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Piège pour Catherine

Piège pour Catherine

Titel: Piège pour Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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J'y vais !
    Il se levait déjà, si grand et si noir qu'il avait l'air d'un puy soudainement poussé au milieu de la salle. La bonne volonté et le courage débordaient de lui comme le lait bouillant d'une marmite trop petite, mais Noël Cairou, le tisserand, s'interposa :
    — Pas question que ce soit toi, le Toine ! On a besoin d'un forgeron dans une ville assiégée. Il faut des armes. Mais on peut se passer d'un toilier pendant un moment. J'irai !
    Il y eut des protestations. Ils voulaient tous y aller, avides qu'ils étaient, dans leur générosité native, d'œuvrer pour le salut de leur petite ville. Ils parlaient tous à la fois, dans un beau tumulte que l'abbé Bernard apaisa d'un geste.
    — Tenez-vous tranquilles ! Aucun de vous n'ira. Je vais envoyer un de nos frères. Tous connaissent bien le pays et peuvent franchir aisément les huit lieues qui nous séparent de Carlat. De plus, si par malheur notre messager était découvert par les Apchier, sa robe le sauverait, je pense, d'un sort trop tragique. Frère Anthime, allez jusqu'au monastère et priez le frère Amable de venir jusqu'ici. Dame Catherine lui remettra une courte lettre pour la comtesse et il partira sur l'heure. La nuit est noire. Nul ne le verra. Il pourra sortir par la poterne.
    Cette solution mettant tout le monde d'accord, chacun se hâta d'approuver avec une sorte de joie. Du moment que l'on avait pris une décision, l'angoisse impalpable qui, malgré les courages, serrait les cœurs s'était envolée comme par enchantement.
    L'entrée de Sara avec le traditionnel vin aux herbes, suivie d'une servante chargée de gobelets, acheva de ragaillardir l'assemblée. On se détendit, on but à la santé de Montsalvy, de sa châtelaine et des gens de Carlat.
    À cette minute, le loup du Gévaudan se réduisait aux dimensions d'un de ces mauvais rêves que l'action dissipe. Quand tout le monde fut servi, Sara s'approcha de Catherine, qui, un peu à l'écart, écrivait sa lettre, debout devant un lutrin de bronze.
    — Je n'aurais jamais cru les trouver si joyeux quand l'ennemi nous bat les flancs. Qu'est-ce qu'ils ont ?
    — De l'espoir, simplement ! sourit la jeune femme. Nous avons décidé d'envoyer un moine à Carlat pour demander de l'aide. Et cette aide, tu sais bien qu'on ne nous la refusera pas.
    — Le tout est d'y arriver. Il doit avoir des éclaireurs dans tous les coins, le Bérault. Tu n'as pas peur que ton moine lui tombe sous la patte ?
    — Le frère Amable est habile et leste. Il saura se garder... et puis, ma pauvre Sara, c'est un risque à courir et nous n'avons pas le choix.
    Un moment plus tard, le messager en robe noire s'agenouillait devant l'abbé pour recevoir à la fois la lettre de Catherine et la dernière bénédiction de son supérieur. Après quoi Nicolas Barrai et l'abbé Bernard le conduisirent jusqu'à la poterne, tandis que les notables de Montsalvy rentraient chacun chez soi et que Catherine se décidait enfin à suivre Sara et à regagner ses appartements.
    Elle franchit le seuil de sa chambre avec une profonde sensation de soulagement. La pièce était claire et gaie, tiède aussi grâce au tronc de châtaignier qui brûlait dans la cheminée. Les vitres de couleur, serties de plomb, qui habillaient la mince et haute fenêtre brillaient comme des pierres rares, éclairées qu'elles étaient par les grands feux allumés dans la cour du château, comme un peu partout sur les remparts, des feux qui brûleraient chaque nuit tant que durerait le siège pour prévenir toute surprise et tenir bouillantes la poix et l'huile. Leur odeur âcre emplissait déjà l'air nocturne, chassant celle de la terre en travail.
    Catherine retrouva son logis avec une grande impression de soulagement. Sans trop savoir pourquoi, simplement, peut-être, parce qu'elle avait confiance dans ses murailles et dans ses gens, elle s'y sentait en sûreté.
    Assise sur le lit trop large, elle ôta la coiffure qui la serrait, défit ses nattes et se mit à fourrager à pleines mains dans sa chevelure qui gonfla aussitôt. Elle avait la migraine. Ses pensées douloureuses lui semblaient comprimées sous un casque de fer et elle éprouvait le sentiment un peu puéril de les libérer ainsi.
    — Tu veux que je te recoiffe ? proposa Sara qui s'était absentée un moment et qui revenait, un bol de lait chaud tenu à deux mains.
    — Sûrement pas ! protesta la jeune femme. Je suis bien trop lasse pour descendre souper dans la grande salle. Je vais

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