre en cause, de façon décapante, ce que l’on appelle aujourd’hui les études postcoloniales  ; celles-ci s’efforcent d’étudier le passé en « déconstruisant » l’héritage biaisé de cette « bibliothèque coloniale », où des concepts apparemment banals véhiculent inconsciemment des clichés séculaires. Car il est indispensable de replacer dans le temps long de l’histoire les débats sociologiques et politiques d’aujourd’hui.
    L’Afrique est un immense continent , grand comme trois fois les États-Unis. Il couvre un espace de 30 millions de km 2 et s’étend sur 7 500 kilomètres d’ouest en estet 8 000 kilomètres du nord au sud. Il est composé de 53 États (y compris les îles environnantes) extrêmement variés, en paysages, en langues, en histoire. L’Afrique n’est donc pas une entité homogène et, évidemment, encore moins un pays ou un État. Des comparaisons banales ne tiennent pas, par exemple entre l’Afrique (un continent) et la Chine (un État). Sur le plan climatique, tous les climats, donc tous les modes de vie (ruraux) y existent, du désert et du sahel (pastoral transhumant) à la dense forêt équatoriale, en passant par la savane où dominent les cultivateurs.
    L’histoire africaine d’avant la colonisation fut d’une grande diversité ; elle est maintenant connue grâce à des travaux d’historiens qui se sont multipliés depuis l’indépendance. Contrairement à ce que l’on croit d’ordinaire, leurs sources sont considérables et très variées. Malgré les disparités régionales (l’Égypte est peut-être, à l’opposé de la Namibie, la partie du monde où les sources écrites couvrent la période la plus longue), il existe de fortes dominantes selon les périodes : la période gréco-romaine et nubienne nous est connue grâce à l’archéologie autant qu’aux documents écrits ; on doit à l’historien Hérodote ( V e  siècle av. J.-C.) ou au géographe Ptolémée ( II e  siècle apr. J.-C.) des textes fondateurs, de même que le fut, sinon le Périple d’Hannon (qui fait le récit d’un voyage, de l’Afrique du Nord vers l’Atlantique), du moins celui de Néchao (qui partit d’Égypte), rapporté par Hérodote, et plus encore le Périple de la mer Érythrée (par la mer Rouge et l’océan Indien à la fin du I er  siècle apr. J.-C.) 4 . L’absence de sources écrites fait de la phase d’expansion bantu (à partir du I er  millénaire av. J.-C.) en Afrique centrale et orientale le domaine privilégié de l’archéologie, mais surtout de l’ethnobotanique, de la linguistique (gloto-chronologie : datation à partir du temps de différenciation entre langues d’origine commune) et de la génétique, qui permettent de reconstituer et de dater des mouvements de populations et des syncrétismes culturels anciens. L’arrivée des musulmans au VIII e  siècle de notre ère vit resurgir les écrits, cette fois-ci en langue arabe, rédigés soit par des voyageurs étrangers venus du monde méditerranéen et asiatique (pour ne citer que les plus connus : Al-Masudi et Ibn Hawkal au X e  siècle, Al-Bakri au XI e  siècle, Idrisi au XII e  siècle, Al-Omari et Ibn Battuta au XIV e  siècle, Léon l’Africain au XVI e  siècle), soit par des érudits locaux, à partir de légendes plus anciennes, sous la forme de chroniques transcrites ( Tarikh el-Fettash — « Chronique du chercheur » — et Tarikh es-Sudan — « Chronique du pays des Noirs » — aux XVI e et XVII e  siècles, textes d’Ahmed Baba de Tombouctou, chroniques de Kano ou de Kilwa, abondante littérature des sultanats de Sokoto), ou en langue pular (peul) au XIX e  siècle. Plusieurs dizaines de milliers de manuscrits en langue arabe restent conservéspar de grandes familles maraboutiques en Afrique de l’Ouest, révélant qu’une culture autochtone écrite existe au moins depuis le XV e  siècle. Ils sont en voie d’être répertoriés et restent en très grande partie à exploiter. La littérature de voyage des marchands portugais ou hollandais, des jésuites et des capucins italiens ou portugais du XVI e au XVIII e  siècle eut une tonalité bien différente de celle des rapports britanniques ou français du XIX e  siècle, principalement d’origine navale ou missionnaire. Les sources écrites les plus connues, pour la plupart étrangères, ont lourdement contribué à façonner notre

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