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Piège pour Catherine

Piège pour Catherine

Titel: Piège pour Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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! Il est las d'attendre, lui aussi ! Alors, il abat nos arbres et, de leur bois, il construit des machines de siège... une chatte... un bélier bien plus puissant que celui-ci pour enfoncer nos portes, un chasteil pour s'approcher de nos chemins de ronde et même les dominer ! Le danger augmente d'heure en heure et, demain peut-être, nous serons débordés, balayés par la horde furieuse ! Les gens meurent ! Trois ce matin, sans compter messire Donat que l'on portera en terre ce soir et ceux qui tombent peut-être à cette heure sous la tour comtale ! Pendant ce temps, dans sa prison, le Malfrat vit toujours, à l'abri des mauvais coups, priant le Diable, son maître, que ses amis arrivent à temps pour le sauver. Il attend ! Et vous aussi vous attendez... Quoi ?...
    Il y eut un grand silence fait d'expectative et de respirations retenues. Catherine hésitait. Son orgueil la poussait à lutter encore, à tenter de mater la révolte par sa seule volonté, car il lui était pénible de paraître céder à la force.
    Indécise, elle tourna les yeux vers l'abbé, mais il baissait la tête et, tandis que ses mains se joignaient sur sa croix pectorale, elle vit au mouvement de ses lèvres qu'il priait. Elle comprit, du même coup, qu'il ne voulait pas l'influencer, qu'il la laissait prendre seule une décision que son état de prêtre lui interdisait d'endosser.
    Enfin, elle regarda le visage torturé de Martin et, songeant qu'elle allait devoir s'éloigner d'eux tous, les laisser en face du danger, pour les sauver peut-être, mais les laisser seuls comme des enfants perdus, elle sentit que la vie d'un homme n'était rien en face de leur désespoir et de leur désappointement. Ils avaient acquis un droit imprescriptible à cette justice sévère qu'ils réclamaient.
    Relevant la tête, elle planta son regard dans celui du toilier qui ne cilla pas :
    — Gervais Malfrat sera pendu ce soir, au coucher du soleil !
    déclara-t-elle d'une voix ferme.

    Et tandis qu'éclatait l'enthousiasme, elle ramassa ses jupes et, se jetant dans la foule qui s'écarta devant elle, Catherine s'élança vers le logis seigneurial où elle s'engouffra.
    Sans ralentir son élan, elle courut jusqu'à son lit où elle s'abattit, secouée de sanglots convulsifs venus, non d'un quelconque mouvement de pitié pour Gervais Malfrat qui avait amplement mérité son sort, mais d'un affreux sentiment de faiblesse et d'insuffisance.
    Elle n'était pas faite pour ce rôle effrayant de chef de guerre, de maîtresse d'un grand fief avec tout ce que cela comportait de responsabilités impitoyables ! Et, si elle se savait capable de tuer un homme sans hésiter, sous l'empire de la colère ou de la nécessité, elle découvrait que c'est toujours une terrible épreuve que signer une condamnation à mort.
    Elle pleura longtemps, trouvant d'ailleurs une sorte de soulagement dans cette explosion de ses nerfs tendus à l'extrême. Mais quand, enfin, elle releva une pauvre figure tuméfiée aux yeux gonflés, elle vit à travers les longues mèches qui retombaient devant ses yeux Sara et Josse qui la regardaient sans rien dire. Cela lui fit l'effet d'un révulsif.
    Honteuse d'avoir été surprise au plus fort d'un accès de faiblesse, elle se redressa, rejetant avec impatience sa chevelure en arrière, et les apostropha :
    — Eh bien ? Que faites-vous là ? Qu'avez-vous à me regarder ainsi
    ?
    Habituée, Sara s'assit sur le lit et se mit à lui tamponner les yeux avec un linge imbibé d'eau fraîche.
    — Il fallait que tu ailles jusqu'au bout de tes larmes. Tu en avais trop besoin ! Cela dit, l'abbé Bernard désire que le départ ait lieu cette nuit même. Il pense qu'à minuit ce sera possible et te fait dire de te tenir prête. D'ailleurs, il viendra ici, comme il te l'a promis, après les funérailles. Il faut qu'à l'aube nous ayons déjà fait du chemin, car il se peut qu'il soit obligé de commencer les négociations plus vite qu'il ne le croyait...
    — Ah !... Il vous a dit ?
    — Oui, fit Josse, et nous lui avons donné pleinement raison. Dans l'impasse où nous sommes... où vous êtes, votre départ est la seule solution valable. Il faut que vous rejoigniez messire Arnaud au plus vite ! Et nous serons secourus.

    — Vous êtes d'accord parce que vous êtes mes amis, fît Catherine tristement. Mais ceux d'ici ? Que vont-ils dire ? Que j'ai fui ? Que je les ai abandonnés ?...
    — Mais non, tête de mule ! grogna Sara. Non seulement ils comprendront,

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