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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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jouxte la chapelle, et dis au garde que le seigneur Oliver t’a envoyé. Quelqu’un viendra te parler : révèle-lui tout ce que tu sais. Ceci mis à part, garde un silence absolu !
    — Merci, monseigneur, dit le saute-ruisseau en empochant l’argent.
    — Il y a là deux jeunes gens qui semblent te connaître. Peut-être t’aideront-ils à terminer le repas et le vin. Bonsoir.
     
    Les rues bondées étaient tour à tour brillamment éclairées par la lune et sombres comme un gouffre infernal. Abruti par le manque de sommeil et une sorte de sinistre pressentiment, le cerveau d’Oliver élaborait des images de sang et de mort : la forme fragile de Clara, perdue dans une tunique brune en haillons, devenait le cadavre ensanglanté de Pasqual. Dans son cauchemar éveillé, il perçut une voix criarde aux accents paysans.
    — Allons, señor, fit une femme maigrelette à la robe minuscule, viens avec moi, je sais comment te guérir !
    Une torche éclaira brièvement son visage et, l’angoisse au ventre, il se rendit compte que c’était une fillette, qui ne devait pas avoir plus de treize ou quatorze ans.
    — Tiens, prends ça et rentre chez toi, dit-il d’une voix rauque.
    Il plaça la bourse dans sa main et se fraya un chemin parmi les catins et les matelots enivrés.
    Le parapet du quai l’arrêta. Il était arrivé au port. Une galée déchargeait sa cargaison et, sur la grève, ses passagers s’attardaient. Sous lui, une voix claire, juvénile, l’appela par son nom. Et puis, dans la lumière de la lune, il distingua une silhouette familière.
    — Yusuf ? Mais que fais-tu là, au nom du ciel ?
    — J’arrive de Valence, monseigneur.
    — Attends-moi…
     
    Ils envoyèrent au palais le coffre et les effets de Yusuf puis déambulèrent dans les rues.
    — Sa Majesté a recouvré la santé, dit Yusuf. Elle a essayé l’une des potions de mon maître, et celle-ci s’est révélée très utile. Mais je n’ai rien pu apprendre à propos de maîtresse Clara. Les quartiers privés de Sa Majesté la reine sont bien gardés, et j’ai jugé sage de ne pas chercher à m’y introduire.
    — Très sage, en effet. Mais sache que j’ai un espion dans la place qui m’informe que Doña Clara se porte très bien et que ses travaux d’aiguille l’occupent beaucoup. Je ne puis l’imaginer, mais c’est, sans aucun doute, mieux que d’être fille de cuisine. Est-ce là tout ce qui t’est arrivé ? Allons, je suis las et des pressentiments ridicules me harcèlent. Distrais-moi plutôt avec des récits de voyage.
    Yusuf lui parla de la tente-infirmerie, de Marc et des soins apportés aux malades.
    — Et Gueralt de Robau nous a suivis sur la galée. N’est-ce pas étrange ?
    — Non, répondit Oliver. À ton avis, combien de galées quittent chaque jour la Sardaigne ?
    — Je l’ai souvent vu au camp, lui et son étrange ami, Don Manuel. Don Gueralt nous a accompagnés à Valence. Il s’est montré agréable, monseigneur. Il m’a aidé de bien des façons, refusant mes remerciements sous prétexte que cela le distrayait. Il s’ennuie souvent, à mon avis. Il devait revenir avec nous, mais il a été en retard et nous sommes partis sans lui.
    — Toutes tes aventures se limiteraient à Don Gueralt ? Tu n’as pas tiré l’épée en défense de Sa Majesté ? le taquina Oliver.
    — Il n’y a rien eu d’important, répliqua Yusuf, un peu vexé.
    — Allons, dis-moi ce qui s’est passé. Je ne me moquerai pas.
    — Rien qu’une chose qui, selon Son Excellence l’archevêque, est des plus banales.
    — Parle.
    Yusuf décrivit la perte de son livre, puis son retour miraculeux.
    — Chacun affirme que c’est une mauvaise plaisanterie, rien de plus.
    — Et Gueralt a disparu. Prends garde à lui, Yusuf.
    — Il ne représente pas un danger. C’est son ami, Don Manuel, qui était dangereux, mais il est mort. Comment vont vos recherches, monseigneur ?
    — Lentement…
    Sur quoi, il lui résuma ses visites aux notaires.
    — Avez-vous parlé aux religieuses qui l’ont recueillie ?
    — Oui, dit Oliver. Elles en savent encore moins que nous. Clara pensait être attendue, semble-t-il.
    — C’est étrange, seigneur, qu’une femme de cette condition envoie seule son enfant en escomptant qu’on s’occupera d’elle.
    — Sa nourrice devait peut-être s’en charger. Elle ne l’aura pas fait.
    — Il est possible qu’elle ne se soit pas rendue chez les religieuses

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